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[FESTIVAL] : 28ème édition du Festival du Film Fantastique de Gérardmer



La 28ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer s'est terminé avant-hier soir, petit retour à deux têtes sur ce qu'on en a pensé.


Pas de bol, ma première édition de Gérardmer aura été en ligne, et non pas dans les Vosges enneigées. Certes. Ce fut tout de même une expérience très cool, qui a bien fonctionné; d’ailleurs bravo aux équipes du festival qui ont su assurer le passage en ligne du festoche ! L’heure est désormais au bilan des 18 films vus (j’avais déjà écrit sur Possessor et Beauty Water dans Les Carnets de l’étrange, cliquez ici pour lire ça !)

Beauty Water - © D.R

Commençons par parler de la compétition. J’ai débuté avec The Stylist de Jill Gevargizian, un film plutôt intrigant sur une coiffeuse tueuse. Si le propos sur la perte d’identité et la recherche éperdue de modèles dans l’autre est intéressante, le film m’est apparu peu ambitieux et trop étriqué dans sa direction artistique. C’est dommage, reste le final qui, prévisible, n’en demeure pas moins impactant (2,5/5☆). Continuons avec Boys from County Hell de Chris Baugh, qui sent bon l’Irlande et les légendes locales. On y reconnaitra Louisa Harland de Derry Girls, qui insuffle, avec le personnage du père, une touche d’humour salvatrice. Le film est fun mais parfois trop sage, et on reste quelque peu sur sa faim (3/5☆). Ensuite, le Anything for Jackson de Justin G. Dyck propose de réjouissants personnages de grands-parents méchants mais attachants. On y retrouve Sheila McCarthy, la trop craquante Agnes dans Umbrella Academy, en grand-mère désespérée et prête à tout pour faire revivre son petit-fils. Le film se perd cependant sur la fin, ne réussit pas à vraiment effrayer, et laisse globalement un goût d’inachevé (3/5☆). Puis c’est l’heure de Host de Rob Savage, le premier film à m’avoir vraiment fait peur de la compétition (et, comme je vais l’apprendre ensuite, le seul) par son efficace histoire de de fantôme sur Zoom, punissant un groupe de potes prenant tout à la rigolade. Ça aurait carrément pu être mon groupe de pote, les effets étaient inventifs et bien trouvés, en bref ça fait le taff et j’ai caché mes yeux plus d’une fois, en regardant quand même, car ici on aime l’adrénaline (3,5/5☆).

Host - Copyright Shudder

The Other Side
 de Tord Danielsson & Oskar Mellander, est un film “inspiré de faits réels » qui est probablement celui que j’ai le moins aimé de toute la sélection. Aucune originalité, des plans vus et revus mille fois, une pauvreté de la mise en scène abyssale, une résolution qui enlève toute espèce d’enjeu déjà bien maigre de l’histoire, on est face à un raté complet (1/5☆). On attaque ensuite une de mes grosses attentes de la compétition, The Cursed Lesson de Kim Ji-han & Juhn Jai-hong, qui m’avait séduite par l’ambiance de son affiche. Il y a beaucoup de bonnes idées dans le film, des décors très cools, une façon de moquer les stages de yoga new age pour les bobos en manque de beauté, et évidemment une critique de la société coréenne comme a pu le faire Beauty Water, aussi dans la sélection de cette année. Certaines scènes sont très belles, d’autres très malsaines, et les personnages plutôt bien définis ; alors pourquoi tout gâcher avec cette fin sur-explicative, qui ne cherche jamais à achever le film sur une note intéressante (3/5☆).

