[FUCKING TEAM] : Les Tops 2025 de la rédaction
riche que passionnante : voilà ce qu'on en a modestement pensé, avec tout plein de tops (et pas de flops, parce que c'est stérile) et de billets dedans.
Un Top 10 pour XXX rédacteurs, ça en fait un bon petit paquet de films, on est d'accord, et même si les goûts et les couleurs sont sensiblement différents (quoique, beaucoup ont des coups de coeur en commun), cela fait surtout un bon petit paquet de séances hautement recommandables au coeur d'une année cinématographique tellement dense que même avec 830 billets au compteur, on a dû en louper pas loin du double - fou mais vrai.
Histoire de trancher avec le concept d'un simple top groupé et d'un classement général, on a opté pour des sélections commentées de ce qui a fait notre année 2025, que ce soit dans une salle obscure ou tout simplement dans notre salon ou devant notre ordi (pensez plateformes SVOD et VOD plus que téléchargement illégal, merci).
Bref, à vos clics et on ne vous encouragera jamais assez de nous balancer vos classements à vous, que ce soit sur nos réseaux sociaux ou même en coms sur cet article.
Enjoy it !
Fucking Team
Jonathan
Tu l'as compris, chaque année, se lancer dans le défi de compiler autant que possible, toutes nos séances au coeur d'une salle obscure (surtout) où ailleurs, dans une sorte de hit parade perso calé sur notre propre groove plus où moins de bon goût (on a tous nos faiblesses, ne nous pointons pas tous du doigt, c'est caca), est un combat impitoyable qui te fait réaliser que la vie de cinéphile, bah c'est pas si facile que ça en vrai - pas du tout.
Mais, puisqu'il faut faire des choix dans la vie, il est désormais tant de compiler les meilleurs moments de tous les meilleurs moments Nutella de ton substitut au Nutella (si tu peux pas briser ton PEL pour du El Mordjene, la version cheap de LIDL est pas si dégueulasse tu sais...), et de vite choisir tes fameuses dix séances - où plus, si tu aimes tricher -, avant de potentiellement culpabiliser d'en avoir oublier certaines, en t'accroupissant en pleurs dans ta douche comme si tu venais de t'enfiler trois Justin Bridou de suite dans la poire (t'as encore le temps pour préparer le body summer que tu n'auras jamais, t'inquiète pas).
Et niveau gras, accroches-toi mon cochon, parce que la sélection ci-jointe est fumée aux lardons et aux petits oignons.
Bon, puisqu'il faut résumer l'année 2025 en une poignée de mots, elle qui a été plus riche que la précédente et encore plus complexe à couvrir (830 sorties couvertes sur le site encore une fois cette année, même pas la moitié de ce qui a pu être distribué), commençons par quelques valeurs sûres.
Une Bataille après l'autre tout d'abord, nouveau millésime d'un Paul Thomas Anderson au chéquier particulièrement fournit (sans doute la seule et unique fois de sa carrière, et il ne s'en est pas privé), odyssée à la fois anarchiquement délirante, viscérale et imprévisible où le cineaste ne se perdait plus dans la nostalgie du passé et décidait, quitte à se faire réellement violence, à se confronter frontalement à notre contemporainité pour en soustraire un reflet à peine déformé et terrifiant.
Un instantané à l'immédiateté brute d'une réalité folle et absurde, au plus près du souffle asphyxié d'une Amérique bouffée autant par ses angoisses que par sa haine.
Un exposé audacieux et féroce sans pour autant être réducteur ni moralisateur, qui démontre que s'il devient inévitable pour nous tous de s'élever contre le système, il faut avant tout et surtout le combattre avec le cœur, la raison et par amour.
Gros coup de coeur aussi pour L'Agent Secret, thriller hanté et hantant ou les blessures du passé sous-tendent celles du présent, où le spectateur est appelé à habiter tous les détails de ce poème cinématographique pour en apprécier toutes facettes.
La preuve éclatante que Kleber Mendonça Filho n'en a pas encore terminé avec sa relation passionnée aussi bien réelle que cinématographique, avec sa ville natale Recife comme avec l'histoire brutale de sa nation... tant mieux pour nous, et encore plus pour le septième art.
Trichons un peu et citons deux Wang Bing pour le prix d'un, deux faces sombres et mélancoliques d'une même et immense fresque : Jeunesse (Les Tourments et Retour au Pays), plongée au plus près d'un cadre ouvrier anxiogène et violent, d'une monotonie éreintante aux faux airs de boucle intemporelle dont une poignee de jeunes âmes attachantes semble être impossible de s'en départir.
