[LES CARNETS DE L’ÉTRANGE] : Jour 7
Étrange Festival cuvée 2021 : J-7.
Le rendez-vous de la rentrée pour les cinéphiles parisiens est, comme chaque année, L’Étrange Festival et son lot de curiosités venues des quatre coins du monde. Né en 1993, l’évènement prend place, cette année et comme d’habitude, au Forum des images, dans le centre de la capitale. C’est un immanquable pour tous les passionnés d’horreurs, de genre, de bizarre, de tout ce qui sort des écrans conventionnels et qu’on ne verrait pas ailleurs. Cette année, le festival propose sa traditionnelle compétition, sa sélection Mondovision, ses découvertes de nouveaux talents et ses trouvailles de documentaires mais aussi des cartes blanches et focus. La réalisatrice Lynne Ramsay a ainsi amené quelques œuvres avec elle, tout comme Pierre Bordage. On retrouve, enfin, des projections des films de Atsushi Yamatoya, un focus Fred Halsted et trois films de Yûzô Kawashima.
C’est un programme fort alléchant auquel on est ravi d’assister. Nos rédacteurs se font un plaisir de découvrir, pour vous, ces inédits ou ces rétrospectives.
Léa avait déjà découvert Coffin Homes lors de sa première projection (on vous laisse découvrir le bilan du cinquième jour du festival), c’est au tour de Manon de voir le film hongkongais de Fruit Chan, projeté dans le cadre de la sélection Mondovision. Une famille se voit entièrement décimée par le fantôme de leur mère, une autre peine à cohabiter avec le fantôme d’un enfant et un agent immobilier travaille sur un appartement hanté par un fantôme particulièrement cruel.
Notre rédactrice en ressort un peu… sceptique : « Coffin Homes est laborieux et beaucoup trop long. Le scénario est brouillon, le film peine à se concentrer sur son sujet de l’immobilier dans la ville, il n’a aucune ligne directrice, c’est impossible de deviner les intentions du réalisateur. On retient cependant quelques scènes complètement nanardesques, on ne sait pas si c’est volontaire ou pas mais elles sortent de nulle part et, par leur caractère absurde, deviennent assez drôles tant elles ne répondent à aucune règle. »
© D.R. |
Manon et Léa restent à Hong Kong et se dirige vers Limbo de Soi Cheang, thriller dramatique candidat au prix Nouveau Genre. Deux policiers traquent un tueur qui coupe les mains gauches de ses victimes, toutes des jeunes femmes.
Manon explique avoir été « impressionnée » par le long-métrage : « Limbo brosse le portrait d’une ville désespérée et pluvieuse, en filmant ses bas-fonds, situés à côté d’une ligne de train, qui passe à côté dans l’indifférence totale. La mise en scène est impressionnante, situant la caméra un peu partout, la photographie est superbe. La première bande annonce annonçait une œuvre en couleur, l’horreur, le côté organique des meurtres ressortait davantage mais le (somptueux) noir et blanc accentue l’aspect dramatique. Limbo a cependant le défaut d’être assez convenu, il répond aux codes du genre sans chercher à innover davantage et semble se reposer sur le caractère démonstratif de sa mise en scène et hyper-abouti de sa technique. Ça reste cependant un sérieux candidat au prix Nouveau Genre. »
C’est au tour de Léa de placer quelques mots : « Limbo s’annonçait comme un polar sombre et classique, dans un noir et blanc implacable. Le duo de flics, l’un désabusé, aux limites de la légalité et l’autre jeune, naïf et tenant à respecter les règles n’a pas grand-chose d’original, l’histoire de serial killer tuant des femmes marginales non plus. Mais très vite, on comprend que le film va nous emmener dans des abîmes de culpabilité, de violence et de perversité morale, dans des décors ahurissants de bidonvilles et décharges. Ces espaces liminaires, aux recoins infinis, semblent remplis de toute la lie de l’humanité. Le personnage de Wong To, interprété par une Yase Liu impressionnante de vulnérabilité, une petite voyou qui cherche à survivre à tout prix, est l’incarnation même de ce désespoir permanent. Les scènes de courses poursuite et de combats sont particulièrement éprouvantes, tout comme la violence que subissent les personnages féminins, parfois injustifiée (l’attitude des policiers envers leur informatrice est particulièrement vile). A trop chercher la noirceur partout, le film ne parvient pas à rendre sa fin très convaincante. La promesse d’un “polar poissant et trippant” est en revanche bien tenue. »
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Si vous souhaitez passer un moment dans la torpeur de le pluie Hongkongaise, sachez que Limbo est rediffusé ce mercredi 15 septembre à 18h30.
C’est sur ces mots qui se termine la septième journée de L’Etrange Festival. Nous vous rappelons que l’évènement se poursuit jusqu’à dimanche 18 septembre et que plein d’œuvres attendent toujours nos rédacteur.ices…
La Fucking Team (Manon Franken)