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[CRITIQUE] : Her Job


Réalisateur : Nikos Labôt
Acteurs : Marisha Triantafyllidou, Dimitris Imellos, Maria Filini, Konstantinos Gogoulos,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Grec, Serbe.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Athènes, de nos jours, Panayiota, est une femme au foyer, complètement dévouée à son mari et à leurs deux enfants. Elle est peu allée à l’école, ne sait pas lire, a quitté la demeure familiale pour le domicile conjugal, passant d'une domination à une autre. Crise oblige Panayiota, pour la première fois de sa vie, doit travailler ailleurs qu’à la maison et se risquer ainsi à l'autorité et la subordination, mais aussi l’amitié, la lutte et le goût de la liberté.




Critique :



Il est rare, trop peut-être, que le septième art grec vienne squatter nos salles obscures même si les plus grands cinéastes de la péninsule, ont toujours été accueilli avec une attention toute particulière (Costa-Gavras, Theódoros Angelópoulos et plus récemment Yorgos Lanthimos).
Passé quelques courts-métrages remarqués, Nikos Labôt se lance dans la grande aventure du long avec Her Job, mise en image criante de vérité de la terrible crise économique ayant frappé son pays depuis une bonne décennie, capté par le prisme d'une mère de famille employée d'un grand centre commercial.
Aussi fou que cela puisse paraître, la crise a eu du bon : elle a bouleversé l'équilibre familial engoncé dans un manichéisme patriarcal asphyxiant, et permit à bon nombre de femmes de pouvoir travailler.
Ce qui est le cas de Panayiota, femme courage qui s'extirpe d'un quotidien intime insatisfaisant et peu reconnaissant de son dur labeur (un mari chômeur et raleur, des enfants turbulents), pour vivre un petit ailleurs pendant quelques heures, par le biais d'un job d'employé d'entretien d'une firme de la grande distribution.



Elle n'a rien pour elle, juste une petite machine bruyante pour faire reluire le sol et un statut de manutentionnaire ingrat et pourtant, c'est une légère lueur d'espoir dans une existence mécanique et répétitive quasiment sans issue pour elle, un sentiment d'égalité et de respect par le travail, qui lui semblait jadis honteusement refusé et qui lui est furieusement reproché une fois rentrée chez elle par un mari frustré et révoltant.
Une libération d'une femme dévouée et soumise par l'aliénation, où plutôt par une autre aliénation, c'est toute le paradoxe fou - sous fond de critique marquée du capitalisme moderne - mais poétique qu'illustre Labôt avec son joli petit bout de cinéma, une quête d'émancipation aussi naïve qu'elle est humble et bouleversante, filmée au plus près de son héroïne du quotidien (formidable Marisha Triantafyllidou).
Une fable réaliste et empathique, pas toujours maîtrisée ni prenante (les 1h30 se font franchement bien sentir), mais qui mérite décemment toute l'attention qu'on voudra bien lui porter.


Jonathan Chevrier