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[FUCKING SERIES] : Sermons de Minuit : Embrace the faith


(Critique - avec spoilers - de la mini-série)


Difficile de ne pas anticiper de manière furieusement optimiste, l'arrivée de Midnight Mass - Sermons de Minuit par chez nous - sur Netflix tant en une poignée d'années, Mike Flanagan a su s'imposer comme l'un des (LE ?) visages le plus enthousiasmant de l'horreur US racée et intelligente.
Infiniment personnelle, tant Flanagan semble y projeter aussi bien ses plus grandes peurs que ses obsessions les plus intenses, cette nouvelle adaptation de l'oeuvre de King va au-delà du simple hommage à l'héritage littéraire de l'auteur de Shining (tout comme ses efforts précédents l'étaient pour ceux de Shirley Jackson et Henry James), et peut décemment se voir comme l'oeuvre somme d'un faiseur de rêve en pleine possession de son sujet; véhicule parfait pour l'exploration la plus réfléchie et la plus soigneusement rythmée du genre horrifique de récente mémoire.

Copyright Eike Schroter/Netflix

Bien que cela puisse sembler lourd de prime abord, l'absence totale de sous-texte est clairement ce qui fait la saveur de cette intense salve d'épisodes, vissée sur la confiance sans faille de Flanagan autant dans sa narration savoureusement verbeuse (polarisant les thèmes de la culpabilité, la foi et l'espoir de rédemption de ses personnages, mais surtout celui le plus cher de sa filmographie : la mort et sa finitude), qu'en la capacité de ses comédiens à vendre leurs soliloques.
Jouant étonnamment la carte de l'épure d'effets et de rebondissements (l'effort le moins démonstratif de son auteur), le show noue lentement les contours anxiogènes de son horreur réflexive et atmosphérique au coeur d'une mosaïque de thèmes familiers qui, si elle indique clairement à mi-parcours ou elle se dirige (une prévisibilité qui pourra en faire tiquer plus d'un), n'en reste pas moins une narration puissante et brûlante sur la psychologie de groupe et du besoin de foi dans le chagrin (mais aussi de l'éthique du leadership avec des adeptes aussi vulnérables), tout en dégainant à foison des parallèles fascinant avec la société contemporaine.
Sorte de fusion magistrale entre La Tempête du Siècle de King et The Master de Paul Thomas Anderson, la série établit des liens fascinants entre les traditions religieuses et les démons familiers du quotidien, tout en respectant la valeur de la croyance religieuse; un avertissement nuancé contre l'extrémisme religieux (ou la croyance inébranlable sert d'excuse pour le sectarisme et le fanatisme), qui n'oublie jamais d'exposer un éventail de réflexions sur la foi (d'un argument sensé en faveur de l'athéisme à une description ravissante du confort de la croyance).

Copyright Eike Schroter/Netflix

Avant tout et surtout une histoire furieusement humaine, plus tragique et cruelle qu'elle n'est effrayante (démontrant une fois de plus que le pouvoir de suggestion est plus fort que tout), s'amusant avec la symbolique la plus macabre du catholicisme pour mieux poser des questions pertinentes du fanatisme et de la banalité de la violence populaire au coeur du pays de l'oncle Sam (la violence étant d'ailleurs ici aussi désarmante que brutale); Midnight Mass est une expérience exigeante, déstabilisante et émotionnellement dévastatrice, un morceau de terreur sourde et désespérée qui laisse lentement grimper la pression jusqu'à son climax incroyable.
Une merveille, rien de moins.


Jonathan Chevrier





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