[CRITIQUE] : Le Sommet des Dieux
Réalisateur : Patrick Imbert
Acteurs : Lazare Herson-Macarel, Eric Herson-Macarel, François Dunoyer,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Drame.
Nationalité : Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
A Katmandou, le reporter japonais Fukamachi croit reconnaître Habu Jôji, cet alpiniste que l'on pensait disparu depuis des années. Il semble tenir entre ses mains un appareil photo qui pourrait changer l’histoire de l’alpinisme. Et si George Mallory et Andrew Irvine étaient les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l’Everest, le 8 juin 1924 ? Seul le petit Kodak Vest Pocket avec lequel ils devaient se photographier sur le toit du monde pourrait livrer la vérité. 70 ans plus tard, pour tenter de résoudre ce mystère, Fukamachi se lance sur les traces de Habu. Il découvre un monde de passionnés assoiffés de conquêtes impossibles et décide de l’accompagner jusqu’au voyage ultime vers le sommet des dieux.
Critique :
Passé une présentation Cannoise un brin dans l'ombre (la programmation " Cinéma de la Plage ", aux côtés, notamment, de Fast and Furious 9), Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert affronte donc désormais des salles obscures, fruit d'une ambition folle et d'un dévouement philologique sans bornes pour accomplir l'impossible : porter sur grand écran l'un des chefs-d'œuvre de Jirō Taniguchi, sur une durée très (trop ?) limitée de quatre-vingts dix minutes.
Si le passage des pages écrites de Baku Yumemakura à celles dessinées par Jirō Taniguchi pouvait être considéré comme un vrai - et grandiose - pas en avant, force est de constater que la réduction cinématographique d'une œuvre en cinq volumes denses et grandioses, ne s'imposait pas comme une évidence.
Heureusement, cette " trahison " légitime pleinement son entreprise dès sa première bobine, tant Imbert respecte aussi bien les lignes très épurées de Taniguchi (le style du mangaka était déjà furieusement cinématographique sur papier) que la consonance psychologique et la signification épique de son travail, au sein d'une merveille conte philosophique réaliste et haletant.
Resserant grandement le récit original, le film suit le photo-reporter Fukamachi, lancé sur la piste d’Habu, un alpiniste mystérieux et misanthrope, sorte d'Achab des montagnes qui détiendrait l’appareil photo de George Mallory, la preuve potentielle qu’il aurait atteint aux cotes d'Andrew Irvine, le sommet de l’Everest dès 1924.
Un fait qui bousculerait l’histoire de l’ascension en haute montagne, et qui va amener Fukamachi et Habi à tutoyer le " sommet des Dieux "...
Embaumé dans un photoréalisme (lui-même entrecoupé de peintures picturales) somptueux, qui respecte non seulement l'œuvre mère mais confirme surtout la puissance démesurée et sauvage de l'Everest et sa centralité narrative (co-vedette du film, cap sportif et philosophique de Fukamachi et Habu), restituant pleinement le déséquilibre si fascinant et en même temps terrifiant entre les minuscules corps des grimpeurs et la majesté millénaire inébranlable des montagnes; Le Sommet des Dieux se fait le balancier constant et hybride entre dynamisme et contemplation, appel sincère à l'aventure et constat métaphysique passionnant sur le désir obessionnel et insensé - même s'il s'inscrit dans une quête de sens - de l'homme à défier/conquérir les limites que lui impose la nature, quitte à en subir la violence.
Techniquement (notamment un travail minutieux sur le son qui est absolument dingue) et visuellement irréprochable, thématiquement fascinant (au point que ses réflexions dépassent pleinement le cadre de l'alpinisme et de ses acteurs) et d'un réalisme souvent confondant, le film est une pure bouffée d’oxygène poétique et introspective au coeur de l'enfer blanc, une superbe épopée humaine et sensorielle sur l'ambivalence de l'homme dans sa quête d'absolu et de dépassement de soi.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Lazare Herson-Macarel, Eric Herson-Macarel, François Dunoyer,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Drame.
