[CRITIQUE] : Sally Bauer, à contre-courant
Réalisatrice : Sally Kempff
Acteurs : Josefin Neldén, Mikkel Boe Folsgaard, Lisa Carlehed, Gunnel Fred,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Suédois, Danois, Finlandais, Estonien.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Suède, 1939. Alors que l’ombre de la Guerre plane sur l’Europe, Sally Bauer, mère célibataire de 30 ans, rêve d’un autre combat : traverser la Manche à la nage et entrer dans l’Histoire. Mais son ambition dérange. Incomprise par la société et menacée par sa propre famille, elle est confrontée à un choix déchirant : renoncer à ses aspirations ou défier l’ordre établi. Pas seulement pour battre un record, mais pour prouver qu’une femme peut choisir son destin.
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes (pour être poli) usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque, avec des histoires ambitieuses, pensées autant pour divertir que pour instruire leur auditoire.
En ce sens, Sally Bauer, à contre-courant de Frida Kempff pourrait totalement se voir comme une sorte de cousin au joli Face à la mer : l'histoire de Trudy Ederle de Joachim Rønning (qui mettait en lumière sans trop de fioritures la destinée et la persévérance extraordinaire de la nageuse de fond Gertrude «Trudy» Ederle, première femme à traverser la Manche à la nage), qui se faisait lui-même une antithèse du Netflixien Insubmersible du tandem Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin (qui dans sa célébration des prouesses de Diana Nyad, éliminait volontairement les aspérités les plus rugueuses de son sujet), avec qui il partage le même rapport conventionnelle - même si joliment féministe - du genre, mais aussi une narration à la familiarité totalement assumée.
Car comme lui (avec une approche résolument plus intime et psychologiquement fouillé, certes), il célèbre l'exploit de Sally Bauer - " La Torpille Suédoise ", nageuse de fond suédoise et mère célibataire d'un petit garçon de sept ans qu'elle élève au mieux, qui deviendra sans avoir le soutien de ses proches, la première femme scandinave à avoir également traverser la Manche à la nage, alors que la Seconde Guerre mondiale était sur le point d'éclater.
Une énième icône courageuse gentiment oubliée des livres d'histoires - mais pas que - et qui, de facto, justifiait amplement donc de voir sa présence gravée dans le marbre de la pellicule, au cœur d'une œuvre certes cousue de fil blanc - biopic qu'on vous dit -, mais étonnamment brute et poignant dans sa manière de sculpter la quête viscérale d'émancipation d'une femme courageuse et déterminée pour qui les rêves semblaient interdits, mais qui va bouleverser l'ordre établi pour les mener à bien.
Ne restant jamais vraiment en surface des choses (émancipation face au patriarcat ambiant et aux préjugés venant aussi bien de l'intérieur - sa propre cellule familiale -, comme de l'extérieur - la société -; sa propre culpabilité en tant que mère qui délaisse la chair de sa chair,...), quand bien même le manque de dynamisme de sa mise en scène (couplé à une photographie un poil terne) vient sensiblement plomber son élan, le film de Kempff arrive néanmoins à toucher par l'authenticité de ses personnages et des émotions qu'ils dégagent, notamment une Josefin Neldén merveilleusement investie.
Pas le plus révolutionnaire des biopics donc, mais une séance hautement recommandable et importante dans son rappel historique essentiel.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Josefin Neldén, Mikkel Boe Folsgaard, Lisa Carlehed, Gunnel Fred,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Suédois, Danois, Finlandais, Estonien.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Suède, 1939. Alors que l’ombre de la Guerre plane sur l’Europe, Sally Bauer, mère célibataire de 30 ans, rêve d’un autre combat : traverser la Manche à la nage et entrer dans l’Histoire. Mais son ambition dérange. Incomprise par la société et menacée par sa propre famille, elle est confrontée à un choix déchirant : renoncer à ses aspirations ou défier l’ordre établi. Pas seulement pour battre un record, mais pour prouver qu’une femme peut choisir son destin.
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes (pour être poli) usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque, avec des histoires ambitieuses, pensées autant pour divertir que pour instruire leur auditoire.
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Copyright Nour films |
En ce sens, Sally Bauer, à contre-courant de Frida Kempff pourrait totalement se voir comme une sorte de cousin au joli Face à la mer : l'histoire de Trudy Ederle de Joachim Rønning (qui mettait en lumière sans trop de fioritures la destinée et la persévérance extraordinaire de la nageuse de fond Gertrude «Trudy» Ederle, première femme à traverser la Manche à la nage), qui se faisait lui-même une antithèse du Netflixien Insubmersible du tandem Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin (qui dans sa célébration des prouesses de Diana Nyad, éliminait volontairement les aspérités les plus rugueuses de son sujet), avec qui il partage le même rapport conventionnelle - même si joliment féministe - du genre, mais aussi une narration à la familiarité totalement assumée.
Car comme lui (avec une approche résolument plus intime et psychologiquement fouillé, certes), il célèbre l'exploit de Sally Bauer - " La Torpille Suédoise ", nageuse de fond suédoise et mère célibataire d'un petit garçon de sept ans qu'elle élève au mieux, qui deviendra sans avoir le soutien de ses proches, la première femme scandinave à avoir également traverser la Manche à la nage, alors que la Seconde Guerre mondiale était sur le point d'éclater.
Une énième icône courageuse gentiment oubliée des livres d'histoires - mais pas que - et qui, de facto, justifiait amplement donc de voir sa présence gravée dans le marbre de la pellicule, au cœur d'une œuvre certes cousue de fil blanc - biopic qu'on vous dit -, mais étonnamment brute et poignant dans sa manière de sculpter la quête viscérale d'émancipation d'une femme courageuse et déterminée pour qui les rêves semblaient interdits, mais qui va bouleverser l'ordre établi pour les mener à bien.
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Copyright Nour films |
Ne restant jamais vraiment en surface des choses (émancipation face au patriarcat ambiant et aux préjugés venant aussi bien de l'intérieur - sa propre cellule familiale -, comme de l'extérieur - la société -; sa propre culpabilité en tant que mère qui délaisse la chair de sa chair,...), quand bien même le manque de dynamisme de sa mise en scène (couplé à une photographie un poil terne) vient sensiblement plomber son élan, le film de Kempff arrive néanmoins à toucher par l'authenticité de ses personnages et des émotions qu'ils dégagent, notamment une Josefin Neldén merveilleusement investie.
Pas le plus révolutionnaire des biopics donc, mais une séance hautement recommandable et importante dans son rappel historique essentiel.
Jonathan Chevrier