[CRITIQUE] : Le Garçon


Réalisatrice•teur : Zabou Breitman et Florent Vassault
Acteurs : Damien Sobieraff, Nicolas Avinée, Isabelle Nanty, François Berléand,...
Distributeur : Moonlight Films Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min

Synopsis :
Tout débute avec les photos d'une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaître. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ? Une enquête familiale vertigineuse, où réalité et fiction se mêlent jusqu’à se confondre parfois.




Une photo peut à la fois tout raconter et rien du tout. Cet instantané d’un temps passé parvient néanmoins à susciter de la curiosité quand il s’agit d’y poser un regard extérieur, comme le savent les personnes qui tombent sur des images d’inconnus dans des brocantes, vide-greniers ou autres magasins récupérant des traces de passés décomposés. C’est la beauté de la photo : ce fragile équilibre dans ce qu’elle montre et ce qu’elle occulte, tout en conservant une place forte dans les cœurs. La façon dont Zabou Breitman et Florent Vassault usent de ce format donne alors dans un résultat émouvant et passionnant, intitulé Le Garçon.

Après une sélection dans des images trouvées dans différents lieux, les réalisateurs se sont concentrés sur un garçon en imaginant comment ces photos prises çà et là pouvaient se lier à lui. L’idée de départ, simple, fait que Zabou Breitman se concentre sur une lecture fictionnelle de ce possible récit tandis que Florent Vassault part à la recherche de la vérité sur ce jeune homme, le tout sans se consulter. En confrontant ces visions, le parti pris aurait pu tirer vers une artificialité douloureuse et sans réelle âme pourtant nécessaire à pareil projet. Au contraire : ce conflit permanent entre réel et fictionnel développe une friction d’abord absorbante puis désarmante.

Copyright Nolita

Comment en effet rester de marbre quand on voit se dérouler une destinée purement normale tout en essayant de la capter dans ce que sa nature quotidienne a de plus beau ? La question même de l’objet photo reste au sein du film, nous poussant à interroger notre propre regard sur l’image sans jamais aller vers de l’abscons. Le réflexif devient rapidement émotif et c’est en cela que l’on se surprend à verser quelques larmes pour cet inconnu qu’on croit connaître, ce faux ami qui se dévoile au gré de ce dispositif narratif qui ramène le souvenir et l’imaginaire dans un vivant tangible.

Voilà peut-être la véritable beauté de ce Garçon : rendre concrète une personne en la tiraillant entre imaginaire de l’image et recherche du réel. En faisant de l’objet photo un cœur battant ainsi qu’un vecteur d’interrogations sur nos traces passées, présentes et futures, Zabou Breitman et Florent Vassault émeuvent durablement en liant cœur et cerveau, réel et fictionnel, vivants et morts, dans une valse poétique de quotidienneté comme le cinéma peut (et doit ?) en produire plus par son médium d’évocation et de création.


Liam Debruel




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