[CRITIQUE] : Los Tigres
Réalisateur : Alberto Rodriguez
Acteurs : Antonio de la Torre, Bárbara Lennie, Joaquín Nuñez, José Miguel Manzano Bazalo “Skone”,...
Budget : -
Distributeur : Le Pacte
Genre : Policier, Thriller.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Frère et sœur, Antonio et Estrella travaillent depuis toujours comme scaphandriers dans un port espagnol sur les navires marchands de passage. En découvrant une cargaison de drogue dissimulée sous un cargo qui stationne au port toutes les trois semaines, Antonio pense avoir trouvé la solution pour résoudre ses soucis financiers : voler une partie de la marchandise et la revendre.
Force est d'admettre que pour tout cinéphile un minimum curieux, il n'y a pas besoin de labourer plus que de raison les terres cinématographiques espagnoles, pour y trouver quelques-uns des cinéastes les plus intéressants du frisson contemporain - du thriller prenant à l'horreur pure et dure -, au point même que si le cinéma scandinave (voire même celui de nos cousins belges) ne viendrait pas fréquemment taper du pied - et de la pellicule -, nous serions presque tenté d'affirmer que la vraie tension depuis le début des années 2000, à un passeport ibérique.
Artisan de cette fraîche et durable impression, Alberto Rodriguez, dont on avait beaucoup aimé le précédent effort, Prison 77, durement cantonné à une sortie en VOD dans l'hexagone (drame carcéral rugueux et nerveux flanqué à la fin des 70s, qui pointait avec fureur les revers comme la violence crue d'une nation peinant sensiblement à embrasser les courbes de la démocratie, passé les ravages du règne de Franco), retrouve les salles obscures avec un morceau de thriller familialo-subaquatique qui vaut chèrement son pesant de pop-corn : Los Tigres, flanqué au plus près de l'intimité comme de la complexité d'une relation frère/sœur, Antonio et Estrella, marqué par la précarité comme par par la passion dévorante pour la plongée, hérité de leur père scaphandrier.
Lui est un plongeur compétiteur qui n'a pas peur de risquer sa santé et sa vie - " El Tigre " - pour mener réparations périlleuses pour les compagnies pétrolières (qui le payent au lance-pierre), elle étudie la vie sous-marine et l'assiste, et leur union est frappé autant par les séquelles de leurs amour d'une mer qui leur a beaucoup pris (leur famille comme leur santé), que par le sceau d'un amour et d'un soutien mutuel indéfectible (un exceptionnel duo Antonio de la Torre/Bárbara Lennie, à l'alchimie renversante).
Tout bascule lorsque les eaux traîtresses des côtés ibériques semblent leur offrir un véritable cadeau empoisonné : un navire ancré à Huelva bourré de cocaïne, dont le détournement d'une partie de la cargaison pourrait régler tous leurs soucis financiers, dont une séparation difficile pour le premier.
Évidemment, monumentale erreur et c'est autour de ce piège infernal, fusion d'une précarité qui les tiraille comme d'une passion ambivalente pour leur métier, que Rodriguez tisse un thriller méticuleux et haletant dont l'intrigue certes un poil frappé d'incohérences, brosse un portrait familialo-social Ken Loachien en diable, tout autant qu'une lente déconstruction d'un univers professionnel méconnu et férocement masculin (un peu comme le giron du thriller), au plus près de deux solitudes qui peinent, de manières totalement opposées, à y surnager.
Une belle réussite âpre et captivante.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Antonio de la Torre, Bárbara Lennie, Joaquín Nuñez, José Miguel Manzano Bazalo “Skone”,...
Budget : -
Distributeur : Le Pacte
Genre : Policier, Thriller.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Frère et sœur, Antonio et Estrella travaillent depuis toujours comme scaphandriers dans un port espagnol sur les navires marchands de passage. En découvrant une cargaison de drogue dissimulée sous un cargo qui stationne au port toutes les trois semaines, Antonio pense avoir trouvé la solution pour résoudre ses soucis financiers : voler une partie de la marchandise et la revendre.
Force est d'admettre que pour tout cinéphile un minimum curieux, il n'y a pas besoin de labourer plus que de raison les terres cinématographiques espagnoles, pour y trouver quelques-uns des cinéastes les plus intéressants du frisson contemporain - du thriller prenant à l'horreur pure et dure -, au point même que si le cinéma scandinave (voire même celui de nos cousins belges) ne viendrait pas fréquemment taper du pied - et de la pellicule -, nous serions presque tenté d'affirmer que la vraie tension depuis le début des années 2000, à un passeport ibérique.
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| Copyright Julio Vergne |
Artisan de cette fraîche et durable impression, Alberto Rodriguez, dont on avait beaucoup aimé le précédent effort, Prison 77, durement cantonné à une sortie en VOD dans l'hexagone (drame carcéral rugueux et nerveux flanqué à la fin des 70s, qui pointait avec fureur les revers comme la violence crue d'une nation peinant sensiblement à embrasser les courbes de la démocratie, passé les ravages du règne de Franco), retrouve les salles obscures avec un morceau de thriller familialo-subaquatique qui vaut chèrement son pesant de pop-corn : Los Tigres, flanqué au plus près de l'intimité comme de la complexité d'une relation frère/sœur, Antonio et Estrella, marqué par la précarité comme par par la passion dévorante pour la plongée, hérité de leur père scaphandrier.
Lui est un plongeur compétiteur qui n'a pas peur de risquer sa santé et sa vie - " El Tigre " - pour mener réparations périlleuses pour les compagnies pétrolières (qui le payent au lance-pierre), elle étudie la vie sous-marine et l'assiste, et leur union est frappé autant par les séquelles de leurs amour d'une mer qui leur a beaucoup pris (leur famille comme leur santé), que par le sceau d'un amour et d'un soutien mutuel indéfectible (un exceptionnel duo Antonio de la Torre/Bárbara Lennie, à l'alchimie renversante).
Tout bascule lorsque les eaux traîtresses des côtés ibériques semblent leur offrir un véritable cadeau empoisonné : un navire ancré à Huelva bourré de cocaïne, dont le détournement d'une partie de la cargaison pourrait régler tous leurs soucis financiers, dont une séparation difficile pour le premier.
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| Copyright Julio Vergne |
Évidemment, monumentale erreur et c'est autour de ce piège infernal, fusion d'une précarité qui les tiraille comme d'une passion ambivalente pour leur métier, que Rodriguez tisse un thriller méticuleux et haletant dont l'intrigue certes un poil frappé d'incohérences, brosse un portrait familialo-social Ken Loachien en diable, tout autant qu'une lente déconstruction d'un univers professionnel méconnu et férocement masculin (un peu comme le giron du thriller), au plus près de deux solitudes qui peinent, de manières totalement opposées, à y surnager.
Une belle réussite âpre et captivante.
Jonathan Chevrier








