[CRITIQUE] : Hellboy
Réalisateur : Neil Marshall
Acteurs : David Harbour, Ian McShane, Milla Jovovich, Daniel Dae Kim, Sasha Lane,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.
Synopsis :
Hellboy est de retour et il va devoir affronter en plein cœur de Londres un puissant démon revenu d’entre les morts pour assouvir sa vengeance.
Critique :
#Hellboy est un ratage fascinant, un film de fanboy qui rate trop souvent le coche pour pleinement tirer vers le haut un concept cloué au pilori avant même sa sortie.— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 2, 2019
Inoffensif et techniquement perfectible donc, malgré un vrai esprit de bande bis barrée et férocement régressive pic.twitter.com/tKecD9a3mt
En ces temps où la concurrence du cinéma super-héroïque lutte tant bien que mal - et surtout mal, il faut l'avouer - pour tenter de reprendre le terrain facilement conquis par Disney et Marvel, on ne pouvait que guetter avec une crainte certaine et un espoir rachitique, la montée en puissance de Lionsgate dans le game, avec le reboot loin d'être désiré de la franchise Hellboy, échoué au cinéaste jadis prometteur Neil Marshall.
Un solide faiseur et véritable amoureux du cinéma de genre, qui avait su replacer sur la carte du fantastico-horrifique, sans forcément avoir une grammaire cinématographique férocement dense, le film de loup-garou bricolé et jouissif - Dog Soldiers -, et le survival viscéral dans les entrailles de dame nature - le chef-d'oeuvre The Descent -, avant de gentiment se perdre avec des péloches sincèrement bis mais croulant bien trop autant sous leurs défauts que leurs multiples références pas toujours bien digérées.
Partant perdant d'avance au jeu des comparaisons avec Del Toro (qui était un fan acharné du comic-book), même s'il s'est trouvé un comédien s'appropriant lui aussi avec justesse le personnage du mi-homme, mi-démon (David Harbour, qui ne fait pas oublier l'immense Ron Perlman mais fait admirablement bien le boulot), Hellboy sauce 2.0, volontairement plus gore et méta que ses aînés, s'échine tout du long à arpenter la voie de la singularité, quitte à gentiment se ridiculiser dans les grandes largeurs sur tout son fébrile long, la faute en grande partie à une production chaotique et à côté de la plaque, mais aussi à des partis pris douteux pour ne pas dire foutrement problématique.
S'il conserve les bastons à la Kirby ou l'on s'emplafonne avec jouissance et où l'on éclate son prochain dans un bain de sang franchement délirant, le film zappe totalement l'imagerie lovecraftienne puissante chère à Del Toro et sui nymbait l'oeuvre mère mais surtout, il se perd dans une intrigue boursouflée par des références mythologiques et littéraires bazardées sans la moindre envie ni cohérence, où les personnages, croqués avec les pieds, n'arrivent jamais à être un tant soit peu plaisant à suivre ni empathiques... là ou le cinéaste mexicain offrait une dimension romantique bouleversante à son histoire, avec un triangle amoureux malin (la bête Hellboy et le " banal " Myers face à la belle Liz), se transformant dans le second film, en une love story adulte touchante malgré le destin funeste qui attend les héros.
Pire, si l'action est plutôt prenante et nerveuse - quand elle n'est pas plombée par des CGI omnipresents et pas toujours maîtrisés -, elle est totalement tronquée par ce qui est censé l'alléger : son humour, lourd et épuisant, là ou dans le précédent diptyque, " Rouge " était bien plus un diablotin farceur gentiment attachant qu'un cachetonneur tout droit sortie d'une potacherie au rabais.
Impossible également de ne pas taper du poing sur la description totalement risible du héros, Gaston Lagaffe du pauvre à la stature jamais imposante - même s'il tente veinement de rivaliser avec le Darkness de Legend - et au maquillage immonde, épuré de toute la thématique matricielle de l'oeuvre de Mike Mignola, qui faisait tout le sel de sa personnalité : le questionnement tragique du choix, d'un héros pas toujours bien dans sa peau et qui se cherche, tiraillé entre sa nature profonde - le mal absolu - et son amour pour l'humanité et un père de substitution, qui l'a élevé comme son propre fils malgré sa différence.
En voulant signer une bande barrée et regressive, un vrai ride tout droit sortie des 80's (on pense souvent à son malade Doomsday, où l'étiquette Bis était déjà scotchée sur le front de sa pellicule), là où il ne fait que dévoiler aussi bien la faiblesse de tout son cinéma récent que celui de tout un genre en complète mutation négative (une abondance de références et de bouffonneries ne remplaceront jamais une histoire solide), Neil Marshall fait de son Hellboy un ratage fascinant, un film de fanboy qui rate trop souvent le coche pour pleinement tirer vers le haut un concept cloué au pilori avant même sa sortie, par tous les amoureux des films de Del Toro.
Inoffensif et techniquement perfectible donc, et surtout méchamment inutile malgré ses quelques bonnes intentions, noyées sous l'océan moribond du minimum syndical sans saveur et foutraque...
Jonathan Chevrier