Nationalité : Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
A Katmandou, le reporter japonais Fukamachi croit reconnaître Habu Jôji, cet alpiniste que l'on pensait disparu depuis des années. Il semble tenir entre ses mains un appareil photo qui pourrait changer l’histoire de l’alpinisme. Et si George Mallory et Andrew Irvine étaient les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l’Everest, le 8 juin 1924 ? Seul le petit Kodak Vest Pocket avec lequel ils devaient se photographier sur le toit du monde pourrait livrer la vérité. 70 ans plus tard, pour tenter de résoudre ce mystère, Fukamachi se lance sur les traces de Habu. Il découvre un monde de passionnés assoiffés de conquêtes impossibles et décide de l’accompagner jusqu’au voyage ultime vers le sommet des dieux.
Critique :
Magnifique épopée humaine et sensorielle, #LeSommetdesDieux se fait funambule sur le fil tenu du dynamisme et de la contemplation, en incarnant à la fois un appel sincère à l'aventure et un constat métaphysique passionnant sur l'ambivalence de l'homme dans sa quête d'absolu. pic.twitter.com/vEtTxacr66
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 25, 2021
Passé une présentation Cannoise un brin dans l'ombre (la programmation " Cinéma de la Plage ", aux côtés, notamment, de Fast and Furious 9), Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert affronte donc désormais des salles obscures, fruit d'une ambition folle et d'un dévouement philologique sans bornes pour accomplir l'impossible : porter sur grand écran l'un des chefs-d'œuvre de Jirō Taniguchi, sur une durée très (trop ?) limitée de quatre-vingts dix minutes.
Si le passage des pages écrites de Baku Yumemakura à celles dessinées par Jirō Taniguchi pouvait être considéré comme un vrai - et grandiose - pas en avant, force est de constater que la réduction cinématographique d'une œuvre en cinq volumes denses et grandioses, ne s'imposait pas comme une évidence.
Copyright Wild Bunch Distribution |
Heureusement, cette " trahison " légitime pleinement son entreprise dès sa première bobine, tant Imbert respecte aussi bien les lignes très épurées de Taniguchi (le style du mangaka était déjà furieusement cinématographique sur papier) que la consonance psychologique et la signification épique de son travail, au sein d'une merveille conte philosophique réaliste et haletant.
Resserant grandement le récit original, le film suit le photo-reporter Fukamachi, lancé sur la piste d’Habu, un alpiniste mystérieux et misanthrope, sorte d'Achab des montagnes qui détiendrait l’appareil photo de George Mallory, la preuve potentielle qu’il aurait atteint aux cotes d'Andrew Irvine, le sommet de l’Everest dès 1924.
Un fait qui bousculerait l’histoire de l’ascension en haute montagne, et qui va amener Fukamachi et Habi à tutoyer le " sommet des Dieux "...
Embaumé dans un photoréalisme (lui-même entrecoupé de peintures picturales) somptueux, qui respecte non seulement l'œuvre mère mais confirme surtout la puissance démesurée et sauvage de l'Everest et sa centralité narrative (co-vedette du film, cap sportif et philosophique de Fukamachi et Habu), restituant pleinement le déséquilibre si fascinant et en même temps terrifiant entre les minuscules corps des grimpeurs et la majesté millénaire inébranlable des montagnes; Le Sommet des Dieux se fait le balancier constant et hybride entre dynamisme et contemplation, appel sincère à l'aventure et constat métaphysique passionnant sur le désir obessionnel et insensé - même s'il s'inscrit dans une quête de sens - de l'homme à défier/conquérir les limites que lui impose la nature, quitte à en subir la violence.
Copyright Wild Bunch Distribution |
Techniquement (notamment un travail minutieux sur le son qui est absolument dingue) et visuellement irréprochable, thématiquement fascinant (au point que ses réflexions dépassent pleinement le cadre de l'alpinisme et de ses acteurs) et d'un réalisme souvent confondant, le film est une pure bouffée d’oxygène poétique et introspective au coeur de l'enfer blanc, une superbe épopée humaine et sensorielle sur l'ambivalence de l'homme dans sa quête d'absolu et de dépassement de soi.
Jonathan Chevrier