[CRITIQUE] : Dead Talents Society


Réalisateur : John Hsu
Acteurs : Gingle WangChen BolinSandrine Pinna, Eleven YaoBai Bai,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Fantastique, Épouvante-horreur.
Nationalité : Taiwanais.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Des fantômes s'efforcent de devenir les stars du Net grâce à leurs performances effrayantes parmi les vivants afin de devenir des légendes urbaines.




Au sein du sous-genre du fantastique qu'est la ghost story où il est rare de proposer quelque chose de narrativement original (formellement parlant c'est une autre histoire, preuve en est le récent Presence de Steven Soderbergh, dont la mise en scène est porté par un parti pris définitivement plus adroite que son écriture), la faute à l'explosion il y a une vingtaine d'années de la J-horror dont les codes ont même vampirisés les productions - plus où moins inspirées - de l'autre côté de l'Atlantique; rares sont donc les petites péloches à jouer de leur inventivité pour s'émanciper un brin du tout-venant.

Autant dire qu'une petite bombe telle que Dead Talents Society du couteau suisse taïwanais John Hsu, à donc de quoi marquer les rétines, comédie horrifico-parodique tout en humour noir qui s'en va triturer les codes du genre (tout en pointant le ridicule derrière sa mécanique et ses diverses effusions) avec malice tout en louchant tendrement du côté de Monstres et Cie mais surtout Beetlejuice, via une mise en scène kitsch et colorée de l'envers du décor du frisson humain, avec sa création d'une société de l'au-delà où les fantômes pour survivre, doivent faire leurs preuves et être « permis » d'hanter les vivants; sorte de grosse multinationale où plusieurs équipes de techniciens d'effets spéciaux composées de fantômes invisibles, tire les ficelles de nos plus grands cauchemars.

Sony

Un statut à laquelle tente de prétendre une jeune « recrue » un brin gauche et candide, alors que ses jours en tant que fantômes sont comptés - elle a trente jours pour hanter et effrayer les vivants d'une manière suffisamment mémorable, sous peine de définitivement disparaître.
Le hic, c'est qu'elle est férocement timide et n'a absolument aucun talent pour faire flipper qui que ce soit.
Heureusement pour elle, elle va croiser la route d'une douce petite bande de losers qui vont la guider sur la bonne voie de l'effroi...

Sans fondamentalement péter dans la soie de l'originalité mais avec une férocité absolument délicieuse, Hsu croque une odyssée baroque et hilarante qui fustige aussi bien le capitalisme exacerbé ambiant (avec la marchandisation du monde du spectacle même dans l'au-delà) et sa méritocratie puante (où toute idée de solidarité est conspuée sous le sceau écrasant de la réussite et de la sur-performance), qu'elle épouse les contours cotonneux d'un tendre et délirant récit initiatique d'une gamine frustrée (les insécurités qui la tourmentaient de son vivant l'ont ironiquement suivi dans la mort) qui va décider d'effrayer son prochain selon ses propres conditions.
Une délirante ghost story où la peur touchante de l'oubli se mêle à celle, burlesque et toxique, de se battre pour survivre à sa propre fatalité pourtant brutalement consommée : clairement le Beetlejuice Beetlejuice que Tim Burton aurait rêvé tourner.


Jonathan Chevrier




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