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[FUCKING SERIES] : Tulsa King saison 3 : Stallone ronronne un peu trop sur son trône


(Critique - avec spoilers - de la saison 3)


Il y a quelque chose d'un brin frustant dans le fait de se dire que, passé une première saison particulièrement séduisante, Tulsa King, à l'image au fond de tout le Sheridan-verse de Paramount + (quoique la quatrième saison de Mayor of Kingstown est, pour le moment, particulièrement chouette), ronronne comme un show un peu trop bien établi.

Prévisible, la saison 2 déroulait sans trop de gravité son exposé, oscillant entre digressions comiques plus où moins superflus (qui prennaient le pas sur l'émotion palpable de la saison 1, laissée de côté), et oppositions homériques et westerniennes en diable aux issues majoritairement connues - quand elles n'étaient pas décevantes -, dans un élan à la fois mal rythmé voire même précipité dans son dernier virage, bien qu'elle avait encore la recette pour toujours gardé un minimum vif, l'intérêt de son auditoire (sensiblement grâce à Stallone comme à sa belle galerie de personnages).

Copyright Brian Douglas/Paramount+

Sans surprise, la troisième saison suit scrupuleusement le même mojo, quand bien même les premiers épisodes vraiment entraînant laissaient penser le contraire, avec l'arrivée dans l'équation d'un Dunmire/Robert Patrick donnant méchamment du fil à retordre à Dwight Manfredi, lui titillant sa place au sommet tout en s'en prenant directement à ses proches.

Décousue, trop riches en sous-intrigues mal brossées (tout en laissant beaucoup trop de personnages sur le carreau, notamment Bill Bevilaqua et Cleo Montague, oubliés au beau milieu de la saison) même si elle tisse quelques pistes potentiellement passionnantes (l'accession au poste de gouverneur de Carl Thresher), cette nouvelle salve d'épisodes n'a réellement été passionnante que dans l'engagement de son ultime virage, avec l'arrivée de Russell Lee Washington Jr./Samuel L. Jackson en big boss de la Nouvelle Orléans et son association avec Dwight (pour entériner le lancement de Nola King, nouvelle strate du Sheridan-verse elle aussi, prometteuse sur le papier), élément essentiel de la victoire finale du King of Tulsa sur Dunmire littéralement réduit en cendres à la fin de l'épisode final, dans ce qui est l'une des meilleures equences de la saison.

La mise en place de Nola King en série satellite de Tulsa King, est d'ailleurs la plus grande réussite de la saison, que ce soit de par l'enthousiasme réel suscité par Jackson dans le game (et son alchimie folle avec Sly, enfin associés ensemble à l'écran), mais aussi les possibilités que peuvent amener un univers beaucoup plus élargit, avec l'idée en filigrane que Dwight, qui ne fait qu'aligner les victoires sur ses terres, pourrait commencer à ne plus pouvoir sauver la situation et rester indemne.

Copyright Brian Douglas/Paramount+

C'est paradoxal et, au fond, assez frustant de se dire que la série ne répond au fond jamais véritablement à toutes les belles promesses qu'elle a su, subtilement, distiller avec le temps, sans pour autant réussir à rebuter tant il est difficile de s'en détacher, de ne pas attendre l'épisode suivant avec une impatience non feinte - et un espoir qui, il est vrai, s'étiole de plus en plus -, à l'image des plus grandes séries policières/mafieuses du petit écran.

La quiétude de la routine s'est douloureusement imposée (jusque dans ses conflits majeurs à l'exécution mineure et sans réels enjeux), et on imagine mal si elle saura retrouver un semblant de peps salvateur à l'avenir tant, dans l'état, on continue toujours se balader dans les rues de Tulsa, même si le cœur n'y est plus vraiment.
On t'aime Sly, mais un peu d'adversité dans une série totalement construite sur ta propre gloire, ne te ferait vraiment pas de mal...


Jonathan Chevrier