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[CRITIQUE] : Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles


Réalisatrice : Lyne Charlebois
Acteurs : Alexandre Goyette, Mylène MacKay, Rachel GratonFrancis Ducharme,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Dans les années 30 au Québec, le Frère Marie-Victorin, surtout connu comme fondateur du Jardin botanique de Montréal, se lie d’amitié avec son étudiante Marcelle Gauvreau, qui deviendra sa collaboratrice. Alimentée par un amour de la religion et une fascination envers la nature et la science, leur relation évoluera en un échange épistolaire, dans lequel ils explorent les désirs.




Quand bien même sa présence en salles où sur nos écrans, ne se fait pas forcément des plus évidentes, le cinéma canadien - et par extension, son pendant québécois - réussit néanmoins à régulièrement transpercer la (très) riche proposition annuelle pour nous dégainer quelques séances hautement recommandables.

Passé le plutôt chouette Bergers de Sophie Desrape (logé entre la comédie touchante sous fond de dépaysement et le drame minimaliste, même si un poil plombé par ses dialogues limités), le bon western spaghetti nihiliste et brutal Du Sang dans la neige de Elliott Lester, sensiblement dans l'ombre du Grand Silence de Corbucci (malheureusement cantonné à la case VOD dans l'hexagone) où encore l'animé La Nuit au Zoo de Ricardo Curtis et Rodrigo Perez-Castro prévisible mais à l'énergie gentiment communicative; place au vrai/faux biopic délicat et humaniste Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles de Lyne Charlebois, dont la sortie est malheureusement un poil écrasée par la grille estivale.

Copyright Les Films Opale

Bien dommage, tant la cinéaste, qui s'inspire ici des véritables échanges épistolaires et de l'amitié (où plutôt, un amour obligé de rester au stade platonique), dans le Québec des années 30, entre le frère Marie-Victorin et son élève, l'institutrice et botaniste passionnée Marcelle Gauvreau (deux âmes rescapées de la tuberculose, dont la correspondance tout en soif de savoir, portait souvent sur des sujets tabous pour l'époque, notamment la sexualité des hommes comme des femmes), offre une belle et captivante réflexion sur le sentiment amoureux et le désir dans une union tendre et sincère entre science et spiritualité.

Le tout à travers une mise en abîme résolument maligne et méta, qui brouille encore un peu plus la frontière entre réalité et fiction, malgré des transitions il est vrai pas toujours heureuses : le tournage contemporain de la dite relation épistolaire, avec deux comédiens également intimement liés qui, eux aussi, s'interrogent sur leurs rapports sentimentaux et sexuels à l'autre.

Copyright Les Films Opale

Flanqué dans une nature québécoise merveilleusement vivante et littéralement à tomber, ce poème atypique profondément littéraire et au jeu de miroirs symbolique (le tournage d'une union passionnée mais non consommée, par deux êtres à la relation charnelle mais sans amour), totalement dominé par un joli tandem Alexandre Goyette/Mylène MacKay, se fait une belle et romanesque célébration de la curiosité comme de l'abandon à l'autre à une heure où les rapports sentimentaux contemporains n'ont de cesse d'être parasités par la futilité.

L'été ciné n'a définitivement pas terminé de nous délivrer de jolies surprises...


Jonathan Chevrier