[CRITIQUE] : Guermantes
Réalisateur : Christophe Honoré
Acteurs : Dominique Blanc, Laurent Lafitte, Claude Mathieu, Anne Kessler, Éric Génovèse,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h19min.
Synopsis :
Paris, été 2020. Une troupe répète une pièce d’après Marcel Proust. Quand on lui annonce soudain que le spectacle est annulé, elle choisit de continuer à jouer malgré tout, pour la beauté, la douceur et le plaisir de rester ensemble.
Critique :
Même si le procédé peut profondément faire tiquer plus d'un spectateur, il n'y a - sur le papier - aucun mal à ce que les cinéastes hexagonaux s'inspirent du contexte sanitaire et social actuel, pour potentiellement nourrir leur oeuvre cinématographique : tout n'est finalement qu'une question de but et d'intentions.
Si certains le font au service d'un humour douteux et sans réel intention de méditer un bouleversement encore prégnant - et dont les répercussions sont loin d'être terminées -, d'autres en revanche, prennent ce contexte difficile pour retranscrire comment la pandémie a bousculer leur métier et même plus directement leur existence.
Clairement de ceux-là, Christophe Honoré, que l'on avait laissé la merveilleuse dramédie Chambre 212 (clairement l'un de ses plus beaux efforts), profite d'une mésaventure malheureuse - la déprogrammation d’une pièce adaptée de l’œuvre de Proust -, pour en faire une oeuvre cinématographique pleinement dans son temps, aussi prolixe qu'elle est captivante - non sans quelques longueurs, il est vrai.
Car toute la puissance de Guermantes réside dans ce rapport constant à l'actualité et à notre quotidien perturbé par une crise sanitaire dont on ne peut qu'encaisser les caprices et la violence sourde.
Vissée sur le fil tenu de l'incertitude, celle qui tiraille une troupe perdue entre l'envie de continuer à jouer (même face à la probabilité plus qu'imposante, de ne jamais pouvoir se représenter face à un public) et le fait de résigner face à l'absolu, la caméra capte ces instants de flottement presque irréels au coeur d'un vrai/faux vide créatif, ou l'incapacite de se produire se substitue à la réalité d'une vie devenant elle-même terrain de jeu sans limites.
Une mise en abyme mélancolique et déroutante, ou les comédiens - une troupe de la Comédie-Française - jouent leurs propres rôles (ou tout du moins, laissent subtilement le croire, tant on ne peut jamais quantifier le degré de leur ré-interprétation d'eux-mêmes) avec une totale liberté au sein d'une fiction qui se fait documentaire - ou l'inverse -, une parenthèse pas si enchantée mais fièvreusement rafraîchissante et délicate, entre moments de tensions et d'auto-dérision, qui rend un hommage enlevé à l'oeuvre de Proust.
En chef d'orchestre distant d'un chaos jamais vraiment désorganisé (qui empêche, de manière assez poétique, à un spectacle mort-né de vivre pour l'éternité), Christophe Honoré fait de Guermantes une curiosité singulière, originale et grisante sur la magie du processus de création artistique (et le bonheur du bon vivre-ensemble), démontrant la capacité étonnante que peut avoir le cinéma français à s'adapter à l'actualité... tout du moins, pour le mieux.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Dominique Blanc, Laurent Lafitte, Claude Mathieu, Anne Kessler, Éric Génovèse,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h19min.
Synopsis :
Paris, été 2020. Une troupe répète une pièce d’après Marcel Proust. Quand on lui annonce soudain que le spectacle est annulé, elle choisit de continuer à jouer malgré tout, pour la beauté, la douceur et le plaisir de rester ensemble.
Critique :
En chef d'orchestre distant d'un chaos jamais vraiment désorganisé, Honoré fait de #Guermantes une curiosité originale sur la magie du processus de création artistique (et le bon vivre-ensemble), démontrant la capacité réelle que peut avoir le cinéma FR à s'adapter à l'actualité pic.twitter.com/tndKwUXEuo
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 25, 2021
Même si le procédé peut profondément faire tiquer plus d'un spectateur, il n'y a - sur le papier - aucun mal à ce que les cinéastes hexagonaux s'inspirent du contexte sanitaire et social actuel, pour potentiellement nourrir leur oeuvre cinématographique : tout n'est finalement qu'une question de but et d'intentions.
Si certains le font au service d'un humour douteux et sans réel intention de méditer un bouleversement encore prégnant - et dont les répercussions sont loin d'être terminées -, d'autres en revanche, prennent ce contexte difficile pour retranscrire comment la pandémie a bousculer leur métier et même plus directement leur existence.
Clairement de ceux-là, Christophe Honoré, que l'on avait laissé la merveilleuse dramédie Chambre 212 (clairement l'un de ses plus beaux efforts), profite d'une mésaventure malheureuse - la déprogrammation d’une pièce adaptée de l’œuvre de Proust -, pour en faire une oeuvre cinématographique pleinement dans son temps, aussi prolixe qu'elle est captivante - non sans quelques longueurs, il est vrai.
Car toute la puissance de Guermantes réside dans ce rapport constant à l'actualité et à notre quotidien perturbé par une crise sanitaire dont on ne peut qu'encaisser les caprices et la violence sourde.
Copyright Jean Louis Fernandez |
Vissée sur le fil tenu de l'incertitude, celle qui tiraille une troupe perdue entre l'envie de continuer à jouer (même face à la probabilité plus qu'imposante, de ne jamais pouvoir se représenter face à un public) et le fait de résigner face à l'absolu, la caméra capte ces instants de flottement presque irréels au coeur d'un vrai/faux vide créatif, ou l'incapacite de se produire se substitue à la réalité d'une vie devenant elle-même terrain de jeu sans limites.
Une mise en abyme mélancolique et déroutante, ou les comédiens - une troupe de la Comédie-Française - jouent leurs propres rôles (ou tout du moins, laissent subtilement le croire, tant on ne peut jamais quantifier le degré de leur ré-interprétation d'eux-mêmes) avec une totale liberté au sein d'une fiction qui se fait documentaire - ou l'inverse -, une parenthèse pas si enchantée mais fièvreusement rafraîchissante et délicate, entre moments de tensions et d'auto-dérision, qui rend un hommage enlevé à l'oeuvre de Proust.
En chef d'orchestre distant d'un chaos jamais vraiment désorganisé (qui empêche, de manière assez poétique, à un spectacle mort-né de vivre pour l'éternité), Christophe Honoré fait de Guermantes une curiosité singulière, originale et grisante sur la magie du processus de création artistique (et le bonheur du bon vivre-ensemble), démontrant la capacité étonnante que peut avoir le cinéma français à s'adapter à l'actualité... tout du moins, pour le mieux.
Jonathan Chevrier