Toujours du côté du cinéma chinois, mention également au magnifique Black Dog de Guan Hu, drame férocement sec et elliptique expurgé de tout artifice psychologique, qui se fait autant le portrait sauvage et captivant d'un antihéros Melvilien, qu'une auscultation douloureuse et crue d'une nation profondément bouffée par son triomphalisme et ses élans modernistes
Pour conclure, petit focus sur deux cinéastes merveilleuses, Eva Victor et son superbe Sorry Baby, premier effort tragi-comique à la fois triste et tendre, rageur et sarcastique et à la complexité émotionnelle rare, qui aborde sans prétention mais avec empathie et modestie le sujet des VSS et la nécessité d'avancer après avoir vécu le pire (tout autant qu'il fustige la misogynie institutionnalisée); mais également l'incroyable Sophie Letourneur et son irrésistible L'Aventura, extension savoureuse des dissonances émotionnelles et sentimentales de Voyages en Italie, avec qui il partage le même regard gentiment anti-touristique que la même ambiance à la fois euphorique de désenchantée, dans son regard sans concession - mais pas sans causticité - de l'effacement progressif du soi dans la fragmentation obligée du quotidien familial.
Bref, l'année ciné 2025 était exceptionnelle et si quelqu'un te dit le contraire, dis-lui juste que comme Régis, c'est un con.
Cette année, les réalisatrices ont particulièrement su m’émouvoir. Pas moins de sept femmes dans mon Top 10. Il n’est donc pas étonnant de retrouver une galerie de personnages féminins forts, atypiques, rebelles et surtout particulièrement bien écrits.
Beaucoup de relectures de contes ont su me toucher cette année. En tête, l’adaptation de Cendrillon par Emilie Blichfeldt qui s’attaque aux diktats de la beauté, mais aussi l’adaptation de La reine des neiges d’Andersen par Lucile Hadzihalilovic qui en fait une histoire de prédation ainsi qu’un portrait peu reluisant du monde du cinéma. D’autres réalisateur·ices s’emparent de figures fantastiques souvent dans une idée féministe : la sorcière dans Que ma volonté soit faite, le vampire dans Sister Midnight et les chimères dans Bird. 2025 fut une année riche en mythes et en créatures.
Ce n'est pas l'année ciné la plus excitante à mes yeux. Cela dit, dans mon top 2, L'Agent secret et Evanouis (vraiment au coude-à-coude dans mon coeur) sont déjà pour moi des classiques instantanés : deux films dont je suis sortie de la salle à la fois émerveillée que sonnée. Je vais peut-être passer pour une vieille rabat-joie, mais ce sont des œuvres qui me rappellent que le cinéma est encore capable de produire des merveilles en termes de mise en scène et d'écriture, tout en jouant brillamment avec les genres.
Cette année de cinéma s’inscrit dans une période saturée de conflits, de guerres, de violences systémiques, de génocides. Impossible de faire comme si cela n’existait pas. Le cinéma ne neutralise pas la réalité, il la traverse et essaie d'en restituer un extrait sous maintes manières. L'invasion de l’Ukraine, la colonisation en Palestine et le génocide à Gaza, la guerre civile Soudanaise, la guerre de territoires entre le Cambodge et la Thaïlande, les violences inter-religieuses dans l'État du Manipur en Inde, la progression du fascisme et de l'autoritarisme à plusieurs endroits du monde. La liste n'est évidemment pas exhaustive. Refuser la logique militariste et la brutalité des gouvernements, ce n’est pas un slogan ou une propagande : c’est une position éthique qui doit irriguer les images et leur critique. Des films comme La voix de Hind Rajab, Once upon a time in Gaza, Put your soul on your hand and walk, Voyage au bord de la guerre, Une bataille après l'autre, etc, ne sont pas seulement des documents qui rendent compte de l’horreur, mais ils interrogent la possibilité de continuer à vivre, à échanger / communiquer, à aimer. Le chaos n’est pas abstrait malgré la distance qui nous en sépare : il a des noms, des visages, des silences, des temps morts, des disparitions – que des traits qui constituent ce qu'est le cinéma.
Face à cette désintégration du passé (du connu, du commun), le cinéma devient un lien : témoignage du présent qui sombre aussitôt dans le passé (ce que contiennent les images est déjà « mort ») et aperçu microscopique de ce que le futur tend à construire. Un lien servant donc de transmission, de mémoire, mais aussi de projection. Ce que les films en témoignent, est cette propension à basculer d'un côté (plus joyeux) ou de l'autre (l'horreur absolue). Cependant, ces films s'inscrivent dans le maintien d'une sensibilité continue, dans la suspension d'une empathie qui ne doit jamais flancher, alors que tout ce qui est observé semble voué à la disparition. Il n'y a pas d'avenir radieux, mais seulement une révélation dans les ruines et les angoisses. Dans L’agent secret ou Bird, ce sont les relations humaines qui deviennent des zones de résistance ; jusqu'à pouvoir faire appel à la fiction (le fantastique ou le masque d'une identité) pour s'émanciper et s'éloigner d'une réalité trop lourde. Dans Soudan, souviens-toi ou Pompei, sotto le nuvole, le réel est saisi dans sa friabilité même. Au sein de l'instabilité qu'ils témoignent frontalement, rien n'est pourtant figé. Il y a des contradictions permanentes : l'occasion donc pour chaque image d'être une trace pour l'avenir, une preuve matérielle, une hypothèse des dynamiques sociales et politiques.
