[IN TEDDY'S HEIGHTS] : #11 (Spécial) : Meilleurs nouveaux films britanniques et irlandais en 2024
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#11. (Spécial) : Meilleurs nouveaux films britanniques et irlandais en 2024
Image via A24 |
1. La Zone d’Intérêt, Jonathan Glazer (Grande-Bretagne) - en salles le 31/01/2024
Ainsi, la mise en scène de Glazer oppose la mémoire d'un réel inanimé (car passé) aux images de cinéma qui sont une mémoire animée mais refabriquée, sans pouvoir être exactes. Jusqu'à opposer par conséquence la vie et la mort : l'absence d'image de ce qui s'éteint (des vies dans le hors-champ), face à l'image de ce qui essaie de se construire aux dépens de l'autre image (le jardin, la jeunesse, la carrière professionnelle, etc). Le jardin et ses plantes et fleurs, les couleurs, le soin du détail, etc... sont autant de couches qui contrastent avec l'environnement dans lequel ils s'inscrivent. Celui d'un abîme, d'abord par les horreurs confinées dans le son et le hors-champ (ne pas spectaculariser), mais aussi par l'absence de perspectives accordée aux portes, aux fenêtres, aux routes. Tout disparaît. Comme si la construction de cet idéal est à la fois une porte d'entrée et une porte de sortie, un entre-deux où la lumière ne provient que d'un gouffre, d'un cimetière.
Tous les détails (les plantes, les couleurs, les longs plans conférant une liberté au mouvement, etc) sont autant de couches qui contrastent avec l'environnement dans lequel ils s'inscrivent. Même le camp est renvoyé au ciel, à la hauteur, donc à ce qui questionne dans le lointain (tel le passé). Alors que le mal est renvoyé à la terre, à ses germes, donc à une animation entretenue et visible pour l'oeil. Jonathan Glazer crée finalement un paradoxe entre la science sociale & historique et la vérité troublante de la vie dans ses moindres détails, en prenant en compte ce que l'humain a déjà de connaissances quand il voit le film (comme l'humain a déjà de connaissances sur la seconde guerre mondiale lorsqu'il se rend dans un musée). La lumière et les couleurs provenant de l'obscurité sont parfois trompeuses. Et le temps, de plus en plus lointain sur les événements, éloigne les images de la compréhension générale.
Critique disponible ici.
C'est que les visions que recherche Andrea Arnold depuis quelques films (les insectes et la nature dans American Honey, le soleil et les nuages dans Cow) se font de plus en plus concrètes. Jusqu'à prendre ici la forme d'un personnage humain, comme s'il y avait besoin de réenchanter les relations humaines à tout prix. En opposition à un environnement agonisant. Il y a toujours là-dedans une sensibilité plus complexe, où rien n'est aussi simple que « le réalisme social ». La pré-adolescente erre autant que les animaux, et autant que tout autre personnage envahit par le poids du monde qui semble s'écrouler autour d'eux. Bird est un croisement permanent entre la brutalité et une poésie. L'univers bestiaire est une féerie qui vient s'intercaler sur cet univers cruel et désespéré, sans jamais le dépouiller pour autant. Comme s'il fallait rester connecté à une immatérialité (les sentiments, l'amitié, le ciel) face à un monde matériel qui se détériore. La reconstruction d'une vie heurtée (le remariage, la séparation avec un homme violent, la recherche de parents perdus, le corps qui change, etc) se fait par le besoin de revenir à un esprit insouciant et rêveur, à une croyance en une féerie intérieure.
Il y a des films qui n'ont pas besoin de grand chose pour être riches. Un paysage vaste, une petite communauté au sein d'un village, et des échanges réguliers. Voilà le nécessaire pour observer ce qu'est le monde. Du moins, ici une partie de l'Irlande. A travers son adaptation, Pat Collins demande d'être patient(e). Son rythme plutôt contemplatif donne du temps et de l'espace aux personnages, ne les soumettant jamais à des contraintes de la fiction. Aucun enjeu ni aucune péripétie superflues ne viennent perturber cette « réalité », où le temps est long, et les journées sont remplies du minimum essentiel pour vivre. That they may face the rising sun est une chronique à l'inspiration documentaire, quasiment de la même manière que pourraient/pouvaient le faire Mike Leigh ou Tony Richardson (dans certains de leurs films). Il y est question de célébrer la ruralité dans ce qu'elle a d'aussi passionnant, affectif et anecdotique. Que ce soit à travers sa population locale (et ses dynamiques sociales), sa nature (même des animaux) et ses traditions, il s'agit de faire attention aux détails qui composent le quotidien.
Chaque élément de l'environnement a son importance dans la construction d'une vie et dans l'identité des personnages. Et même dans l'identité collective, car le film opère également dans l'idée de retrouver ce qui définirait l'Irlande et le plaisir d'y vivre. Une vie en vase clos, dont l'instantané prévaut sur toute dramaturgie. Les péripéties sont assez banales, elles sont les composantes d'une vie commune et universelle : des mariages, des décès, le travail de la terre et du bois, l’apiculture, etc. Sans pour autant être complètement joyeux ou trop léger. Car il y a dans le film de l'amertume, du regret, de la misère, de la mélancolie, des conflits. En faire une chronique est aussi le moyen de retranscrire la complexité des émotions et des désirs. Le paysage trône quasiment dans un geste spirituel, où les personnages y trouvent leurs états d'âmes et le cinéaste y trouve la magie de ce que signifie être en vie. Les paysages irlandais s'imposent au point que toute couleur est le moteur de toute atmosphère, qu'il suffit d'un détail de la nature pour changer le ton. Un film si beau qu'il montre que, même si l'on ne sait pas de quoi demain sera fait, il y aura toujours la possibilité de trouver l'énergie dans les paysages. Car ces derniers sont la source de toute vie.
