[CRITIQUE] : Novocaine

Réalisateurs : Dan Berk et Robert Olsen
Acteurs : Jack Quaid, Amber Midthunder, Ray Nicholson, Betty Gabriel,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Lorsque la fille de ses rêves est kidnappée, Nate, un homme ordinaire, transforme son incapacité à ressentir la douleur en une force inattendue dans son combat pour la retrouver.
Quoi de mieux pour un cinéphile à la nostalgie facile à flatter (soyons honnêtes, nous le sommes tous un minimum), que de voir débarquer dans une exploitation en salles toujours aussi férocement chargée, une proposition gentiment régressive tout droit sortie des 80s/90s, qui semble envoyer du pâté tout en ne se prenant jamais au sérieux ?
Sur le papier, Novocaine du tandem Dan Berk et Robert Olsen, porté par un Jack Quaid qui semble de plus en plus assumer son statut de sac à frappes ambulant (tant mieux), répondait totalement à cette annonce, elle qui assume totalement son identité de pure comédie d'action - avec un gros doigt de romantisme - totalement consciente d'elle-même, et qui ne prétend jamais péter plus haut que sa propre pellicule, tout en convoquant une époque révolue où le divertissement moyen avait encore sa place dans les multiplexes.
Un film pour ados attardés par des ados attardés - totalement notre came donc.
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Copyright Paramount |
À l'écran, même si la mayonnaise ne prend pas toujours bien (notamment d'un point de vue tonale), difficile de ronger son frein sur ce petit bout de cinéma à concept qui a constamment la main sur le levier de vitesse, une réinterprétation intelligente (puisque plausible, de loin tout du moins) des codes du film de super-héros enrobé d'une vision du divertissement à l'ancienne, vissé sur les atermoiements romantico-déglingués d'un " regular guy ", Nathan Caine, naturellement déconnecté du monde qui l'entoure puisque frappé d'une insensibilité congénitale à la douleur avec anhidrose (CIPA), qui fait qu'il ne ressent pas la douleur - et donc qu'il ne souffre absolument pas.
Une affection - évidemment - un poil exagérée à l'écran, qui sert d'artifice à la fois turbo-débile et malin à une intrigue prétexte au chaos le plus complet et incontrôlé, où un homme ayant scrupuleusement fait attention toute son existence à ne jamais prendre le moindre risque, commence à bousculer ses habitudes lorsqu'il tombe littéralement sous le charme de sa craquante et branchée collègue, littéralement sa parfaite opposée.
Pas de bol, elle est kidnappée par une bande de braqueurs armés et violents (mené par un Ray Nicholson qui, comme le népo baby Quaid, assume totalement sa gueule flippante) qui débarquent dans la banque où ils bossent, déguisés en Père Noël.
Uniquement munit de sa particularité qui, jusqu'ici, était une malédiction, il se lance alors courageusement à leur poursuite pour sauver sa belle...
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Plutôt gore - le mot est faible - et décomplexé, le film trompe les relents nihilistes de sa violence gratuite aussi bien par la malice de son concept (qui justifie où presque toutes les mutilations subies par son antihéros), que par son humour à la fois glauque et irrévérencieux (au-delà de ne jamais ressentir la douleur, Nate ne la comprend pas non plus et ne sait absolument pas la feindre), créant de facto un décalage vraiment drôle qui rend son déballage brutal et frénétique au final certes perfectible mais gentiment fun, un vrai trip splatstick et cartoonesque qui ne renie jamais ses origines (la particularité de Nate n'en fait, in fine, qu'un autre héros d'action increvable, aussi romantique que soit son cœur) ni sa redondance, tout en offrant une viscéralité assez chouette - si Nate n'a pas mal, nous oui.
Alors certes, passé son gimmick fou, l’écriture ne pète absolument pas dans la soie de l'originalité (de l'intrigue à la structure vidéoludique, tout transpire le déjà-vu), mais, malgré tout, Novocaine n'en reste pas moins un joli bordel fucked up qui boîte un brin en roulant sa bosse, mais vaut décemment son pesant de pop-corn.
On n'en demandait pas forcément plus.
Jonathan Chevrier
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