Ce qui frappe, enfin, c’est le retour constant à l’intime. Aux corps fatigués, aux regards, à l'anxiété et l'angoisse, aux espaces vécus. Même lorsque les récits semblent politiques ou historiques, ils passent par des expériences sensibles. Nickel Boys, The Flats, Le rire et le couteau, Le village aux portes du paradis, Kouté vwa, Covas do Barroso, On falling ou Un simple accident rappellent que la violence des systèmes s’inscrit toujours dans des trajectoires individuelles (ou communautaires). Ces films rejettent la simplification et le dogmatisme. Tout y est transversal, chaque espace se voit petit à petit contaminé par un chaos ou une détresse. Les existences changent de forme constamment. Il s'agit de regarder le monde tel qu’il est, et de révéler (voire alerter) sans renoncer à l’idée qu’il puisse devenir un autre. Ainsi pour ne pas finir comme les personnages du beau film pessimiste et désespéré qu'est Cloud.
Livio
Chaque année, il y a un débat dans les cercles de cinéphiles sur les réseaux sur la qualité de l’année cinéma en cours. À chaque fois, deux camps s'affrontent. D’un côté, ceux qui jugent que l’année est moins qualitative, que les films sont moins bons, ou moins marquants. De l’autre, ceux qui réagissent en disant qu’ils n’ont juste pas vu les bons films, qu’ils ne se sont arrêtés qu'aux grosses sorties, au cinéma mainstream, et qu’ils devraient s’ouvrir à d’autres types d'œuvres. Habituellement, je reste en dehors de ce genre de discussion, ne me prononçant pas devant la futilité de ce débat. Mais, force est de constater que cette année, je me range dans le 2ᵉ camp. 2025 a été une très belle année de cinéma ; il fallait seulement aller plus loin que les grosses sorties américaines.
Hollywood a déçu. Même si quelques propositions sortent du lot comme Superman de James Gunn ou Une bataille après l’autre de Paul Thomas Anderson, le reste n’a pas su convaincre. Disney et Marvel se sont globalement plantés, et les autres studios n’ont pas particulièrement performé (bon, pour Warner, vu ce qu’il se passe actuellement, on peut comprendre que ce soit compliqué). Par contre, en parallèle, les autres pays ont réussi à marquer les esprits.
L’Asie de l’Est continue de rayonner dans le monde entier, avec des productions qui ont battu des records (Ne Zha 2 de Jiaozi ou Demon Slayer de Haruo Sotozaki qui ont fait des performances au box-office mondial). Mais il y a aussi eu des surprises inattendues comme Escape from the 21st Century de Li Yang, qui a conquis une bonne partie du public avec cette proposition atypique. À titre personnel, beaucoup de films venant de Chine, du Japon ou de Corée du Sud m’ont conquis. Je peux citer Black Dog de Guan Hu, un buddy movie entre un chien et un ancien prisonnier. Le Maître du Kabuki de Lee Sang-li, une fresque féerique et tragique sur un acteur japonais. Ou encore Exhuma de Jang Jae-hyun, un film d’exorcisme, de fantômes, de possession.
Cassandre d’Hélène Merlin, Nino de Pauline Loquès, Le Roi Soleil de Vincent Maël Cardona, L’Intérêt d’Adam de Laura Wandel, La Pampa d’Antoine Chevrollier… Je pourrais encore citer beaucoup d’autres propositions francophones magnifiques et touchantes, qui pour certaines sont des premiers longs-métrages très prometteurs.
Bref, vous avez compris, 2025 a été remplie de très beaux films, qui pour certains n’ont malheureusement pas connu la joie d’une sortie en salle (extrêmement triste pour Le Maître et Marguerite de Michael Lockshin, passionnant film russe d’une très grande beauté), encore fallait-il être curieux.
Ainsi s’achève l’année 2025. Une année qui m’a permis d’encore plus explorer le 7ᵉ art, un domaine qui me passionne de plus en plus, au point où j’ai même commencé une école de cinéma en espérant pouvoir travailler dans ce monde. À l’orée de 2026, je n’ai qu’une seule envie qui m’anime : découvrir encore plus de films, plus de cinéastes, plus de cinéma du monde.













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