[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #144. Semaine du 26 septembre au 2 octobre
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 26 Septembre au 2 Octobre.
Dimanche 26 Septembre. Les Incorruptibles de Brian De Palma sur Arte.
À Chicago durant les années trente, lors de la prohibition, Al Capone règne en maître absolu sur le réseau de vente illégale d’alcool. Décidé à mettre un terme au trafic et à confondre Al Capone, l’agent Eliot Ness recrute trois hommes de confiance, aussi intraitables que lui. Ensemble, les quatre incorruptibles partent en guerre contre le gang de Capone.
Brian De Palma n’aime pas tellement cette œuvre. Peut-être que cela provient de la nature même du projet, initié par le producteur Art Linson, Les Incorruptibles prend, il est vrai, l’apparence d’un film de commande. Pourtant, le cinéaste fait baigner absolument chaque seconde de ce film dans ses propres obsessions, visuelles notamment. En effet avec ce long-métrage, De Palma signe une sorte d’immense western à la John Ford mais qu’aurait été remaké par Alfred Hitchcock. Splendidement mis en scène, cette plongée en milieu mafieux bénéficie d’un scénario remarquablement prenant qui se voit sublimé par la musique d’Ennio Morricone. Alors oui, peut-être que Les Incorruptibles n’est pas le film le plus personnel de son auteur, mais honnêtement il en demeure l’un de ses meilleurs.
Mais aussi... TF1 propose le Sully de Clint Eastwood. De 208 secondes d’héroïsme à 6360 secondes de bravoure, Clint Eastwood vient décortiquer l’acte héroïque, il en questionne la nécessité, s’interroge sur la vérité. C’est dans ce doute que réside toute la force du long-métrage. Dès lors, le rôle de Tom Hanks se complexifie drastiquement. Car ce que semble souligner le cinéaste, c’est que l’époque doutera en permanence du héros, mais cela n’a aucune importance, car le héros est solitaire, il est celui qui à un instant précis a su prendre une décision plus qu’une autre.
Mardi 28 Septembre. Rush de Ron Howard sur NRJ12.
James Hunt et Niki Lauda concourent pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. Leur combat prend une dimension épique imprévue quand Lauda est grièvement brulé sur le circuit du Nürburgring. Puis lorsque, quarante jours seulement après son terrible accident, il reprend la course…
Balayer la carrière de Ron Howard c’est faire un tour de montagne russe. Des films tels que Cocoon, Apollo 13 ou Frost/Nixon côtoie des Da Vinci Code, Le Dilemme ou Au Cœur de l’Océan. Alors où se situe Rush ? Dans un haut ou bas ? Oh, Rush c’est le sommet le plus haut de la montagne russe Howardien, c’est son chef d’œuvre ni plus ni moins. Grandement épaulé par Peter Morgan, scénariste anglais déjà derrière Frost/Nixon, Ron Howard trouve un nouveau souffle. Le voici furieusement énergique, inventif a chaque instant, il semble avoir tellement confiance en son récit qu’il s’autorise les plus belles folies derrière sa caméra. Oui, car la force de Rush reste son scénario, d’une subtile intelligence, Peter Morgan ne tient pas à narrer chaque minute de la vie de ses personnages ; mais bel et bien à entretenir un intérêt perpétuel du spectateur pour cette histoire tout en imposant un véritable chaos d’émotions, d’adrénaline et aussi de point d’humour très british. Le tout donne une seule envie, une nouvelle collaboration entre les deux messieurs.
Vendredi 1er Octobre. Pale Rider, le Cavalier Solitaire de Clint Eastwood.
Les derniers chercheurs d’or indépendants de LaHood, bourgade minière de Californie, sont harcelés par la bande de Coy LaHood, fondateur de la ville qui veut s’approprier leur concession. Au moment où les mineurs pacifiques sont prêts à abandonner la lutte, surgit de la montagne un cavalier solitaire tout de noir vêtu. Nul ne connaît son nom, son passé, ses origines. Hull Barret, opposé depuis longtemps à Coy LaHood, l’accueille sous son toit. L’homme ne va pas tarder à prouver ses qualités de tireur.
Il se dégage de Pale Rider une réelle atmosphère. Bien sûr, celle du western si cher à Eastwood (même si son chef d’œuvre ultime du genre reste Impitoyable), mais également, une étrangeté toute surnaturelle. Il faut dire que Clint ménage le mystère autour de son personnage sans nom, réduit à être The Preacher (le Prédicteur). Si le film demeure en déca de certaines œuvres du cinéaste, il est pourtant loin de faire partie des œuvres mineures. Pale Rider, prouve qu’Eastwood incarne un genre à lui seul, qu’il est l’un des rares à en maîtriser chaque code tout en parvenant à injecter une once nouvelle. Dans cette précision, Eastwood signe un film brutalement mélancolique, suprêmement classique, mais étrangement fascinant.
Thibaut Ciavarella