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[CRITIQUE] : Les Hirondelles de Kaboul


Réalisatrices : Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Avec les voix de : Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swann Arlaud, Hiam Abbass, ...
Distributeur : Memento Films Distribution
Budget :-
Genre : Animation
Nationalité : Français
Durée : 1h20min

Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019

Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.



Critique :


En 2002, l'écrivain Yasmina Khadra publiait son roman Les Hirondelles de Kaboul qui fut un best-seller. Il s'intéressait au règne des Talibans dans la capital de l'Afghanistan Kaboul qui a plongé le pays dans une terreur totale. Les françaises Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec ont décidé d'adapter le roman en film d'animation. C’est après six longues années de production que le film est présenté au public, dans la section parallèle de Cannes Un Certain Regard.
"Aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme" dit un personnage à un autre qui s'inquiète pour son épouse. Dans les années 90, la capitale s’est vu changée de tout au tout. Les femmes se sont vu restreindre leur liberté, la culture a disparu, les écoles ont été détruites, pour en construire de nouvelles, qui véhiculent les idéaux biaisés de la charia. Si ces événements ont plus de vingt ans maintenant, le cinéma n’a pas fini d’en parler. L’année dernière justement la réalisatrice Nora Twomey sortait Parvana, une enfance en Afghanistan. D’ailleurs, les deux films se ressemblent beaucoup. Leur animation épurée, le marché qui tient une place prépondérante, une jeune femme qui décide d’aller en extérieur même si c’est déconseillé,...



Si les femmes cinéastes s’intéressent particulièrement à cette phase de l’histoire afghane c’est parce qu’elle est un parfait exemple des enjeux des femmes encore aujourd’hui. Leur privation de droit fondamentaux fait froid dans le dos. Elles sont considérés comme des objets, remplaçables. Ce qui amène toute sorte de maltraitance. N’importe quel prétexte est bon pour les enfermer, les répudier, les lapider. Dans Les Hirondelles de Kaboul, le thème de la guerre est important : tous les hommes en parlent. La camaraderie, les prises d’assaut, les blessures. Pourtant, une autre guerre se cache derrière eux, invisible mais tenace : la guerre des femmes pour avoir ce serait-ce qu’une once d’espoir de vivre dignement. Certaines se radicalisent (autant être du côté du pouvoir), d’autres baissent les bras. Mais ce n’est pas le cas de Zunaira. Cette femme artiste garde espoir d’un monde meilleur, tandis que son mari Mohsen s’enlise dans la dépression de voir son pays volé en éclat. Un terrible accident va faire se croiser Zunaira, Atiq un gardien de prison qui a combattu les Soviétiques à l’armée et Mussarat la femme de Atiq, atteinte d’un cancer en phase terminale.
Malheureusement, le film reste trop propre et inoffensif pour être le film coup de poing et émotionnellement fort qu’il rêve d’être. La faute peut-être à une ribambelle de personnage peu développé, à qui on a donné des stéréotypes manichéen. Ou peut-être du à l’histoire en elle-même qui n’a jamais le temps d’installer les enjeux correctement. Par contre on ne peut nier la beauté épurée de l’animation. Il est dommage que l’histoire ne suivent pas ce lyrisme qui aurait donné un contre point dévastateur.




Si la volonté de bien faire demeure, Les Hirondelles de Kaboul n’arrive jamais à créer de l’émotion. Nous avons l’impression d’avoir déjà vu le film en mieux. Et c’est regrettable quand on voit la qualité de l’animation et la sincérité qui en découle.


Laura Enjolvy



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