[CRITIQUE] : Sur un air de blues

Réalisateur : Craig Brewer
Acteurs : Hugh Jackman, Kate Hudson, Ella Anderson, Hudson Hilbert Hensley,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie Musicale, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h13min

Synopsis :
Basé sur une histoire vraie, Hugh Jackman et Kate Hudson incarnent deux musiciens fauchés qui redonnent vie à la musique de Neil Diamond en formant un groupe lui rendant hommage. Ensemble, ils prouvent qu’il n’est jamais trop tard pour suivre son cœur et accomplir ses rêves.

Qu’est-ce qu’on aime les récits de héros du quotidien, ceux qui cherchent à accomplir leurs rêves malgré tous les obstacles sur leur route. Car, plus encore que les figures de Marvel ou DC aux enjeux dépassant le réel, ces personnes cherchent constamment à trouver leur place dans notre monde, quête d’un bonheur souvent illusoire dans une société régie par des enjeux économiques qui nous dépassent ou encore cette chose taquine qu’est le timing. On comprend donc assez vite l’intérêt de narrer l’histoire vraie de Mike et Claire Sardina, mieux connus sous les noms de « Lightning » et « Thunder ».

Il y a en effet quelque chose de très américain dans cette quête du succès sur base de récit de couple, cherchant leur équilibre émotionnel par le chant avec une luminosité très accrue dans la première partie. On y retrouve l’espoir naïf du grand amour, du succès artistique, de l’accomplissement de soi constamment dans les yeux des autres, et ce avec un certain optimisme qui ne diminue jamais l’ancrage social des personnages. Alors on se laisse plutôt prendre par le côté charmant de la chose, bien aidé par l’énergie communicative de Hugh Jackman et Kate Hudson dans la peau de ce couple qui refuse tout obstacle devant leurs envies de monter sur scène.

Puis, au détour d’un plan astucieux par son choix de cadre et de lier dans un mouvement le positif et le dramatique, une grosse bascule se fait. La photographie se voit affectée par l’événement, tout comme les personnages, et l’on sent plus ce travail de poids du monde, d’épreuves ironiques à l’instar d’un monde où les rêveurs sont constamment renvoyés à la dure réalité et à leur naïveté trop lumineuse pour rester allumée tout du long. Craig Brewer embrase totalement ce revirement dramaturgique, sans éclat et avec un poil de pathos, mais en cherchant surtout à souligner la sincérité candide de capter cette fatalité du monde, cherchant à exister dans un espoir de gloire typiquement américain.

En jouant dès lors sur la nature communicative des chansons de Neil Diamond, Sur un air de blues se découvre sans déplaisir, se réorientant parfois dans des contours peu attendus tout en conservant en son centre les émois de son duo principal. Le long-métrage réussit alors à conserver cette humanité qui refuse tout fatalisme et y trouve un ton loin d’être désagréable, confrontant l’optimisme naïf de wannabe artists à un réel constamment dramatique. Cela en fait de jolis losers que l’on soutient avec le même cœur qu’ils mettent pour exister, dans l’ombre de la musique d’un autre.

Liam Debruel