[CRITIQUE] : Archive

Réalisateur : Gavin Rothery
Acteurs : Theo James, Stacy Martin, Rhona Mitra,…
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Science-fiction.
Nationalité : Britannique, Hongrois, Américain.
Durée : 1h49min

Synopsis :
George Almore est un roboticien sur le point de faire une découverte capitale. Dans un laboratoire secret, il élabore un robot humanoïde dont le dernier prototype, J3, est presque terminé. Chaque modèle est une réplique de plus en plus avancée de sa femme Jules, décédée lors d’un brutal accident de la route. Porté par son amour pour elle toujours vivace, George a volontairement omis de divulguer le véritable but de ses recherches : créer un clone parfait de son épouse…

Critique :

Mélancolique et prévisible autant qu'il tire grave en longueur et est sinistre dans son fond,#Archive, sorte de smoothie pas totalement frais entre Moon, Ex_machina et Frankenstein, trouve néanmoins le moyen fou d'être divertissant dans sa volonté de ne jamais trop être cérébrale pic.twitter.com/dLPNqQK1ZV
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 4, 2021

En 2038, un informaticien solitaire travaille secrètement sur une version Android de sa femme décédée dans un accident de voiture : est-ce un acte de pur romantisme ou est-ce quelque chose de plus sinistre et pervers ?
C'est la question à un million de dollars qu'essaie de répondre le wannabe cinéaste Gavin Rothery pour son premier passage derrière la caméra - il est également derrière le script -, Archive (passé par Gérardmer il y a une poignée d'heures et déjà dans les bacs), petit bout de thriller SF futuriste et " lo fi " sous fond d'intelligence artificiel abordant les thèmes charnières de l'amour, de la mort et de la robotique.

Véritable carrefour de références diverses sur pellicule, frappé avec plus ou moins de justesse par le processus de citation/réappropriation de Rothery, la péloche incarne un smoothie pas totalement frais mais divertissant entre Moon (sur lequel le cinéaste portait la casquette de concepteur graphique), Ex_machina et Frankenstein; en s'aggripant aux basques de l'informaticien solitaire George Almore, enfermé dans un centre de recherche/bunker éloigné au Japon, et qui travaille secrètement sur une version Android de sa femme Jules décédée dans un accident de voiture.
Son dernier prototype J3, est son effort le plus proche de la réalité : un humanoïde très avancé avec une peau un poil effrayante et pâle, incarnant in fine le fantôme de sa femme décédée.
De quoi faire tirer la tronche à J1 et J2, ses prototypes plus anciens et plus maladroits, qui regardent amèrement ce modèle plus récent et élégant attirer toute l'attention de George...
N'inventant pas l'eau chaude et sans doute sorti dix ans trop tard pour ne pas subir amèrement le jeu des comparaisons avec ses plus récents aînés, Archive, pourtant flanqué dans un univers élégant faisant ses fît de ses moyens modestes (un avenir proche et sans artifice qui ressemble beaucoup à aujourd'hui), laisse la fâcheuse impression en bouche d'incarner un recyclage en règle du genre avec une intrigue à tiroirs aux dits tiroirs vides.
Un bel objet glacial mais manquant de corps et de coeur, pas aidé non plus autant par le jeu monolithique de Theo James - aussi expressif que portière sans poignée -, qu'un manque total d'emprise émotionnel (un développement dramatique au ras des pâquerettes), malgré un romantisme totalement assumé (le héros fera vraiment tout ce qu'il faut pour retrouver sa femme).

Mélancolique et prévisible (en fin de compte, George comme 99,9% des scientifiques de la série B modeste et fauchée, joue à Dieu en créant une femme non pas à partir d'une côte comme Eve, mais de composants électriques et de programmation informatique), autant qu'il tire férocement en longueur (jusqu'à son twist final artificiel et auto-satisfaisant) et est sinistre dans son fond (avoir constamment le contrôle sur sa création, représentant son image posthumaine de son idéal féminin); Archive trouve néanmoins le moyen fou divertissant autant dans son approche technique irréprochable (superbe photo, joli production design) que dans sa volonté de ne jamais trop être cérébrale, lui qui ne promet nullement donner une conférence sur l'IA.
Et dans un sens, heureusement...

Jonathan Chevrier