The Cursed Lesson - Copyright Droits réservés

On attaque enfin le haut du panier de la compétition avec La Nuée de Just Philippot, film qui en révèle beaucoup sur la dureté du secteur agricole en France, en posant des questions très actuelles sur l’environnement, et en se concentrant sur une famille monoparentale très crédible. Les acteurs sont efficaces, les séquences avec les sauterelles sont très bien gérées, occasionnant de vrais moments de body horror, et le rythme est très bien géré. Un succès amplement mérité (4/5☆) ! Puis on continue avec les films français Teddy de Ludovic & Zoran Boukherma, une de mes grosses attentes de la compétition, et peut-être le film qui m’a le plus plu, tellement ses personnages sont attachants (mention spéciale à Pépin), criant de vérité, et qui parlera au plus grand nombre. L’aspect horrifique est bien géré, la métaphore adolescente aussi, les couleurs sont saturées avec de très beaux plans. Une réussite que j’espère voir sortir en salle (4/5☆) ! Sweet River de Justin McMillan m’a beaucoup moins enthousiasmée, tant on dirait un mauvais épisode de Supernatural (pour le budget et les effets ratés) avec un pseudo mystère qui ne parvient pas à maintenir l’intérêt (2/5☆). C’est un peu le même verdict avec Mosquito State de Filip Jan Rymsza, qui certes tente des choses en termes d’effets d’insectes, de scénario et d’ancrage politique, sans parvenir à aller au bout de ses idées et oubliant ses personnages en chemin. Quelques jolis plans sont à sauver tout de même, mais il y avait tellement mieux à faire avec ce postulat de départ, dans lequel même l’aspect body horror n’est pas intéressant (2,5/5☆). Sleep de Michael Venus tente aussi d’être ambitieux dans cette histoire familiale traitant de traumatismes transgénérationnels, mais reste trop austère dans sa mise en scène. Je ne suis pas parvenue à rentrer dans le film, mais retient quelques envolées visuelles vers la fin du film (3/5☆).

Teddy - Copyright Les Bookmakers / The Jokers

Hors compétition, j’ai commencé par regarder Aya et la Sorcière, de Goro Miyazaki, nouveau Ghibli. Si l’animation ne m’a pas spécialement dérangée, voire était parfois franchement mignonne et inventive, j’ai été très déçue par la structure du film et sa durée, qui le fait finir de manière incompréhensible, comme si c’était un pilote d’une série. Ça pourrait bien plaire aux tous petits, mais c’est dommage quand même (2,5/5☆). J’ai pu ensuite voir Archive de Gavin Rothery, qui fait plutôt bon usage de ses décors intérieurs (pour compenser les fonds verts de dehors) avec des robots très attachants, beaucoup plus que le personnage principal, incarné par un Theo James inintéressant. L’histoire se déroule avec une qualité variable, mais sait trouver une fin satisfaisante. En somme, un film de science-fiction peu original (tout ou presque a déjà été fait dans Ex_Machina ou Black Mirror) qui reste honnête (3/5☆). Come True de Anthony Scott Burns m’a conquise par ses visuels éthérés et son ambiance lo-fi, ainsi que son histoire de paralysie du sommeil et de rêves effrayants. Les acteurs sont très bons et crédibles dans ce monde où tous sont perpétuellement fatigués. Sa fin occasionne des débats d’interprétation et montre toute la cohérence du scénario. Une petite pépite (4/5☆). J’avais loupé Impetigore de Joko Anwar à l’étrange festival, horreur indonésienne aux décors très beaux et à l’interprétation solide. Si les enjeux tombent un peu à plat à la fin, cela reste un divertissement efficace dans une ambiance étouffante (3,5/5☆). J’ai été très peu convaincue par Les Animaux Anonymes de Baptiste Rouveure, qui aurait dû être un court métrage, et qui ne parvient pas à dénoncer effectivement les horreurs de l’exploitation animale. C’est longuet, pas toujours bien joué, et ça parvient à se perdre sur une durée pourtant courte (2/5☆).

Come True - Copyright Droits Réservés

Le festival se finit par les films de la Nuit Décalée : d’abord Psycho Goreman de Steven Kostanski, assurément le film le plus fun de cette sélection, sorte de Power Rangers déjanté et gore, vraiment drôle et bien rythmé. Mimi, la protagoniste principale, est super badass et attachante, et déchire même dans ses interludes musicaux. Le monstre n’est pas en reste, toujours décalé par rapport à cette famille moyenne américaine. Une réussite (4/5☆). Ensuite, Slaxx de Elza Kephart offre une critique mordante de la fast-fashion, des influenceurs et d’un certain concept d’entreprise avec une dose maîtrisée de gore et d’humour. Très efficace, parfois drôle et toujours pertinent, c’est également une pépite (4/5☆).

