[CRITIQUE] : Couic !
Réalisateur : Genndy Tartakovsky
Acteurs : avec les vœux de Adam Devine, Kathryn Hahn, Idris Elba, Fred Armisen,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Animation, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Le réalisateur visionnaire Genndy Tartakovsky propose "Couic !", une comédie d'animation pour adultes sur Bull, un gentil chien ordinaire qui apprend qu'il va être castré ! Alors que la gravité de l'événement s'abat sur lui, Bull se dit qu'il doit vivre une ultime aventure avec ses meilleurs amis pour fêter les dernières 24 heures avec ses bijoux de famille ! Tout va bien se passer… pas vrai ?
D
Les débats sur la nature artistique ou non de l’animation, en plus de démontrer une méconnaissance crasse de l’art cinématographique, expriment également une imposition sur ce qui doit relever de telle ou telle approche. Cette limitation, que l’on pourrait qualifier de dangereuse par sa restriction, accentue un irrespect envers tout acte créatif, aussi infantile cela puisse-t-il paraître. Voilà pourquoi il nous semble bête de reprocher au dernier film de l’inventif Genndy Tartakovsky de jouer d’une animation 2D aux apparences désuètes pour raconter le dernier jour d’un chien avant sa castration… alors même que cette approche formelle constitue l’intérêt principal du long-métrage.
Ainsi, le rendu aux apparences mignonnes renvoie inévitablement à certaines œuvres rétros (l’ouverture cite La Belle et le Clochard) tout en conservant le dynamisme des œuvres de Tartakovsky. Il y a une irrévérence quasi puérile qui sied assez bien au propos, un côté presque punk qui se répercute dans les moments les plus drôles du film tout en s’orientant vers une acceptation de soi et un certain amour qui fonctionne. D’ailleurs, la mise en scène parvient à équilibrer tout cela avec une approche cartoonesque assez drôlatique (une fuite post « coït » prenant des allures purement Tex Avery).
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Il est alors dommage que le récit s’enferme trop souvent dans une histoire classique d’incompréhension amoureuse entre notre héros et la chienne de son cœur, étouffant par instants les intentions d’un long-métrage qui se bride dans ces moments. C’est un peu regrettable car on sent une folie visuelle pouvant émerger, comme lors d’une promenade urbaine avec violence graphique ou une évasion crasseuse drôle dans son immaturité apparente. Ces sursauts apportent une nouvelle dynamique qui se limite trop souvent à des mécaniques narratives éculées dans un écrin pouvant porter plus d’idées, aussi bien d’un point de vue visuel que du scénario.
Couic ! s’avère quand même drôle et clairement pas fait pour les plus jeunes par son ton sexuel débridé avec un semblant d’immaturité qui fait plaisir. On pense juste que le titre aurait pu aller plus loin dans certains registres, tout en rappelant le plaisir d’une comédie vulgaire qui joue beaucoup de son animation « naïve » pour créer une dissonance assez drôle. C’est également le rappel que l’animation ne doit pas se limiter aux titres plus familiaux et que l’on a besoin de longs-métrages qui osent déjouer des carcans qu’on impose, aussi vulgaires soient-ils, pour montrer que l’art ne doit jamais se limiter à certains à priori stupides.
Liam Debruel