[CRITIQUE] : Je le jure

Réalisateur : Samuel Theis
Acteurs : Julien Ernwein, Marina Foïs, Marie Masala, Louise Bourgoin, Souleymane Cissé, Sophie Guillemin, Micha Lescot,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Judiciaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min
Synopsis :
À quarante ans, Fabio se laisse porter par le courant. Un peu largué, il trouve du réconfort dans l’alcool. Et un peu auprès de Marie, de vingt ans son aînée, avec qui il entretient une relation secrète. Un jour, il reçoit une convocation pour être juré d’assises, il va devoir juger un jeune pyromane accusé d’homicide involontaire.
Une Intime conviction, La Fille au Bracelet, Les Choses humaines, Saint Omer, Toi non plus tu n'as rien vu, Anatomie d’une chute, Le procès Goldman Le Procès du chien, Le Fil,...
C'est sur un terrain méchamment balisé ces derniers mois/années et, de facto, à la fois très glissant puisque plus que propice au jeu des comparaisons faciles (et auxquelles il est impossible qui l'y échappe, même avec la meilleure des volontés), que Samuel Theis se hasarde pour son deuxième long-métrage en solo après le magnifique Petite Nature (un (auto)portrait viviant et vibrant sur un petit homme qui n'en est plus vraiment un, sublimant la moindre complexité qui émane de la découverte de soi et de la vie, terreau indéboulonnable de notre éveil voire même de notre émancipation), Je le jure, drame judiciaire dont la production a été sensiblement troublée par une accusation de VSS de la part d'un technicien à l'encontre du cinéaste (l'affaire est actuellement en cours et n'a pas encore foulé les parquets de la justice, Theis ayant pour le moment été placé sous le statut de témoin assisté), qui n'est donc pas le seul accusé de VSS figurant au générique - le cinéaste Serge Bozon, ici second rôle, est dans le même cas avec plusieurs accusations à son égard.
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Une gymnastique plutôt complexe de faire abstraction des faits et de ne se concentrer qu'à ceux cinématographique d'un seul coup de bâton donc (toujours regarder un film pour ce qu'il est), eux qui prennent pour point d'ancrage le procès d’un jeune pyromane récidiviste accusé de la mort d’un pompier dans un incendie, avec la particularité de ne pas se focaliser sur l'accusé (dont la culpabilité ne fait aucun doute, pas aidé non plus par une profonde maladresse à se défendre), ni les proches de la victime et encore moins les avocats respectifs de ce petit théâtre souvent absurde : à l'instar de Petite Nature où il s'appropriait avec fraîcheur - et sans jamais chercher à les révolutionner -, les codes du coming of age movie pour mieux se les approprier, le cinéaste se joue des attentes en plaçant toute son attention sur l'importance de la peine encourue.
Le tout cloué aux basques d'un juré choisit au hasard et pas forcément jouasse d'être présent, quadragénaire un brin paumé et taiseux, lancé dans une relation secrète et pas forcément assumée (par peur du rejet de ses amis) avec une septuagénaire.
L'amour est dans le pré mais pas forcément en Moselle donc, ni l'intérêt pour le coup tant ses deux histoires nouées entre-elles peinent à se compléter, l'intronisation au chausse-pieds du background intime du dit juré (un excellent Julien Ernwein, acteur pourtant non professionnel, tout comme Souleymane Cissé et Marie Masala), censé nourrir la tension du procès qui le secoue jusqu'au plus profond de lui-même, ne fait in fine que lui apporter une confusion dispensable si ce n'est profondément maladroite (sa romance, encore une fois).
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Plongée en surface d'une Moselle prolétaire comme d'une institution judiciaire dont l'opacité profonde ne fait que renforcer l'incompréhension (et la colère) d'une - bonne - frange de la société à son égard, Je le jure se fait un double portrait fuyant et stimulant, qui aurait mérité à moins s'éparpiller dans sa multiple quête de vérités, pour que son plaidoyer soit plus impactant et ce, même si sa distribution (Ernwein et Cissé comme dit plus haut, mais aussi et surtout Marina Foïs, Louise Bourgoin où encore Sophie Guillemin) assure à la barre - et pas qu'un peu.
Jonathan Chevrier
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