Connu pour avoir mis en scène son enfance et son adolescence via la fiction, mais aussi pour ses adaptations d’œuvres littéraires, Terence Davies est aussi connu pour le lyrisme et l'amertume qui se conjuguent dans ses films. Les carnets de Siegfried est à la fois très marqué par le style du cinéaste, et très reconnaissable comme film britannique. Le film se concentre sur le milieu aisé dans lequel va évoluer Siegfried. Ceci permet de ne pas concevoir la vie du poète comme un récit linéaire, mais de l'adapter à ce que le cinéaste fait de mieux. C'est-à-dire la fragmentation de la mémoire, l'enchevêtrement permanent d'images et de paroles, pour que les souvenirs soient une source de poésie faite d'échos et de variations. Jusqu'à relier de nombreuses scènes aux poèmes écrits par Siegfried Sassoon, énoncés en voix-off. Une vie dérobée par l'impossible morale, l'impossible spiritualité, l'impossible cri disant stop à la violence inhumaine de la guerre. Il y a quelque chose de profondément déshumanisant dans ce qu'explore Terence Davies.
Ce chaos se retrouve dans les formes différentes employées par Terence Davies. Au-delà de la fragmentation des temporalités, une détresse se dessine par l'éclatement et le mélange des motifs. La voix-off anonyme récitant des lignes des poèmes du vrai Siegfried Sassoon et la musique lyrique omniprésente sont là pour trouver une douceur enfouie, et donner accès aux émotions. Tandis que le mélange des formes renvoie le protagoniste dans ses souffrances. Évitant soigneusement de reconstituer des scènes de guerre, Terence Davies se repose intelligemment sur des images d'archives. Le tout jusqu'à trouver un écho dans sa propre vie. Le décès du réalisateur en octobre 2023 devient encore plus triste lorsqu'il fait résonner sa vie avec le récit de Siegfried. Tout est indéniablement connecté aux terribles sentiments de souffrance qui ont parcouru le cinéaste toute sa vie, à vivre une enfance et un mariage tous deux malheureux. Siegfried est son alter-ego, faisant de ce presque biopic une fabuleuse œuvre testamentaire. Qu'il puisse enfin trouver la paix dans son repos éternel.
Sorte de prolongement mental de Weekend (2011), Sans jamais nous connaître confère l'esprit au temps et le corps à l'espace. Le mélodrame comme un apaisement face aux peines, en altérant le passé pour y chercher une sensibilité, et en essayant de faire entrer l'amour au présent. Dans le deuil et par la présence des fantômes, Adam est bloqué. Andrew Haigh le montre avec ces absences de perspectives, ces fenêtres qui ne peuvent donner que sur le trottoir ou sur la nuit. L'appartement et la maison sont des lieux perdus, comme des trous noirs. Mais aussi bloqué dans le fractionnement de soi, entre les reflets des vitres et miroirs, ou dans l'écho entre passé et présent. Sans jamais être accablant, mais en faisant de la peine et de la détresse des lieux à réconforter, à animer. Andrew Haigh éblouit l'univers mental d'Adam, il lui donne de l'apaisement dans les rapports et une multitude de couleurs douces nécessaires pour faire régner ses sentiments purs. Si bien que le passé n'est jamais une composition de souvenirs d'enfance.
Adam ne revit pas le passé. Il crée un rapport fictif d'adulte à adulte avec ses parents, pour y trouver une sensibilité qui n'a jamais existé. C'est une altération, comme la fiction peut être une vision romantique du réel pour panser les plaies qu'elle crée. Subtilement, Andrew Haigh crée un écho entre le passé et le présent, car les images fantastiques du passé (cette altération où Adam côtoie à nouveau ses parents à l'âge de leur disparition) ressemblent aux images du présent, où l'amour commence à naître. Parce que ce qui compte dans le film, ce n'est pas tant la gravité et la détresse, c'est la proximité entre les corps / entre les êtres. Qu'elle soit spectrale ou réelle, la présence est l'élément clef du film – surtout dans ces espaces bien vides (l'immeuble et la maison). Sans jamais nous connaître, c'est la bulle romantique de Weekend qui vient casser une détresse solitaire, mélangée avec les fantômes du passé de 45 ans qui redéfinissent un foyer, mélangés avec l'errance presque infinie de La route sauvage. Fabuleux.
