[CRITIQUE] : L'âge Imminent
Réalisatrice•teur : Clara Serrano Llorens et Gerard Simó Gimeno
Acteurs : Miquel Mas Martinez, Antonia Fernandez Mir,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h14min
Synopsis :
Bruno vit avec sa grand-mère Natividad à Barcelone. Cette femme de 86 ans est la seule famille qu’il ait jamais connue, mais sa dépendance croissante envers son petit-fils entre de plus en plus en conflit avec son besoin de liberté et de découverte de soi. Lorsque l’occasion se présente de placer Natividad dans une maison de retraite, Bruno est contraint de faire face à une décision à laquelle il n’avait jamais pensé auparavant.
Il y a une pureté délicate, presque nue dans la manière que peuvent avoir les wannabe cinéastes Clara Serrano Llorens et Gerard Simó Gimeno (et, plus directement, le collectif espagnol Col·lectiu Vigília), à scruter méticuleusement l'essence même des relations humaines au cœur de leur premier long-métrage, le très beau L'âge Imminent (au double sens gentiment évocateur), où ils invitent leur auditoire à réfléchir sur l'implacabilité du temps qui passe comme sur les nuances complexes et plurielles de la nécessité de prendre soin de soi et de ses proches.
Des réflexions nouées autour de la relation intergénérationnelle entre un jeune adolescent aux portes de la maturité - Bruno, dix-huit ans au compteur -, et sa grand-mère de quatre-vingt-six, Natividad, seule famille qu'il n'a jamais connu, tous les deux unies par une dépendance mutuelle, quand bien même le premier est tiraillé par des envies - légitimes - de dépendance et d'émancipation.
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Copyright Outplay |
Un magnifique double portrait à la marge (physique comme émotionnel), tout comme peut l'être son cadre - littéralement à la périphérie de Barcelone -, où une jeunesse pleine de fougue et d'espoir, frappée par le sceau de responsabilités à la fois prématurées et écrasantes, vient se confronter à une vieillesse pessimiste et pleine de sagesse, qui accueille son déclin comme la solitude avec une dignité rare.
Deux symboles de résilience dans une Espagne bouffée par la précarité - à la fois économique et sociale.
Sans le moindre artifice putassier, la caméra scrute et rend lumineuse la banalité de leur quotidien, s'attache au bouillonnement intérieur de Bruno, entre l'urgence de démarrer une existence qui semble déjà lui échapper, et le devoir moral de veiller sur sa seule famille, confinée dans son tout petit appartement qui la coupe encore un peu plus du monde.
Un premier effort profondément humain et mélancolique, dont la beauté réside autant dans sa simplicité que dans son authenticité rare.
Jonathan Chevrier
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