[CRITIQUE] : Confidente
Réalisatrice•teur : Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti
Acteurs : Saadet Işıl Aksoy, Erkan Kolçak Köstendil, Muhammet Uzuner, Nilgün Türksever,...
Distributeur : Pyramide Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Turc, Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h16min
Synopsis :
Ankara, 1999. Arzu enchaîne les appels tarifés dans le call center érotique où elle travaille. Quand un séisme soudain frappe Istanbul, un jeune homme avec lequel elle était en ligne est pris au piège sous des décombres et la supplie de le sauver. Arzu saurait bien qui appeler... au péril de sa propre vie.
Nouveau long-métrage d'un tandem Çagla Zencirci/Guillaume Giovanetti que l'on avait découvert avec magnifique drame initiatique Noor, puis le puissant western Sibel, Confidente semble, sur le papier, assez simplement - mais scrupuleusement - suivre une gimmick assez similaire aux brillants The Guilty de Gustav Möller et Locke de Steven Knight : un personnage principal (féminin cette fois) tout du long à l'écran, un uniquement lieu clos et un ballet d'intervention venant nourrir la soirée troublée et troublante d'une opératrice de call center - ici érotique -, qui passe ses nuits à nourrir les fantasmes des hommes, célibataires comme mariés.
Une relecture féministe rappelant là aussi, de loin, The Listener de Steve Buscemi.
Sur le papier seulement tant à l'écran, le cocktail s'avère résolument plus explosif et anxiogène que pensé, les deux cinéastes privilégiant la carte du thriller à la fois dense et palpitant, nouant tragédie réelle (le terrible tremblement de terre qui a frappé la Turquie, le 17 août 1999) et fictionnelle, au détour de la lente spirale infernale vécue par la courageuse et marginalisée Arzu/Sabiha (une mère quarantenaire fraîchement séparée, qui se bat pour obtenir la garde de son fils et n'a que pour seul salut de bosser anonymement dans un call center érotique miteux; un lieu loin d'être sain où elle va subir toutes les souffrances et autres fantasmes sexuels imaginables, des hommes de la région, mais aussi les avancés à peine masquées d'un patron qui a sensiblement des vues sur elle), le dit soir de cette catastrophe sismique, alors qu'un adolescent enseveli sous les décombres et gravement blessé, se présente à l'autre bout du fil et la supplie de le sauver.
Un appel de détresse qui la pousse à joindre le procureur - corrompu - d'Ankara, le seul capable de donner le feu vert pour que les secours se dirigent vers le gamin (qui organisait sa fête d'anniversaire chez sa grand-mère, et qui demande un soutien émotionnel constant au téléphone), participe à une orgie dans un grand hôtel; clairement le point de départ d'une série d'événements qui vont littéralement mettre en danger Arzu/Sabiha...
Tendu comme la ficelle d'un string sur un tout petit peu moins de quatre-vingt minutes, jonglant habilement entre un réalisme brutal (une catastrophe naturelle dévastatrice, un patriarcat omniprésent véhiculé par des figures masculines profondément toxiques) et une vulnérabilité déchirante (Arzu/Sabiha, physiquement et émotionnellement suppliciée avant même cette soirée fatidique), tout en agrémentant sa tension d'un vrai propos politique (la corruption comme l'hypocrisie des élites, tout en fustigeant l'incapacité du pouvoir en place à agir rapidement et efficacement après les événements); Confidente, peut-être un poil trop chargé comme une mule pour son bien, n'en reste pas moins un solide et racé thriller psychologique, dominé de la tête et des épaules par une fantastique Saadet Işıl Aksoy.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Saadet Işıl Aksoy, Erkan Kolçak Köstendil, Muhammet Uzuner, Nilgün Türksever,...
Distributeur : Pyramide Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Turc, Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h16min
Synopsis :
Ankara, 1999. Arzu enchaîne les appels tarifés dans le call center érotique où elle travaille. Quand un séisme soudain frappe Istanbul, un jeune homme avec lequel elle était en ligne est pris au piège sous des décombres et la supplie de le sauver. Arzu saurait bien qui appeler... au péril de sa propre vie.
Nouveau long-métrage d'un tandem Çagla Zencirci/Guillaume Giovanetti que l'on avait découvert avec magnifique drame initiatique Noor, puis le puissant western Sibel, Confidente semble, sur le papier, assez simplement - mais scrupuleusement - suivre une gimmick assez similaire aux brillants The Guilty de Gustav Möller et Locke de Steven Knight : un personnage principal (féminin cette fois) tout du long à l'écran, un uniquement lieu clos et un ballet d'intervention venant nourrir la soirée troublée et troublante d'une opératrice de call center - ici érotique -, qui passe ses nuits à nourrir les fantasmes des hommes, célibataires comme mariés.
Une relecture féministe rappelant là aussi, de loin, The Listener de Steve Buscemi.
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Copyright Pyramide Distribution |
Sur le papier seulement tant à l'écran, le cocktail s'avère résolument plus explosif et anxiogène que pensé, les deux cinéastes privilégiant la carte du thriller à la fois dense et palpitant, nouant tragédie réelle (le terrible tremblement de terre qui a frappé la Turquie, le 17 août 1999) et fictionnelle, au détour de la lente spirale infernale vécue par la courageuse et marginalisée Arzu/Sabiha (une mère quarantenaire fraîchement séparée, qui se bat pour obtenir la garde de son fils et n'a que pour seul salut de bosser anonymement dans un call center érotique miteux; un lieu loin d'être sain où elle va subir toutes les souffrances et autres fantasmes sexuels imaginables, des hommes de la région, mais aussi les avancés à peine masquées d'un patron qui a sensiblement des vues sur elle), le dit soir de cette catastrophe sismique, alors qu'un adolescent enseveli sous les décombres et gravement blessé, se présente à l'autre bout du fil et la supplie de le sauver.
Un appel de détresse qui la pousse à joindre le procureur - corrompu - d'Ankara, le seul capable de donner le feu vert pour que les secours se dirigent vers le gamin (qui organisait sa fête d'anniversaire chez sa grand-mère, et qui demande un soutien émotionnel constant au téléphone), participe à une orgie dans un grand hôtel; clairement le point de départ d'une série d'événements qui vont littéralement mettre en danger Arzu/Sabiha...
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Copyright Pyramide Distribution |
Tendu comme la ficelle d'un string sur un tout petit peu moins de quatre-vingt minutes, jonglant habilement entre un réalisme brutal (une catastrophe naturelle dévastatrice, un patriarcat omniprésent véhiculé par des figures masculines profondément toxiques) et une vulnérabilité déchirante (Arzu/Sabiha, physiquement et émotionnellement suppliciée avant même cette soirée fatidique), tout en agrémentant sa tension d'un vrai propos politique (la corruption comme l'hypocrisie des élites, tout en fustigeant l'incapacité du pouvoir en place à agir rapidement et efficacement après les événements); Confidente, peut-être un poil trop chargé comme une mule pour son bien, n'en reste pas moins un solide et racé thriller psychologique, dominé de la tête et des épaules par une fantastique Saadet Işıl Aksoy.
Jonathan Chevrier