Copyright Atsushi Nishijima |
2. Bird,
Andrea Arnold (Grande-Bretagne) - en salles le 01/01/2025
C'est que les visions que recherche Andrea Arnold depuis quelques films (les insectes et la nature dans American Honey, le soleil et les nuages dans Cow) se font de plus en plus concrètes. Jusqu'à prendre ici la forme d'un personnage humain, comme s'il y avait besoin de réenchanter les relations humaines à tout prix. En opposition à un environnement agonisant. Il y a toujours là-dedans une sensibilité plus complexe, où rien n'est aussi simple que « le réalisme social ». La pré-adolescente erre autant que les animaux, et autant que tout autre personnage envahit par le poids du monde qui semble s'écrouler autour d'eux. Bird est un croisement permanent entre la brutalité et une poésie. L'univers bestiaire est une féerie qui vient s'intercaler sur cet univers cruel et désespéré, sans jamais le dépouiller pour autant. Comme s'il fallait rester connecté à une immatérialité (les sentiments, l'amitié, le ciel) face à un monde matériel qui se détériore. La reconstruction d'une vie heurtée (le remariage, la séparation avec un homme violent, la recherche de parents perdus, le corps qui change, etc) se fait par le besoin de revenir à un esprit insouciant et rêveur, à une croyance en une féerie intérieure.
Critique disponible ici.
3. That they may face the rising sun, Pat Collins (Irlande) - date de sortie FR inconnue
Il y a des films qui n'ont pas besoin de grand chose pour être riches. Un paysage vaste, une petite communauté au sein d'un village, et des échanges réguliers. Voilà le nécessaire pour observer ce qu'est le monde. Du moins, ici une partie de l'Irlande. A travers son adaptation, Pat Collins demande d'être patient(e). Son rythme plutôt contemplatif donne du temps et de l'espace aux personnages, ne les soumettant jamais à des contraintes de la fiction. Aucun enjeu ni aucune péripétie superflues ne viennent perturber cette « réalité », où le temps est long, et les journées sont remplies du minimum essentiel pour vivre. That they may face the rising sun est une chronique à l'inspiration documentaire, quasiment de la même manière que pourraient/pouvaient le faire Mike Leigh ou Tony Richardson (dans certains de leurs films). Il y est question de célébrer la ruralité dans ce qu'elle a d'aussi passionnant, affectif et anecdotique. Que ce soit à travers sa population locale (et ses dynamiques sociales), sa nature (même des animaux) et ses traditions, il s'agit de faire attention aux détails qui composent le quotidien.
Chaque élément de l'environnement a son importance dans la construction d'une vie et dans l'identité des personnages. Et même dans l'identité collective, car le film opère également dans l'idée de retrouver ce qui définirait l'Irlande et le plaisir d'y vivre. Une vie en vase clos, dont l'instantané prévaut sur toute dramaturgie. Les péripéties sont assez banales, elles sont les composantes d'une vie commune et universelle : des mariages, des décès, le travail de la terre et du bois, l’apiculture, etc. Sans pour autant être complètement joyeux ou trop léger. Car il y a dans le film de l'amertume, du regret, de la misère, de la mélancolie, des conflits. En faire une chronique est aussi le moyen de retranscrire la complexité des émotions et des désirs. Le paysage trône quasiment dans un geste spirituel, où les personnages y trouvent leurs états d'âmes et le cinéaste y trouve la magie de ce que signifie être en vie. Les paysages irlandais s'imposent au point que toute couleur est le moteur de toute atmosphère, qu'il suffit d'un détail de la nature pour changer le ton. Un film si beau qu'il montre que, même si l'on ne sait pas de quoi demain sera fait, il y aura toujours la possibilité de trouver l'énergie dans les paysages. Car ces derniers sont la source de toute vie.
Copyright Bankside Films / Condor Distribution |
4. Les Carnets de Siegfried, Terence Davies (Grande-Bretagne) - en salles le 06/03/2024
Connu pour avoir mis en scène son enfance et son adolescence via la fiction, mais aussi pour ses adaptations d’œuvres littéraires, Terence Davies est aussi connu pour le lyrisme et l'amertume qui se conjuguent dans ses films. Les carnets de Siegfried est à la fois très marqué par le style du cinéaste, et très reconnaissable comme film britannique. Le film se concentre sur le milieu aisé dans lequel va évoluer Siegfried. Ceci permet de ne pas concevoir la vie du poète comme un récit linéaire, mais de l'adapter à ce que le cinéaste fait de mieux. C'est-à-dire la fragmentation de la mémoire, l'enchevêtrement permanent d'images et de paroles, pour que les souvenirs soient une source de poésie faite d'échos et de variations. Jusqu'à relier de nombreuses scènes aux poèmes écrits par Siegfried Sassoon, énoncés en voix-off. Une vie dérobée par l'impossible morale, l'impossible spiritualité, l'impossible cri disant stop à la violence inhumaine de la guerre. Il y a quelque chose de profondément déshumanisant dans ce qu'explore Terence Davies.
Ce chaos se retrouve dans les formes différentes employées par Terence Davies. Au-delà de la fragmentation des temporalités, une détresse se dessine par l'éclatement et le mélange des motifs. La voix-off anonyme récitant des lignes des poèmes du vrai Siegfried Sassoon et la musique lyrique omniprésente sont là pour trouver une douceur enfouie, et donner accès aux émotions. Tandis que le mélange des formes renvoie le protagoniste dans ses souffrances. Évitant soigneusement de reconstituer des scènes de guerre, Terence Davies se repose intelligemment sur des images d'archives. Le tout jusqu'à trouver un écho dans sa propre vie. Le décès du réalisateur en octobre 2023 devient encore plus triste lorsqu'il fait résonner sa vie avec le récit de Siegfried. Tout est indéniablement connecté aux terribles sentiments de souffrance qui ont parcouru le cinéaste toute sa vie, à vivre une enfance et un mariage tous deux malheureux. Siegfried est son alter-ego, faisant de ce presque biopic une fabuleuse œuvre testamentaire. Qu'il puisse enfin trouver la paix dans son repos éternel.
