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[CRITIQUE] : Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile


Réalisateur : Joe Berlinger
Acteurs : Zac Efron, Lily Collins, Kaya Scodelario, John Malkovich,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min

Synopsis :
Liz, une mère célibataire tombée amoureuse de Ted Bundy, refuse de croire à ses crimes pendant des années.
Drame inspiré de faits réels.



Critique :


Gageons que si Netflix n'a pas toujours mis les petits plats dans les grands autant dans la distribution de ses acquisitions que dans celle de ses propres productions, en 2019, la plateforme, plus ambitieuse que jamais, semble retenir les leçons de ses erreurs passés et passe à la vitesse supérieure - quitte à sérieusement mettre la main à la poche -, sans pour autant laisser de côté ses quelques petites péloches aussi vite vues qu'oubliées, en bon prédicateur de consommation de masse qu'il est (et qui a décemment fait son succès).
Déjà hôte du docu-série didactique mais ronflant Ted Bundy : autoportrait d’un tueur de Joe Berlinger depuis le début d'année, la firme persiste et signe en chipant au nez et à la barbe des autres distributeurs, Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile, toujours du même bonhomme et surtout toujours centré sur la terrifiante et déviante personnalité du serial killer Ted Bundy.



Figure fascinante, vrai séducteur intelligent promis à un bel avenir - une carrière d'avocat -, avant qu'il ne se laisse totalement posséder par ses pulsions primaires et perverses en tuant de nombreuses jeunes femmes durant les 70's - au minimum une trentaine -, le bonhomme a été et est encore, le sujet direct et indirect de bons nombres d'oeuvres depuis plusieurs décennies mais jamais jusqu'alors, le prisme de sa première femme, victime du charme carnassier de Bundy - a tel point qu'elle refusera longtemps de voir la vérité - n'avait vraiment été usé.
Une originalité de point de vue mince mais louable, qui faisait de facto du nouveau long de Berlinger un vrai objet cinéphilique qui attise notre curiosité, surtout que le tueur est campé par rien de moins qu'un Zac Efron bien décidé à enfoncé le clou de son virage dramatique entamé en 2012 avec le Paperboy de Lee Daniels.
Le hic, c'est qu'aussi légitime que soit son point de vue inédit (s'attacher à la seule femme ayant mis le tueur en position de faiblesse), le film ne fait que ressasser ce que l'on sait déjà au sein d'une simili-dramédie au virage brutal (son second tiers, nettement inférieur), où Efron est pourtant brillant en rock star populaire ayant douloureusement dupé son monde.



Avec son histoire en deux temps, le récit d'une femme sous influence (inspiré des mémoires de Liz Kendall) et le procès médiatisé du tueur, Extremely Wicked... juxtapose deux points de vues essentiels et tordus : la vision d'un manipulateur supposément innocent, et sa condamnation implacable et ne provoquant aucun doute possible.
Une idée intéressante et audacieuse sur le papier, si elle ne se cantonnait pas à sporadiquement mettre l'accent sur Liz (Lily Collins, délicate) et les femmes que Bundy a dupées (on ne voit jamais ses crimes), pour mieux laisser le tueur vampiriser totalement l'attention dans une très large seconde moitié ne faisant que reprendre ce qui a déjà été dit avec assiduité dans le précédent show de Berlinger - son procès et ses multiples évasions -, comme si lui-même réalisait que l'aspect rachitique de son point de départ inédit ne pouvait pas aller plus loin que ses ambitions de départ - faire de Bundy une rock star comme l'Amérique de l'époque avait pu le voir -, même si le voyage dramatique et traumatisant d'une femme se rendant compte qu'un véritable monstre la trompait, avait tout pour être une vraie démonstration de force à part entière.
Mais Berlinger préfère la comédie noire sur un homme trompant son monde et les autorités, pas un mal pour le bal des acteurs convoqués - tous excellents et impliqués -, même si cela ne permet jamais vraiment d'offrir un portrait fidèle d'un animal - c'est romantisé à outrance -, et de sa capacité à manipuler et magnétiser les foules pour l’aimer.



On arpente des terres connues donc, un paysage pas désagréable mais jamais réellement novateur ni original sur toute son entièreté, et qui ne vaut au final que pour les performances ahurissantes de Zac Efron, littéralement né pour le rôle (il incarne avec intensité la psychologie du personnage, assumant parfaitement ses manières et captant pleinement la dualité et le côté sombre de Bundy) et John Malkovich, éblouissant dans la peau du juge Edward Cowart, qui n'achète pas le baratin du tueur.
Intéressant mais trop doux et surtout ne cherchant jamais une vérité cinématographique plus profonde cachée sous le «charme» superficiel de son fascinant sujet, Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile ne nous apprend rien de plus sur le monstre Bundy, mais n'en reste pas moins un voyage prenant.


Jonathan Chevrier



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