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[CRITIQUE] : Boys From County Hell


Réalisateur : Chris Baugh
Avec : Jack Rowan, Nigel O'Neill, Louisa Harland,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie, Epouvante-horreur.
Nationalité : Britannique, Irlandais.
Durée : 1h30min. 

Synopsis :
Soyez les bienvenus à Six Mile Hill, un village irlandais où, d’après la légende locale, Bram Stoker y aurait séjourné une nuit. C’est ici qu’habite Eugene Moffat, un jeune homme qui passe la majeure partie de ses journées à boire des pintes avec ses amis et à se moquer des touristes venus visiter la tombe d’Abhartach, un mythique vampire irlandais qui aurait inspiré le personnage de Dracula. Mais une nuit, Eugene et sa bande réveillent par mégarde le maudit suceur de sang et la ville d’ordinaire si paisible se transforme peu à peu en un champ de bataille sanglant…

Critique :


À l'instar de son camarade ricain The Stylist de Jill Gevargizian - également en compétition -, Boys From County Hell est une extension d'un court-métrage vers le long par son propre papa, Chris Baugh - également co-scénariste -, bien décidé à ne pas saloper tout ce qui faisait le sel de son précédent effort.
Bonne nouvelle, il incarne une approche plutôt intelligente mais franchement drôle et irrévérencieuse du ronronnant mythe vampirique (qui a toujours besoin d'un coup de pied au cul à l'occasion), jouant juste ce qu'il faut avec les codes du genre - cinématographique comme littéraire- pour les révolutionner sans jamais trop les trahir; tout en se payant même le luxe d'invoquer Bram Stoker himself (logique tant la représentation vampire lui doit tout ou presque) comme un garant solide de son folklore.

© Moffat & Son - Blinder Films

S'ouvrant sur une scène qui laisse clairement comprendre que cette approche vampirique sera gentiment non conventionnelle (un pauvre petit couple irlandais qui se fait LITTÉRALEMENT vider de son sang, par tous les orifices possibles), l'histoire suit celle d'Eugene Moffat et de ses amis, dont le kiffe ultime et de passer leur temps à boire leur ennui sur les bancs du pub maison, nommé d'après l'auteur Bram Stoker - The Stoker.
Car selon la légende, l'écrivain aurait peut-être emprunté toute l'essence de son roman à une légende locale, lors de sa visite dans ce petit bled irlandais au beau milieu des années 1890. 
Devenu extrêmement populaire et riche grâce à son personnage emblématique Dracula, le petit village rurale et endormi de Six Mile Hill s'est donc mis dans l'idée de capitaliser sur l'aura de l'auteur, histoire de gratter un peu de touristes à l'occasion.
Moffat et sa bande ramassent donc assez souvent des touristes épris de légende, et les mêmes tous au site en pierre d'une légende de suceur de sang locale nommée Abhartach, moyennant de juste ce qu'il faut pour se payer à boire.
Mais lorsqu'un qu'Eugene joue de sa maladresse/bêtise et réveillé Abhartach, le monstre commence son règne de terreur sur les malheureux locaux et seul le jeune homme et sa bande - dont son paternel -, peuvent l'arrêter...
Dénué de tout regard romantique sur sa bête sanguinaire (rien à voir avec Coppola donc), tout en offrant un parallèle touchant sur la jeunesse irlandaise (sans perspective d'avenir ou presque, elle se noie dans l'alcool et voit leurs villages locaux incarner des cercueils à ciel ouvert), Boys From County Hell, plus que généreux dans ces effets et références, rappelle instinctivement Shaun of The Dead puisqu'il boxe clairement sur le même terrain (avec un héros immature qui fuit les responsabilités et qui doit se faire violence pour grandir, face à des proches le considérant comme un incapable); mais aussi 30 Days of Night, de son cadre limité (un village à la lisière du huis clos) à ces suceurs de sang vicieux (Abhartach ne ressemblant d'ailleurs à aucun vampire vu à l'écran à ce jour), voire même The Lost Boys.

© Moffat & Son - Blinder Films

Réussissant l'équilibre loin d'être aisé de plonger tête la première dans la comédie noire et sardonique (avec un humour qui nait dans les rebondissements de l'histoire plus que dans les dialogues), tout en abordant avec le plus grand sérieux possible son postulat horrifique au coeur d'un cadre verdoyant - coucou An American Werewolf in London -, le film est une vraie comédie horrifique sanglante (et qui n'a jamais peur de sa noirceur) avec un joli coeur tendre à l'intérieur, que ce soit dans sa relation filial (entre un père et un fils qui vivent continuellement dans une déception réciproque de l'autre), ou dans l'aspect hautement sympathique de sa belle galerie de personnages (notamment Jack Roman, à l'héroïsme savourement maladroit).
Ça ne casse pas trois pattes à un canard unijambiste certes, mais c'est une balade modeste, délicieusement effrayante et amusante sur les notions de maturité et de tradition (Abhartach peut se voir comme une métaphore d'un rejet de la modernité et d'une féroce croyance aux traditions, condamnant les gens à l'extinction puisque totalement retournés sur eux-mêmes), apporte fièrement sa pierre rafraîchissante et un poil kitsch à l'édifice du mythe vampirique sur grand écran... et c'est déjà (très) bien comme ça.


Jonathan Chevrier


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