Critique disponible ici.
Copyright 2023 20th Century Studios All Rights Reserved. |
5. Sans jamais nous connaître, Andrew Haigh (Grande-Bretagne) - en salles le 14/02/2024
Sorte de prolongement mental de Weekend (2011), Sans jamais nous connaître confère l'esprit au temps et le corps à l'espace. Le mélodrame comme un apaisement face aux peines, en altérant le passé pour y chercher une sensibilité, et en essayant de faire entrer l'amour au présent. Dans le deuil et par la présence des fantômes, Adam est bloqué. Andrew Haigh le montre avec ces absences de perspectives, ces fenêtres qui ne peuvent donner que sur le trottoir ou sur la nuit. L'appartement et la maison sont des lieux perdus, comme des trous noirs. Mais aussi bloqué dans le fractionnement de soi, entre les reflets des vitres et miroirs, ou dans l'écho entre passé et présent. Sans jamais être accablant, mais en faisant de la peine et de la détresse des lieux à réconforter, à animer. Andrew Haigh éblouit l'univers mental d'Adam, il lui donne de l'apaisement dans les rapports et une multitude de couleurs douces nécessaires pour faire régner ses sentiments purs. Si bien que le passé n'est jamais une composition de souvenirs d'enfance.
Adam ne revit pas le passé. Il crée un rapport fictif d'adulte à adulte avec ses parents, pour y trouver une sensibilité qui n'a jamais existé. C'est une altération, comme la fiction peut être une vision romantique du réel pour panser les plaies qu'elle crée. Subtilement, Andrew Haigh crée un écho entre le passé et le présent, car les images fantastiques du passé (cette altération où Adam côtoie à nouveau ses parents à l'âge de leur disparition) ressemblent aux images du présent, où l'amour commence à naître. Parce que ce qui compte dans le film, ce n'est pas tant la gravité et la détresse, c'est la proximité entre les corps / entre les êtres. Qu'elle soit spectrale ou réelle, la présence est l'élément clef du film – surtout dans ces espaces bien vides (l'immeuble et la maison). Sans jamais nous connaître, c'est la bulle romantique de Weekend qui vient casser une détresse solitaire, mélangée avec les fantômes du passé de 45 ans qui redéfinissent un foyer, mélangés avec l'errance presque infinie de La route sauvage. Fabuleux.
Critique disponible ici.
6. Femme, Sam H. Freeman & Ng Choon Ping (Grande-Bretagne) - date de sortie FR inconnue
L'un des plus beaux films de l'année sur des personnages LGBT+. Et surtout, l'un des plus durs dans la réalité qu'il cherche à dépeindre de ce que peuvent subir psychologiquement et physiquement les LGBT+. Pourtant, le duo de cinéastes ne fait jamais un film à sujet, ou même un film militant. Il s'agit avant tout d'une étude de personnages, aux antipodes l'un de l'autre. Chacun d'entre eux a ses qualités et ses défauts, chacun a ses points forts et ses faiblesses, chacun a ses raisons. Sans jamais chercher à juger, dénoncer ou désigner qui que ce soit du doigt, le film est le portrait d'une époque où rien n'est tout blanc ni tout noir, où rien n'est binaire. Femme est un thriller nerveux, symbole d'un monde (d'une société ?) au bord du chaos où (presque) plus personne n'arrive à communiquer correctement. La tension permet aux cinéastes de s'éloigner du réalisme, de quitter le terrain de la structure narrative classique, pour aller vers des intentions purement cinématographiques voire théâtrales (renversement de l'utilisation de la lumière, importance des vêtements, poids des ellipses, etc).
D'autant que la vengeance n'est pas tant le point central du film, il s'agit plutôt d'un dommage collatéral. Car sans jamais être violent avant sa fin, le film contient surtout une rage silencieuse. Celle-ci pousse les deux protagonistes à se poursuivre inlassablement l'un et l'autre, à créer un jeu de séduction en dehors de toute « norme ». Une façon pour les cinéastes de questionner le genre masculin, notamment. Et là-dedans, Femme agit tel un film de vengeance à l'ancienne (années 1940, 1950), mais en adoptant une esthétique moderne. En autres en s'inspirant parfois des clips vidéos et du malaise qu'ils peuvent procurer. A laquelle s'opposera parfois une austérité, un ton maussade. Parce que Freeman et Choon Ping font également le portrait désenchanté de Londres d'aujourd'hui, où l'effervescence et la cacophonie des distractions est un masque pour cacher la cruauté et la violence qui rôdent partout. Comme si la mort planerait à chaque espace. Même si, au bout de cette traque intime mutuelle, la sensibilité provient toujours du peu de couleurs qui émergent et restent au sein de l'obscurité.
