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[CRITIQUE] : L'enfant qui mesurait le monde


Réalisateur : Takis Candilis
Avec : Bernard CampanRaphael BrottierMaria Apostolakea, Fotinì Peluso,…
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Français, Grecque.
Durée : 1h44min

Synopsis :
Sur l'île de Kalamaki en Grèce, Yannis, un jeune enfant autiste, rythme ses journées en mesurant l'ordre du monde : les bateaux qui accostent, les prises des pêcheurs, le va-et-vient des clients du café.L'arrivée inattendue de son grand-père, Alexandre Varda, homme d'affaires de renom qu'il n'a jamais rencontré, va perturber l'équilibre fragile de son quotidien. Malgré leurs différences apparentes, une relation profonde et bouleversante se tisse entre ce grand-père distant et ce petit-fils aux talents singuliers.



Critique :



Les mômes biberonés aux 90s que nous sommes auront une tendresse toute particulière à chaque film ayant en son casting Bernard Campan (moins avec Didier Bourdon, la faute à une carrière faite de choix résolument plus maladroit), l'un des trois Inconnus dont la carrière cinématographique aura réservé de jolies surprises, tant il s'est avéré aussi juste dans la comédie que dans le drame - à la différence de ses deux comparses.

Copyright Dulac Distribution

Même si son pendant réalisateur, majoritairement conditionné par son duo avec Didier Bourdon, ainsi que leur trio avec Pascal Legitimus (excepté son mitigé La Face Cachée, qu'il a écrit et réalisé en solo), a été un tantinet moins heureux - L'Extraterrestre bordel -, il nous aura agréablement cueilli avec son dernier effort, Presque, co-écrit et co-réalisé avec le philosophe et écrivain suisse Alexandre Jollien, un joli et enthousiaste road movie qui ne cherche pas tant à se délester des figures imposées par son récit initiatique, qu'à mettre en images avec une sincérité désarmante, sa vision tendre du bon vivre ensemble.

C'est devant la caméra qu'on le retrouve cette fois, quelques semaines après l'excellent Et plus si affinités du tandem Olivier Ducray et Wilfried Meance, avec le très beau L’enfant qui mesurait le monde de Takis Candilis, adaptation du roman éponyme de Metin Arditi, fresque mélodramatique touchante et humaine, vissée sur la rencontre incongrue et en terres grecques entre un promoteur immobilier sur le déclin, et le fils de sa fille tout récemment décédée, qu'il n'a jamais connu et qui est atteint du syndrome d'asperger.
Le deuil insondable de cette perte tragique va pourtant permettre à ses deux âmes solitaires de lentement mais sûrement s'apprivoiser, non sans quelques maladresses, de s'ouvrir l'un à l'autre dans une sorte d'union à la fois aimante et brute, tendre et vraie.

Copyright Dulac Distribution

Avec en toile de fond le contexte socio-économique grecque difficile, Candilis croque un perfectible mais mélancolique drame, dénué de tout pathos et mièvrerie faciles, qui ne cherche pas tant à se délester des figures imposées par son récit initiatique (c'est in fine aussi prévisible qu'un brin programmatique), qu'à mettre en images avec sincérité l'introspection d'un homme tout en fêlures et en vices cachés, incarné à la perfection par Bernard Campan.
Une bien jolie séance.


Jonathan Chevrier