[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #160. Semaine du 1er au 7 mai
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 1er Mai au 7 Mai.
Dimanche 1er Mai. Charade de Stanley Donen sur Arte.
A l’ambassade américaine de Paris, Regina Lambert apprend de la bouche d’un agent de la CIA, que son défunt mari et quatre complices ont dérobé 250 000 dollars pendant la guerre. Avant de mourir, Charles Lambert a eu l’occasion de récupérer, puis de cacher le magot. Ses complices, persuadés que Regina connait la cachette du butin, tentent de la faire parler. La jeune femme trouve protection auprès de Peter Joshua, un américain rencontré par hasard à Megève, aux sports d’hiver. L’individu semble toutefois ne rien ignorer de l’affaire, et surtout des 250 000 dollars...
Dans Charade, Stanley Donen orchestre la rencontre aussi incongrue qu’évidente entre Alfred Hitchcock et Blake Edwards. De l’un, on retrouve un récit en forme de thriller amoureux sur fond d’humour noir. De l’autre, on sent toute la douce folie d’un inspecteur Clouseau. Et, juste à la jointure entre ces deux obsessions, de ces auteurs, Stanley Donen, évidemment, qui fait tournoyer une Hepburn étincelante jusque dans les bras d’un Grant magnétique. Juxtaposant les tonalités, l’œuvre savoure toute sa espièglerie et s’abandonne par instant à une douce mélancolie. Film à la plastiquement parfaitement charmante et pourtant ne cesser de vouloir tromper son spectateur, Charade est un piège ô combien délicieux.
Lundi 2 Mai. L’aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz sur Arte.
En Angleterre, au début du XXe siècle, Lucy Muir, une ravissante et jeune veuve, décide de s’installer au bord de la mer avec sa fille et sa servante dans un cottage réputé hanté par le fantôme du capitaine Gregg. Loin d’être terrorisée, elle est au contraire fascinée à l’idée d’habiter avec ce fantôme. Un soir, il lui apparait...
L’aventure de Madame Muir s’inscrit dans le sillage du Bly Manor de Mike Flanaghan pour Netflix. Voilà comment je ferais pour donner à une nouvelle génération l’envie de découvrir ce petit chef d’œuvre cinématographique. Joseph L. Mankiewicz embrasse avec soin, mais passion, aussi bien le romantisme que le fantastique de son récit. En ressort un film qui ne cesse de s’étirer entre mélancolie et ironie, tendresse et cruauté. Débutant comme une quasi-comédie avec son « perfectly fascinanting » c’est pourtant un splendide mélodrame qui vient faire écraser une petite larme dans son ultime séquence.
Jeudi 5 Mai. Rain Man de Barry Levinson sur Cherie25.
A la mort de son père, Charlie Babbitt, jeune revendeur de voitures de Los Angeles, se voit déposséder de son héritage. Le défunt père a légué presque toute sa fortune son frère aîné Raymond, dont il ignorait l’existence. Celui-ci est autiste et vit dans un hôpital psychiatrique de Cincinnati.
Dans les années 80/90, le Tom Cruise movie repose souvent sur le principe même de Rain Man. L’acteur interprète un connard porté sur la réussite, ou un mec pas loin de l’être, qui par des facteurs extérieurs va réaliser qu’il y a bien plus que cela. Ce concept, pour marcher, se doit d’être exécuté avec une grande finesse pour éviter de tomber dans un sentimentalisme plombant. C’est le cas de Rain Man. Le cinéaste Barry Levinson trouve dans un récit la possibilité de mettre en scène une maladie souvent méconnue. Si aujourd’hui l’approche faite de l’autisme peut se teinter de quelques reproches, il reste que l’exécution qu’en fait le cinéaste est admirablement bien tenue. Il signe une œuvre sensible, mêlant avec habilité drame et comédie, le tout avec une immense performance de Dustin Hoffman. Bref, une grande réussite dans la galaxie des Cruise movies.
Thibaut Ciavarella