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[CRITIQUE] : As we like it

Swallow Wings Films

Réalisateur/trice : Chen Hung-i et Muni Weir
Avec : Aggie Hsieh, Puff Kuo, Camille Chalons, ...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Romance
Nationalité : Taïwanais
Durée : 1h47min

Synopsis :
Relecture de Comme il vous plaira de Shakespeare, As We Like It suit les parcours d’Orlando, de Rosalind et de trois autres couples potentiels dans la métropole animée de Taipei.


Critique :



Présenté dans la section Big Screen du Festival International de Rotterdam, As we like it reprend la célèbre pièce de Shakespeare dans une version drama taïwanain légère et colorée.
Réalisé par le duo Chen Hung-i et Muni Wei, dont c’est le premier film ensemble, les deux cinéastes sont connus pour produire et mettre en scène des satires piquantes sur la politique, les questions du genre avec un style ludique. Il n’est donc pas étonnant de voir leur choix d’un casting exclusivement féminin, pour jouer tous les rôles. Au-delà de l’aspect fun, un carton en fin de film nous rappelle que les femmes n’étaient pas autorisées à se produire au théâtre, au temps de notre cher William. Ce choix est donc bien conscient et se veut un hommage aux femmes artistes, qui n’ont pas toujours eu la vie facile dans une société patriarcale. Il est pertinent de souligner que la co-réalisatrice de As we like it, Muni Weir est une directrice de théâtre influente qui a fondé la compagnie Shakespeare’s Wild Sisters Group. Un nom inspiré du livre de Virginia Woolf, Une chambre à soi, où elle raconte l’histoire imaginaire de Judith Shakespeare, sœur du dramaturge. Taiwan est aussi le premier pays à avoir légalisé le mariage homosexuel en 2019, et le seul de son continent à ce jour. Sous ses airs de romance douce, As we like it détient un propos plus incisif et politique qu’il n’y paraît. 

Swallow Wings Films

Entre réalité sociale et fantasme utopique, les cinéastes réinventent le quartier de Ximending à Taipei comme une zone sans Internet, une forêt des Ardennes moderne. Orlando tombe amoureux de Rosalind, sans savoir que leur destin est déjà lié. Voulant lui jouer un tour, pour tester ses sentiments, Rosalind devient Roosevelt, frère jumeau factice. Tous deux partent à l’aventure pour trouver le Duc, père de Rosalind/Roosevelt, qui a mystérieusement disparu. Une quête présentée comme des paliers de jeu vidéo, avec un boss final, qui nous rappelle étrangement une autre romance, Scott Pilgrim VS the world d’Edgar Wright. Orlando, qui ne se doute pas de l’entourloupe de son compagnon de route, finit par aimer autant Roosevelt que Rosalind, plaçant l’amour au-delà du genre et de ses stéréotypes.
En plus de sa romance mignonne et légère, As we like it prône le retour à la nature et à une vie plus calme. Orlando s’oppose au plan de rénovation urbaine de son père et commence à travailler dans un service de livraison qui remplace les textos. Un Whatsapp grandeur nature, où les proches s’envoient des lettres par coursier interposé. La recherche du Duc implique la visite d’un jardin caché, où les traditions sont mises en avant. Propos louable certes, mais un poil trop enfantin cependant pour être véritablement pris au sérieux. Le film souffre d’une terrible baisse de rythme, la magie acidulée commençant à faiblir, avant de repartir pour un final haut en couleur et doux comme un chamallow.
Adaptation façon drama taiwanain d’une pièce de William Shakespeare, As we like it rend hommage à sa manière aux femmes artistes invisibilisées à cause de leur genre et prône une vie sans Internet, une vie libre où l’on trouve l’amour et la paix. Un parti-pris naïf mais agréable.
 

Laura Enjolvy 



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