[CRITIQUE/RESSORTIE] : Gilda


Réalisateur : Charles Vidor
Avec : Rita Hayworth, Glenn Ford, George MacreadyJoseph Calleia,...
Budget : -
Distributeur : Park Circus France
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min

Date de sortie : 28 mai 1947
Date de ressortie : 19 mars 2025

Synopsis :
Ballin Mundson, directeur d’un casino, prend sous sa protection un jeune Américain, Johnny Farrell, après l’avoir sauvé d’une mort certaine. Ballin, devant s’absenter, confie la direction de son établissement à Johnny. Il revient quelque temps plus tard marié à Gilda, l’ancienne maîtresse de Johnny.





Classique parmi les classiques du film noir, le vertige captivant du puissant Gilda du cinéaste américano-hongrois définitivement rompu au genre, Charles Vidor, tient finalement tout autant de la beauté incendiaire d'une Rita Hayworth au sommet de tout (c'est le film qui en fait le sex symbol absolu de l'époque), dont le fameux " déhanché de cheveux " a hanté plus d'un spectateur (jusqu'à s'immiscer au cœur du magnifique Les Évadés de Frank Darabont, qui va au-delà de la simple citation puisque sa plastique couchée sur le papier glacé sert totalement l'évasion du héros Andy Dufresne), que de la relation étrange perverse qui se noue entre les deux hommes qui se battent - en partie - pour ses faveurs : Johnny Farrell (un Glenn Ford des grands jours), dandy joueur/tricheur sans le sou et le riche et ambigu/corrompu Ballin Mundson (un solide George Macready), propriétaire d'un casino illégal.

Une amitié malsaine vouée à dégénérer dans la chaleur écrasante de Buenos Aires, dont l'explosion vénéneuse et sensuelle est évidemment amenée par la belle Gilda (Rita « Put the Blame on Mame » Hayworth), femme forte et indépendante à la fois ancienne maîtresse du premier et nouvelle femme du second, qui va introduire les structures intenses et étranges d'un « ménage à trois » ou chacun cherchant à manipuler les autres à ses propres fins; quand bien même l'amitié Johnny/Ballin s'appuyait déjà sur une terre passablement arrosée de nitroglycérine.

Swinguant continuellement sur le fil tenu du film noir violent et du mélodrame (les deux genres phares des 40s), tout autant qu'il est embaumé dans une désillusion profonde post-Seconde Guerre mondiale, Gilda marque avant tout et surtout la rétine pour son incroyable liberté de ton, lui qui aborde habilement plusieurs thématiques brûlantes (liberté sexuelle, impuissance et même une homosexualité étouffée et refoulée), pour mieux croquer une représentation incroyablement anxiogène et destructrice - donc honnête - de l'amour, où la passion et la haine se brouillent à un stade où elles deviennent indiscernables l'une de l'autre.
Le tout avec une femme qui n'a, au fond, de fatale que de chercher à, même désespérément, être aimée.

Une pépite, rien de moins.


Jonathan Chevrier






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