[CRITIQUE] : Le Joueur de Go


Réalisateur : Kazuya Shiraishi
Avec : Tsuyoshi Kusanagi, Kaya KiyoharaTaishi NakagawaEita Okuno,...
Budget : -
Distributeur : Art House
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h09min

Synopsis :
Ancien samouraï, Yanagida mène une vie modeste avec sa fille à Edo et dédie ses journées au jeu de go avec une dignité qui force le respect. Quand son honneur est bafoué par des accusations calomnieuses, il décide d'utiliser ses talents de stratège pour mener combat et obtenir réparation...




De Kurosawa à Kitano, en passant par Tarantino ou Jarmusch, le film de samouraï est un genre qui a été exploité un nombre incalculable de fois. Un genre qui a gagné ses lettres de noblesse entre les mains des plus grands réalisateurs, qui est extrêmement codifié et qui a été une source d’inspiration pour beaucoup.
À l’instar des westerns, on se demande encore s’il est possible de faire des films de samouraïs en 2025 sans tomber dans un simple copié-collé. Avec Le Joueur de Go, Kazuya Shiraishi relève le défi.

Le film démarre de manière très classique. On suit la vie de Kakunoshin Yanagida, un père vivant modestement avec sa fille, Okinu, et essayant tant bien que mal de gagner quelques sous. Très vite, on apprend qu’il est un ancien samouraï. La première chose qui saute aux yeux est la beauté des images qui défilent sous nos yeux. Le travail sur la photographie est tout simplement bluffant. Cela est accompagné de décors qui rendent hommage aux théâtres japonais. Dans certaines scènes, l’arrière-plan naturel d’un ciel ou d’une forêt est remplacé par de faux décors peints tels des estampes. Un effet certes esthétique, mais qui traduit aussi un désir de se raccrocher à des codes et références historiques.

Copyright 2024 “GOBANGIRI” FILM PARTNERS

Un hommage que l’on retrouve aussi dans l’histoire. Kakunoshin est un joueur de go particulièrement talentueux. Un jour, il rencontre dans un salon de jeu un riche homme d’affaires, Genbei. Ce dernier aime parier lors de ses parties, motivé par l’appât du gain. À l’inverse, Kakunoshin refuse de jouer pour de l’argent, beaucoup trop attaché à son code moral. Mais lorsque son honneur est bafoué, il est contraint de se battre par tous les moyens possibles pour obtenir réparation.
Ainsi survient le premier reproche que l’on peut faire au film : son manque d’originalité. Il faut bien le reconnaître, ce genre de trame a été vu et revu. Et bien qu’il surprenne par moments, l’histoire reste très classique, avançant sur des rails dessinés dès le début de l’intrigue. Les rares instants de surprise sont vite désamorcés de manière trop simple.

L’autre reproche que l’on peut adresser à Le Joueur de Go est sa naïveté sur de nombreux aspects. Comme dit plus tôt, Kakunoshin va être en opposition avec le riche homme d’affaires Genbei. Ce dernier est présenté comme avare, privilégiant sa richesse à la morale. Pourtant, après sa rencontre avec l’ancien samouraï, son caractère change en quelques instants, comme métamorphosé par la droiture de Kakunoshin. Un revirement qui semble peu crédible pour quiconque ayant déjà observé de près le monde des grands patrons (et où l’actualité récente prouve plutôt l’inverse).

Mais en réalité, ces défauts ne sont pas si graves. Il faut voir Le Joueur de Go comme une fable. Une histoire simple, parfois caricaturale, qui offre une vision d’une société tout en délivrant une morale. Ainsi, Kazuya Shiraishi réussit l’exploit de rendre haletantes et prenantes des parties de go. Que ce soit dans la première partie, très lente et contemplative, ou dans le climax, le cinéaste parvient à rendre ce jeu fascinant, même pour ceux qui n’y connaissent rien (même s’il peut être compliqué de tout comprendre sans en connaître les règles).

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Peinture historique du Japon de l’époque Edo, Le Joueur de Go ne brille pas par son originalité. Mais il reste un thriller captivant et esthétiquement marquant. Les experts en films de samouraïs le trouveront sans doute peu innovant, mais les amateurs y verront une belle porte d’entrée.


Livio Lonardi




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