7. Silver Haze, Sacha Polak (Grande-Bretagne) - en DVD/VOD le 22/11/2023
Depuis qu'elle a trouvé Vicky Knight (qui n'était pas actrice du tout, et a continué sa carrière d'infirmière) et l'a dirigé dans Dirty God (2019), la cinéaste Sacha Polak a quitté l'obscurité qui la traversait, en libérant la lumière et les couleurs. A nouveau avec Silver Haze, l'enchantement est admis et entoure la protagoniste. La reconstruction post-trauma, suite à une infortune ou agression physique, se fait en laissant le plaisir et l'amour prévaloir autant que possible dans chaque espace. Pour que la vie puisse continuer, notamment via la voie de la sororité, le rapport au monde doit se réinventer dans chaque parcelle de chaque espace, en accordant toute liberté au corps et avec le droit à l'indifférence. L'accablement et l'isolement se dissipent, la présence pour soi est l'ébauche des images d'une nouvelle vie. Celles qui, petit à petit, deviennent même le contraire chaleureux à un environnement social envahit par la misère.
Une façon pour Sacha Polak de percevoir le chemin de vie (et de reconstruction) de son personnage comme une superposition de tableaux distincts, qu'il faut gérer séparément. Parce que pour la cinéaste, réinventer son rapport au monde se fait à des niveaux différents. Le film réussit à être aussi drôle que tragique, aussi sensuel que violent, aussi spontané que rigoureux. Et même s'il peut y avoir parfois un peu trop de personnages secondaires (et donc trop d'intrigues supplémentaires qui peuvent être superflues dans le temps consacré), c'est parce que l'immédiateté dans laquelle s'inscrit le film permet de capter le monde tel qu'il est, de capter chaque environnement pour ne plus s'y sentir étranger. Silver Haze est comme construit sur des réminiscences, pour finalement s'en émanciper et se consacrer à un flottement plus sensible que torturé. Et pourtant, c'est bel et bien un film assez sombre, parlant de la dépression post-trauma où il est nécessaire de se confronter au passé et aux images qui hantent, avec une force apaisée.
8. All you need is death, Paul Duane (Irlande) - date de sortie FR inconnue
Un jeune couple collectionne des chansons liées à des folklores. A la rencontre d'une chanson en particulier, leur vie est chamboulée ainsi que leur amour. Le début est déjà assez étrange, où le couple enregistre des chanteur(se)s de folklores dans des pubs, et poursuivant avec des rencontres obscures dans des rues assez reculées et glauques. Puis arrive la maison isolée où tout le cœur de l'histoire va se dérouler. Une habitation au sein de laquelle Paul Duane et ses collaborateur(rice)s n'ont pas hésités à décorer le moindre recoin, comme s'il s'agissait d'un repère de sorcellerie. Et là est tout l'intérêt de ce fabuleux film d'horreur (et sachez que c'est loin d'être un genre cinématographique dont l'auteur de ces lignes est fan). Sauf qu'ici, le cinéaste rend autant hommage au cinéma d'horreur du passé avec ses traditions, qu'il propose un film très moderne en explorant des pistes possibles pour le cinéma d'horreur de demain.
L'horreur est ici aussi bien physique que mentale, aussi ancrée dans l'environnement qu'hallucinatoire. La musique sert de pont vers le fantastique, mais la fragmentation narrative est la vraie idée intéressante du film. Rien n'est linéaire, Paul Duane se permet de se répéter et même de digresser, soit dans un geste hypnotique soit pour mieux imaginer de nouveaux motifs (voire des références étonnantes). All you need is death est un véritable film d'ambiance, porté sur l'organique : les images mutent et se transforment (fascinantes surimpressions), comme possédées. A quelques reprises, le film semble même côtoyer les formes que l'on retrouve dans la réalité virtuelle. La mutation des images va de paire avec le récit alambiqué, cherchant à traduire le chaos et les (dés)illusions qui remplissent la vie. Et dans cette mutation, l'amour peut être destructeur (le désir, la famille, le travail, le spirituel, la chair) et les paysages irlandais au départ magnifiques peuvent rapidement devenir inquiétants. Jusqu'à un final totalement délirant et fascinant !
9. Kneecap, Rich Peppiatt (Irlande) - en salles le 18/06/2025
Il y a des films comme That they may face the rising sun ou The quiet girl qui sentent bons l'Irlande. Il y a des films comme celui-ci qui célèbrent un aspect très irlandais qui semble disparaître. Kneecap célèbre avec divertissement et assurance la langue irlandaise traditionnelle. À travers cela, le film contient un fort propos politique : les relations entre l'Irlande et la Grande-Bretagne, l'indépendance de l'Irlande, la quête de liberté de la jeunesse, l'égalité des chances, et la place des traditions comme la langue gaélique. L'esprit collage du montage peut paraître perturbant, mais il participe à un effet archéologique sur les échos entre l'Irlande du Nord passée et actuelle. Il y a même un chaos esthétique et narratif : une frénésie du jeu des acteurs, un sentiment de provocation dans le discours, un travail qui alterne des couleurs et lumière pop puis sombres, un humour plutôt corrosif, un jeu sur les ralentis pour coller à une idée de vidéo clip, l'intégration de séquence animée, une voix très ironique, et une sauvagerie assumée quant à la question du sexe.