Slaxx - Copyright Droits réservés

Voilà pour mon bilan de cette compétition. Je n’ai pas pu tout voir par manque de temps (pas de Sputnik, de The Mortuary Collection, ni de courts-métrages malheureusement) mais je suis globalement très contente de mes visionnages. Si tout n’était pas bon, loin de là, j’ai apprécié l’ambition et les tentatives des films de faire quelque chose de différent, de déjanté, de gore, dans un contexte cinématographique morose. Le mode en ligne a certes quelques désavantages, notamment au niveau de la qualité variable du stream et d’occasionnelles coupures, mais permet d’apprécier les films en compagnie d’amis de qualité, aux commentaires bien sentis (ils et elle se reconnaîtront). En bref, une édition qui révèle de très bons films et des créateurs et créatrices talentueux.

Mon top 5 :

1. 
Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma
2. 
Come True d'Anthony Scott Burns
3. 
La Nuée de Just Philippot
4. Psycho Goreman de Steven Kostanski
5. 
Slaxx d'Elza Kephart



Léa aka Cilly Karma




Festival gargantuesque s'il en est, la 28ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer s'est tenu en ligne cette année du 27 au 31 janvier, avec au programme une bonne trentaine de péloches en tous genres disponibles exclusivement en VOD pour tous les spectateurs - avec les aléas que cela constituait.
L'amateur de fantastique ne pouvait être qu'aux anges face à une sélection aussi accessible rendant hommage - avec une plus ou moins de justesse selon les efforts - à toutes les facettes ou presque du cinoche qu'on aime tant.

Possessor - © 2019. RHOMBUS POSSESSOR INC. / ROOK FILMS POSSESSOR LTD. ALL RIGHTS RESERVED

Commençons par un peu de cocorico pour une fois, avec deux films primés et qui plus est deux petites bombes qui n'attendent que la réouverture des salles pour en mettre plein les mirettes à tout le monde : La Nuée de Just Philippot (trip anti-entomophobique qui joue habilement sur l’effroi réaliste de la surproductivité, pour cornaquer un put*** de drame social sous fond de body horror Cronenbergien en diable) et Teddy du tandem Ludovic et Zoran Boukherma (petite série B irrévérencieuse incarnant une jolie tragi-comédie sociale et horrifique, un OFNI aussi satirique qu'enlevé qui bouffe les genres qu'il aborde avec un tel enthousiasme, qu'il ne peut qu'emporter l'adhésion de son auditoire), qui démontrent que même s'il est toujours un peu timide, le cinéma de genre a de beaux restes dans nos contrées... quand on lui donne la chance d'exister.

La Nuée - Copyright The Jokers / Capricci

Immense coup de coeur aussi du côté de chez le rejeton Cronenberg, Brandon, qui après un petit coucou au TIFF et à l'Étrange Festival, n'est pas reparti bredouille de la réunion Vosgienne avec son brillant Possessor (il arpente la même route de l'horreur graphique et corporelle que son paternel tout en trassant sa propre voie, pour mieux faire de son second long un solide trip hypnotique et fiévreux, pas exempt de défauts mais d'une ambition enthousiasmante).
Et que dire de Sleep signé Michael Venus, lui aussi primé et dont on ne s'attendait pas à ce qu'il marque autant les rétines (un cauchemar fiévreux et sauvage sur les traumatismes intergenerationnels à la pertinence bien trop réelle pour ne pas troubler, utilisant finement le folklore et les apparats du conte de fées).

Sleep - Copyright Salzgeber & Co. Medien GmbH

Cependant, l'intérêt d'un festival comme Gérardmer réside ailleurs - au-delà de ses bêtes de festivals justement -, dans ses productions moins connues et souvent inédites sur le vieux continent.
Parmi les perles, comme The Stylist de Jill Gevargizian (totalement habité par la performance incroyable de Najarra Townsend, le film démontre avec force et justesse comment la dualité entre les désirs réprimés et les convictions hétéronormatives, peuvent mener à une perte confuse d'identité et à une destruction de soi et d'autrui), la comédie horrifique british Boys From County Hell de Chris Baugh (bande horrifique fun et sanglante avec un joli coeur tendre à l'intérieur, réussissant l'équilibre peu aisé d'incarner une vraie comédie noire et sardonique tout en abordant avec le plus grand sérieux possible sa relecture rafraîchissante du mythe vampirique) ou encore Come True d'Anthony Scott Burns (évocateur et volontairement elliptique dans sa narration à l'énergie cyclique, audacieux et viscéral jusque dans son final radical, un petit bout de SF sombre, hanté et troublant qui peut prétendre à un statut de culte au fil du temps et des multiples visionnages).

