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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #45. Semaine du 20 au 27 avril 2019



Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.

Semaine du 21 Avril au 27 Avril




Dimanche 21 Avril. 
Diabolo Menthe de Diane Kurys sur Guilli.

Septembre 1963, c’est la rentrée des classes. Anne a 13 ans, sa sœur Frédérique en a 15. Elles rêvent de liberté, à l’image du monde qui les entoure, est en pleine effervescence. Entre une mère dépassée, un père maladroit, les premiers flirts et la prochaine boum, Anne enfile des collants en cachette et collectionne les mauvaises notes. Le transistor à l’oreille, Frédérique découvre la politique et les garçons.

Film générationnel, Diabolo Menthe est une œuvre largement autobiographique, qui, sur la sublime chanson d’Yves Simon, s’apprécie comme une chronique du quotidien où vient s’immiscer l’éveil de ces deux jeunes filles. Un portrait sensible, ou Kurys parvient à élégamment équilibrer un récit oscillant entre humour et mélancolie, gravité et légèreté. Mais au-delà de l’intimité que dégage l’œuvre, Diabolo Menthe capte une époque bouillante, celle pré-68 dont on sent les prémisses. Une période aujourd’hui révolue, mais que la cinéaste parvient à rendre d’une façon magique — le film date de 1977 — irrémédiablement intemporelle. Et si finalement le Virgin Suicides de Sofia Coppolla en 1999 ne devait pas tout à Diabolo Menthe ?




Lundi 22 Avril. 
Chéri de Stephen Frears sur Arte.

Dans le Paris du début du XXème siècle, Léa de Lonval finit une carrière heureuse de courtisane aisée en s’autorisant une liaison avec le fils d’une ancienne consœur et rivale, le jeune Fred Peloux, surnommé Chéri. Six ans passent, la mère de Chéri décide qu’il est temps que son fils épouse Edmée, fille unique de la riche Marie-Laure. Alors que le moment fatidique approche, Léa et Chéri tentent de se résoudre à cette séparation imminente tout en s’apercevant qu’ils sont beaucoup plus attachés l’un à l’autre qu’ils ne voulaient bien l’admettre.

J’adore Stephen Frears. Voici un cinéaste méticuleux, qui sans y paraître distille des véritables idées de mise en scène faisant de la plupart de ses oeuvres des joyaux subtilement ciselés. Chéri est l’un d’eux, retrouvant pour l’occasion le scénariste Christopher Hampton — déjà derrière son Les Liaisons Dangereuses, le voici adaptant Colette avec une exquise délicatesse. Film d’époque à la modernité déconcertante, Chéri est un long-métrage doté d’une belle plume, celle apportant dans les face à face tonitruant, entre une Michelle Pfeiffer resplendissante de talent et une Kathy Bates magistrale, une splendide drôlerie. Chéri est donc à l’image de Frears, et sa filmographie, une œuvre délicate, romanesque et cynique, sensible et caustique, et quand on s’y penche, peu de cinéastes sont encore capable de tant de finesse alors savourons-le.




Jeudi 25 Avril. 
Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé de David Yates sur TMC.
Alors que la sixième année d’étude commence à Poudlard, Dumbledore est plus décidé que jamais à préparer Harry à son combat final, désormais imminent. Ensemble, le vieux maître et le jeune sorcier vont tenter de percer à jour les défenses de Voldemort. Pour les aider dans cette délicate entreprise, Dumbledore va relancer et manipuler son ancien collègue, le Professeur Horace Slughorn, qu’il croit en possession d’informations vitales sur le jeune Voldemort. Dans le même temps, Harry se raccroche au quotidien qui l’entoure, ses amis, ses amours, dans tout ce que cela a de plus frivole et pourtant d’essentiel.

Oui c’est assez atypique de commencer par le 6e film. Mais, je ne devais pas louper une occasion de réhabiliter un film souvent maltraité par le public. Enfin le public, les lecteurs du livre, car le Prince de Sang-Mêlé a soulevé bien des critiques vis-à-vis de son adaptation jugée tout simplement mauvaise. Pourtant, ce 6e opus réalisé par David Yates est pour moi l’un des meilleurs films de la saga du petit sorcier (derrière Le Prisonnier d’Azkaban). Véritable respiration avant un final riche en émotion, ce 6e long-métrage capte l’essence même du combat de Harry Potter, il se bat pour cette vie d’insouciance, celle qui fait naître les critiques sur l’aspect trop "romcom". Le cinéaste joue à l’équilibriste, maniant les genres. Faisant coexister la frivolité de la romance Ron/Lavanda avant la menace que représente Drago, d’une rare mélancolie et d’une belle lenteur, Le Prince de Sang-Mêlé est un volet intimiste, parvenant à faire rire — aux éclats — et pleurer — sans retenue.


Thibaut Ciavarella