Le résultat bordélique qu’offre le film peut dérouter, mais il est audacieux. Tout ce qu'il contient fonctionne comme des irruptions. Ceci colle donc très bien au thème de la communication impossible, ou perdu. Tel Naoise et sa mère abandonnés par le père, l'utilisation de la musique hip-hop pour s'exprimer, et la difficulté de s'intégrer au reste de la société en voulant y trouver sa liberté. Kneecap n'est peut-être pas un grand film punk, mais il a le mérite de chercher une authenticité. Le fait que les membres du groupe jouent leur propre rôle participe aussi à cela, à produire du cinéma populaire sans prendre les spectateurs pour des cons. Ce qui le rend réjouissant et donc d'être divertissant dans le sujet insoluble qu'il met en avant, sans chercher à répondre aux questions. Ce qui compte et la grande énergie qu'il dépeint, ressemblant quelque peu à Sing Street. Il fait même parfois référence, dans ses aventures, à The Commitments. Et enfin, on peut lui trouver une approche similaire à Trainspotting.
10. We dare to dream, Waad Al-Kateab (Grande-Bretagne) - en VOD en 2023
Deuxième film de la cinéaste syrienne Waad Al-Kateab, installée depuis plusieurs années en Grande-Bretagne. Elle explore à nouveau la question des réfugié(e)s, de leur arrachement à leur pays natal pour devoir se reconstruire ailleurs tout en désirant poursuivre leurs rêves. Le documentaire pose une question complexe à travers tous ses portraits qui se croisent : comment continuer sa vocation, lorsqu'on est amené à quitter la terre que l'on aime ? Comment les réinventer sans les perdre de vue ? Après avoir raconté sa propre expérience et celle de son mari médecin au sein de Alep bombardée dans Pour Sama, elle a suivi plusieurs athlètes réfugié(e)s ou apatrides, de leur exil à leur préparation pour les jeux olympiques de Tokyo – jusqu'à leur participation à la compétition même. Et c'est dans ce parcours, dans ces nuances, que le film est très fort. Parce qu'il ne s'agit pas uniquement de glorifier les efforts sportifs, ou même de glorifier la résilience. Il s'agit de trouver des échos entre l'intimité faite de sacrifices et tout le travail qui compose la vie de sportif(ve) de haut niveau.
Il s'agit de connecter la douleur individuelle du quotidien (loin de sa famille, de son pays, de ses amis) avec le rêve et le stress de l'espace lointain que représente les jeux olympiques. En suivant plusieurs athlètes différents, Waad Al-Kateab croise leurs récits. Leur situation devient donc universelle, et permet d'identifier les athlètes. Il s'agit de ressentir les émotions et les traumatismes à travers les épreuves sportives. La réalisatrice construit une résonance étonnante entre les luttes pour vivre dignement et le travail sportif. On y trouve notamment les questions de l'accompagnement, de la mise en avant, du besoin d'obtenir une égalité des chances pour concourir. Le film va même jusqu'à intégrer la problématique liée au covid, renforçant les problématiques même liées à la réunion des athlètes, géographiquement déjà éloignés. Le film est aussi touchant que tragique, parce qu'il met en lumière cette équipe olympique des réfugiés, mais qu'il met aussi en avant leur résilience et force de caractère face à leur situation respective. Ces personnes osent rêver, mais à quel prix, dans quelles conditions ? Il ne s'agit pas d'être des réfugiés, mais de pouvoir continuer à être soi-même.
11. Baltimore, Joe Lawlor & Christine Molloy (Irlande / Grande-Bretagne) - En VOD le 26/11/2024
Dans Baltimore, Imogen Poots incarne Rose Dugdale, héritière britannique d'une famille aristocrate privilégiée ayant rejoint une faction active de l'IRA dans les années 1970. Histoire vraie donc, car cette dame a organisé un vol massif d'oeuvres d'art au Royaume-Uni et en Irlande. Pourtant, Lawlor & Malloy ne font à aucun moment une biographie ou un film de braquage. Le duo s'interroge sur ce qui a mené cette jeune femme britannique à rejoindre l'IRA, tout en s'interrogeant sur ce que lui apporte cet acte désespéré du vol d'oeuvres d'art, face à un pouvoir bien plus puissant. C'est un récit souple rendant compte du malaise intime qui parcourt la protagoniste depuis tant d'années. Un malaise profondément, alors que les actes racontés sont très limités dans le temps. Le démantèlement des moments de vie de Rose sert à s'éloigner de la binarité bien / mal de son combat. Il n'est donc pas question d'adopter une position morale vis-à-vis du braquage, ou de l'IRA, ou de l'oppression britannique. Il s'agit avant tout de saisir les variations émotionnelles très humaines autour de tous ces actes. De rendre ce combat très personnel et intime, de le rendre plus sensible et moins sensationnel.
Critique disponible ici.