The Stylist - Copyright Factoris Films

Mais il y a aussi (heureusement) des bandes imparfaites mais attachantes, comme The Mortuary Collection de Ryan Spindell (une sympathique anthologie sanglante et macabre qui, en bon héritier des Contes de la Crypte, joue pleinement la carte des contes moraux aux péchés violemment punis) et Host de Rob Savage (bande horrifique joliment épurée, modeste et rythmée, dont les atouts résident autant dans l'étonnante étroitesse de son écriture que dans la crédibilité de ses performances et sa gestion de l'espace).
Ou, malheureusement, du bousin de compétition, à t'en péter un enthousiasme : mention à The Cursed Lesson de Kim Ji-han et Juhn Jai-hong (délire érotico-surnaturel boursouflées de clichés et de facilités, totalement plombé une intrigue à tiroirs ennuyeuse et manquant cruellement de profondeur, un pur bad trip frénétique et hystérique) et Butchers d'Adrian Langley (Générique au possible et laissant ses clichés ambulants virer aux stéréotypes indéfendables, ne suscitant jamais d'empathie ni de tension pourtant vitale pour tout survival craspec qui se respecte, le tout shooté avec un manque d'envie et d'inspiration qui force le respect), qui n'ont vraiment pas rendu fière leurs patries pourtant douées pour l'horreur.

Butchers - © Red Hound Films

Mais le vrai kiffe de fin de parcours pour cette cuvée 2021 nous est venu de nos camarades canadiens au coeur de la Nuit Décalée : Slaxx d'Elza Kephart avec son jean tueur (rocambolesque et jouissivement cruel, tournant en dérision une réalité loin d'être aussi drôle, une comédie horrifique nanardesque qui joue habilement la carte de la satire et qui aurait pu pousser encore plus loin le curseur du trip gore au message socio-politique acéré) mais surtout Psycho Goreman de Steven Kostanski (un film hilarant et absurde, totalement conscient de sa nostalgie d'une époque révolue, qui s'amuse à la parodier sous toutes les coutures dans un pur délice trash, gore, fleurtant volontairement avec le bis à forte tendance Z et fleurant bon les Sentaï et les prods Amblin).

Psycho Goreman - Copyright RLJE Films

Deux bandes qui nous ont permis de revoir à la hausse le dernier jour, une édition unique qui a tout fait pour combler le manque des salles obscures.
Mission (presque) accomplie.

Mon top 5 :

1. La Nuée de Just Philippot
2. Sleep de Michael Venus
3. Possessor de Brandon Cronenberg
4. The Stylist de Jill Gevargizian
5. Psycho Goreman de Steven Kostanski


Jonathan Chevrier

Retour sur les 21 billets du blog sur ce festival :

En compétition
Anything For Jackson
de Justin G. Dyck
Boys from County Hell de Chris Baugh
Host de Rob Savage
La Nuée de Just Philippot
Mosquito State de Filip Jan Rymsza
Possessor de Brandon Cronenberg
Sleep de Michael Venus
Sweet River de Justin McMillan
Teddy de Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma
The Cursed Lesson de Kim Ji-han et Juhn Jai-hong
The Other Side de Tord Danielsson et Oskar Mellander
The Stylist de Jill Gevargizian

Hors compétition
Archive de Gavin Rothery
Butchers d'Adrian Langley
Come True d'Anthony Scott Burns
Les Animaux Anonymes de Baptiste Rouveure
Sputnik d'Egor Abramenko
The Dark and The Wicked de Bryan Bertino
The Morturary Collection de Ryan Spindell

Nuit Décalée
Psycho Goreman de Steven Kostanski
Slaxx d'Elza Kephart

Séance spéciale
Aya et la Sorcière de Gorô Miyazaki

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