[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #34. Lock Up
© 1989 TriStar |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#34. Haute Sécurité de John Flynn (1989)
À une heure où la merveilleuse Oz - et dans une moindre mesure Prison Break -, a définitivement pris la place de référence majeure dans les immersions carcérales fictives depuis le début des années 2000, il est de bon ton de se rappeler que le septième art avait sensiblement la main mise sur le genre, et encore plus entre les 60's et les 80's, qui ont vu naître quelques-uns de ses plus beaux films : La Grande Évasion, Luke La Main Froide, Papillon, Midnight Express, L'Évadé d'Alcatraz, Down by Law ou encore... Haute Sécurité de John Flynn, Stallone movie pur jus produit durant la période la plus folle de sa carrière - la fin des 80's -, et qui a longtemps pâtit d'une fausse réputation de nanar musclé là où il est pourtant un formidable drame articulé autour des fêlures vibrantes d'un homme acculé pour ses fautes passées, mais qui ne faiblit jamais dans sa quête touchante de rédemption.
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Vrai film de genre à part entière même s'il offre une vision un brin propret de l'univers carcéral d'une prison bouillante et dangereuse made in America, la bande suit l'histoire de Frank Leone, ancien footballeur reconvertit en mécano et qui est devenu par la force des choses - et de mauvais choix -, un prisonnier sans histoire d'une prison de sécurité minimum (un country club pour citer le vilain majeur du film) à qui il reste six mois a tiré.
De retour d'une permission qu'il a passé avec sa compagne Rachel - sa raison de se battre et de justifier sa réhabilition dans la société -, il se voit catapulter dans une geôle de haute sécurité, la faute au gentiment connard sur les bords Warden Drumgoole, le directeur de la prison qui n'a pas vraiment digéré que Frank lui salope son plan de carrière en s'évadant de la prison qu'il gérait cinq ans plus tôt.
Souffre douleur du bonhomme, cerné entre un directeur revanchard, des gardiens corrompus et des prisonniers bien décidé à le faire souffrir, Frank va passer six mois sous tension et tenter de trouver une vie normale entre les barreaux, grâce à l'aide de quelques camarades de souffrance...
Pas dénué de grosses facilités narratives jusque dans un final un brin consensuel façon happy end prévisible et frustrant (le méchant méchant paye toujours pour sa... méchanceté), et sans doute un poil trop timide dans son immersion au coeur d'un enfer plus pavé de roses que de chiendent, Lock Up en V.O, n'en reste pas moins un solide moment de cinéma, rugueux et musclé sur une figure Stallonienne torturée et férocement empathique - même si peut-être un peu trop lisse -, plus proche d'un Rocky dans sa modestie (on retrouve parfois l'aura poignante de l'étalon italien) que d'un Rambo des grands jours (on laisse les muscles au placard et on écorne joliment l'image du héros indestructible post-Regan), même s'il est difficile - et maladroit - de comparer le prisonnier aux deux figures phares de sa filmographie.
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Sous les sonorités mélancoliques d'un Bill Conti et le joug terrifiant d'un Donald Sutherland jouissivement odieux (et rares sont les comédiens aussi habile dans cet art que lui), Sly fait parler son humanité, quitte à paraître ridicule dans ses élans dramatico-larmoyant (ah les belles bagnoles...) mais surtout sa rage de vivre/vaincre, touche par sa justesse (il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il campe un homme comme les autres), sa morale simpliste mais sincère (on peut être en taule et ne pas être un sale type) et emporte aisément l'adhésion auprès des amoureux du cinéma béni des 80's, dont il est un fier représentant jusqu'au bout de la pellicule.
Un vrai film de genre comme on les aime, pas trop chiche en scènes burnées (la " leçon " du football en tête), et avec du coeur et des tripes, tout simplement.
Jonathan Chevrier