Copyright Metropolitan FilmExport |
12. Love Lies Bleeding, Rose Glass (Grande-Bretagne) - en salles le 12/06/2024
Saint Maud était une naissance, ce film est la continuité en forme d'émancipation et de prise de liberté. Rose Glass questionne à nouveau le corps, dans sa (dé)possession, sa transformation, son dévouement, et même dans sa mutation. Pas vraiment transgressif, le film affirme surtout une identité rageuse qui ne veut rien céder, tu ne veux répondre à aucune contrainte. En forme de polar kitsch et fantaisiste, le film contient des images baroques telles des hallucinations. Un film noir qui prend sa source dans les troubles psychotiques, dans le besoin de s'affirmer personnellement. Face aux dérives du patriarcat, il s'agit de faire survivre les sensations et les émotions, qui ne sont possibles que dans un onirisme en mutation. Pour échapper un monde masculin toxique et pernicieux, il faut investir à la fois une image queer en construction, et entrer en quête d'une nouvelle image autonome et en marge. Une image anti romantique. Le féminisme est une solitude face à des monstres, efface un environnement macabre qui ne peut offrir que le chaos. Il y a notamment de belles inspirations, parfois références, à Cronenberg, Lynch, Dearden, et la Hammer.
Critique disponible ici.
Anika Molnár |
13. The End we start from, Mahalia Belo (Grande-Bretagne) - date de sortie FR inconnue
Dans son pitch, le film a tout du road movie et du film post apocalyptique, mais ne s'y attarde jamais. Et même, ne s'y concentre pas. Les conséquences de l'événement (une catastrophe naturelle) sont bien présentes, mais la réalisatrice explore l'amour maternel, les responsabilités de la maternité, et le deuil. Un film qui renvoie aux sens, notamment tout ce qui est tactile, pour caractériser ce bouleversement au sein de la vie d'une femme. Un film de science-fiction intimiste, dont l'ampleur est mise au service d'une contemplation et d'une méditation. Très terre à terre, les paysages varient comme des émotions et les sensations de la protagoniste vis-à-vis de sa maternité varient également. Une mise en scène à ciel ouvert, alors qu'il s'agit d'explorer une intériorité fluctuante. La sublime idée de Mahalia Belo est de faire corréler les images intimes de la maternité avec les images d'un paysage en transformation, ou les images de paysages qui se succèdent. Le film post apocalyptique, le road movie, ne sont que des métaphores pour trouver à l'image une représentation des tourments qui caractérise les personnages divers. Un film qui fixe la vulnérabilité et l'indécision, face à un idéalisme qui ne cesse de décevoir.
14. Starve Acre, Daniel Kokotajlo (Grande-Bretagne) - date de sortie FR inconnue
Un paysage en pleine campagne reculée, une maison isolée, voici les ingrédients d'un film d'horreur qui se concentre sur une intimité. Le cinéaste Daniel Kokotajlo se focalise à nouveau sur une cellule familiale cassée. Le film débute et progresse comme une chronique, sème les graines de son ambiguïté, puis digresse de plus en plus pour surprendre. Starve Acre est un film qui utilise son apparente simplicité, son rythme parfois lent car énigmatique, et tout élément rustique de l'environnement / du décor, pour concorder à la hantise que provoque le deuil sur les personnages. Une sorte de paralysie, ou la maison serait un tombeau. L'archéologie et le soin des détails du décor présent dans le film, bon de paires avec cette idée que le genre horrifique sert ici à sonder ce qu'il y a de plus vicieux et bizarre dans l'âme humaine. Le cinéaste utilise le folk horror sans trop appuyer, pour que ce soit plutôt une atmosphère pesante. Le film est parfois même une méditation, une invocation, sur les différentes manières de gérer le deuil. Il y a pas faux même quelques visions de la nature renvoyant à une décomposition de la chair. Le film est peut-être parfois un peu trop sage, aurait mérité davantage de risques de folie et de méchanceté. Jusqu'à même se reposer un peu trop souvent sur la musique, avec des sonorités trop évidentes pour le genre horrifique. Cela dit, Matt Smith fait beaucoup penser à Ralph Bates, pour les amateurs(rice)s des films de la Hammer.
15. The Flats, Alessandra Celesia (Irlande / Grande-Bretagne) - en salles le 05/02/2025
Le cinéma peut-il être vu comme une thérapie ? Une partie de ce documentaire suggère la question, en tout cas. D'autant que tout le récit et le dispositif repose sur une thérapie, de laquelle éclot les troubles, peines, traumatismes, souvenirs, inquiétudes, solitudes et colères, qui caractérisent les expériences et le quotidien des personnes rencontrées. Dans un quartier catholique de Belfast où se sont déroulés l'épisode violent des Troubles, la cinéaste échange avec des habitant(e)s qui évoquent leurs souvenirs d'enfance. Il y a ainsi un dialogue entre passé et présent, entre collectif et individuel, entre chronique documentaire et reconstitution via la fiction. Le but étant de trouver ce qui reste de ces souvenirs, et de cette époque. Les traumatismes du passé et les souffrances du quotidien cohabitent au sein du montage, projection d'un trouble intérieur qui continue de planer au-dessus des Irlandais(es) du Nord. Pourtant, le film se construit comme une fable communautaire, et n'a de cesse d'y revenir. Tel le bar où chante Jolene, où les espaces naturels où se promène Joe, où les interactions anodines entre voisin(e)s. On y trouve notamment la belle phrase « notre victoire sera le sourire de nos enfants ». La question de l'héritage est primordiale, et la cinéaste le concrétise aussi esthétiquement en opposant les couleurs et lumière froides du présent avec un semi filtre bleu pour les archives. Toutefois, le choix des plans est frustrant car ne permet pas de voir ces fameux appartements dans leurs détails (dans ce qu'ils disent de cette identité), et ne permet pas de voir le paysage de Belfast. Mais il convient aussi à un sentiment de suffocation et claustrophobie, car ces personnes s'identifiant à une communauté (par le biais de leur catholicisme) n'arrivent pas à s'identifier pleinement à une identité irlandaise.
Bonus
Scrapper, Charlotte Regan (Grande-Bretagne) - en salles le 10/01/2024
Critique disponible ici.
The Outrun, Nora Fingscheidt (Grande-Bretagne) - en salles le 02/10/2024
The Outrun, Nora Fingscheidt (Grande-Bretagne) - en salles le 02/10/2024
Critique disponible ici.
Pas un grand documentaire c'est sûr, mais les souvenirs exaltés et nostalgiques de Scorsese qui raconte toute leur carrière rejoint le romantisme que Powell et Pressburger recherchaient dans leurs films. Loin d'être uniquement de la nostalgie et l'expression d'un admirateur des films, les paroles de Scorsese entièrement face caméra sont précises. Comme s'il avait choisi méticuleusement chaque mot avant de tourner. Illustré par beaucoup d'images et d'extraits, et même des archives, le documentaire ne se contente pas de présenter les œuvres de Powell et Pressburger, il les applique à un parcours. Le cinéma de ce duo est à la fois un voyage à la marge du cinéma britannique, et une aventure passionnée pour parvenir à concrétiser des idées / des désirs d'images (et d'histoires). Sans jamais esquiver les moments de doutes et de douleurs de Michael Powell, notamment. Car même s'il s'agit d'un film romantique et révérencieux à la fois, il y a tout de même la part de tragédie quant à la place du duo au sein de l'industrie cinématographique britannique. En tant qu'admirateur moi-même du cinéma de Powell et Pressburger, je ne peux qu'être conquis par ce documentaire.
Hors Catégorie
Photograph : Courtesy of Park Circus ITV |
Made in England : The Films of Powell and Pressburger, David Hinton (Grande-Bretagne)
Pas un grand documentaire c'est sûr, mais les souvenirs exaltés et nostalgiques de Scorsese qui raconte toute leur carrière rejoint le romantisme que Powell et Pressburger recherchaient dans leurs films. Loin d'être uniquement de la nostalgie et l'expression d'un admirateur des films, les paroles de Scorsese entièrement face caméra sont précises. Comme s'il avait choisi méticuleusement chaque mot avant de tourner. Illustré par beaucoup d'images et d'extraits, et même des archives, le documentaire ne se contente pas de présenter les œuvres de Powell et Pressburger, il les applique à un parcours. Le cinéma de ce duo est à la fois un voyage à la marge du cinéma britannique, et une aventure passionnée pour parvenir à concrétiser des idées / des désirs d'images (et d'histoires). Sans jamais esquiver les moments de doutes et de douleurs de Michael Powell, notamment. Car même s'il s'agit d'un film romantique et révérencieux à la fois, il y a tout de même la part de tragédie quant à la place du duo au sein de l'industrie cinématographique britannique. En tant qu'admirateur moi-même du cinéma de Powell et Pressburger, je ne peux qu'être conquis par ce documentaire.
Sorties 2025
Bird, Andrea Arnold : en salles le 01/01/2025, par Ad Vitam
L'amour au présent, John Crowley : en salles le 01/01/2025, par StudioCanal
The Flats, Alessandra Celesia : en salles le 05/02/2025, par Les Alchimistes
Paddington au Pérou, Dougal Wilson : en salles le 05/02/2025, par StudioCanal
Bridget Jones : Folle de lui, Michael Morris : en salles le 12/02/2025, par StudioCanal
September & July, Ariane Labed : en salles le 19/02/2025, par New Story
Brian Jones et les Rolling Stones, Nick Broomfield : en salles le 19/02/2025, par Program Store
Les Fleurs du silence, Will Seefried : en salles le 12/03/2025, par ASC Distribution
Bridget Jones : Folle de lui - Copyright StudioCanal |
Deux Sœurs, Mike Leigh : en salles le 02/04/2025, par Diaphana
Ozi - La voix de la forêt, Tim Harper : en salles le 02/04/2025, par KMBO
Rétrospective sur les premiers films d'Alfred Hitchcock en Grande-Bretagne : en salles le 09/04/2025, par Carlotta
Professeur Freud, Matt Brown : en salles le 30/04/2025, par Condor
Kneecap, Rich Peppiatt : 18 Juin, par Wayna Pitch
Bring Them Down, Christopher Andrews : date de sortie inconnue, par New Story
Small Thing Like These, Tim Mielants : date de sortie inconnue, par Condor
On Falling, Laura Carreira : en salles vers septembre/octobre, par Survivance
Harvest, Athina Rachel Tsangari : en salles au printemps, par Shellac
En espérant que Chuck chuck baby (Janis Pugh), Sky peals (Moin Hussain), Layla (Amrou Al-Kadhi), On becoming a guinea fowl (Rungano Nyoni), Paul & Paulette take a bath (Jethro Massey), ainsi que bien d'autres et ceux cités dans le classement précédent puissent trouver une sortie française prochainement.
Teddy Devisme