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[CRITIQUE] : The North Wind

Réalisatrice : Renata Litvinova
Avec : Renata Litvinova, Anton Shagin, Sofia Ernst, Galina Tyunina, Svetlana Khodchenkova, Uliana Dobrovskaya, ...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique, Romance
Nationalité : Russe
Durée : 2h02min

Synopsis :
Le clan matriarcal dirigé par la magnifique Marguerite entre dans une période turbulente car son fils a perdu sa fiancée bien-aimée. A chaque nouvel an, la famille se retrouve. Marguerite a la conviction qu’elle peut briser ce cercle répétitif, vaincre la mort et ramener cet amour perdu à la vie.

Critique :


L’actrice et réalisatrice russe Renata Litvinova vient présenter son nouveau long métrage au Festival International de Rotterdam, The North Wind, dans la section Big Screen. Conte de fée baroque sur plusieurs décennies, la cinéaste met en scène et interprète une matriarche d’une famille aisée. Elle nous raconte en voix-off leur déclin, leur joie, leur peine.
Chaque année, Margarita fête le nouvel an avec toute sa famille dans leur immense manoir coupé du monde. Un rituel crucial pour commencer la nouvelle année. Treize coups sonnent au lieu de douze, qui leur donnent du temps pour écrire un vœu, le brûler, verser les cendres dans un verre à champagne et le boire tous ensemble. The North Wind se structure par la répétition de cette fête, année après année, et forme un témoignage du temps qui passe. Œuvre esthétisante, Litvinova propose une réflexion intense sur la machine infernale qu’est la vie. L’univers singulier de la réalisatrice se déploie dans une atmosphère baroque sublime, décorée avec une multitude d’objets, des trésors de l’ancien temps. Ils envahissent le cadre et donnent vie au conte de fée. Un travail faramineux a été fait sur les costumes, créés par Demna Gvasalia, directeur artistique de Balenciaga et fondateur de la marque Vetements. Des pièces magnifiques, uniques, qui prennent parfois toute la place et invisibilisent les acteurs, devenant tout autant des personnages essentiels.

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Margarita rencontre enfin la fiancée de son fils adoré, Benedict, au début du film. Dans ce manoir à la décoration bourgeoise et excessive, Fannie est accueillie comme une reine, elle est même invitée à énoncer à voix haute son vœu pour la nouvelle année : que son futur mari n’aime qu’elle toute sa vie. Malheureusement, ce vœu se réalisera malgré un accident tragique. Fannie meurt brutalement d’un crash d’avion. Fou de douleur, Benedict se marie avec la sœur de Fannie, Faina, dans l’espoir de la faire revivre à travers son épouse. Il n’en résultera que frustration et haine. Cette mort brutale devient le point de départ du déclin. Plus la grandeur s’estompe, plus la demeure s’assombrit. Margarita s’accroche comme elle le peut à ce qui se trouve proche d’elle. Seul personnage qui ne connaît pas les affres du temps, son visage marmoréen reste inchangé. Sans âge, elle traverse le temps du récit comme un vampire. Elle est le symbole de sa famille, un monde enraciné dans un passé glorieux, voué à péricliter. Le personnage de Litvinova, pourtant très attaché à sa famille, déclenche la destruction du cycle rassurant de leur vie par un son obsession d'un amour qui ne viendra jamais. Cette foi en un unique amour fait tomber les membres de la famille un à un, incapable d'un tel sacrifice. Margarita se dresse comme le dernier rempart d'un monde en constant changement. 
Avec un sens aigu du détail, la cinéaste crée un univers unique dans lequel l’esthétique baroque époustouflante sert d'entrée à une réflexion plus dense sur le passé. The North Wind est une fresque gothique comme on en fait plus, riche et passionnante.


Laura Enjolvy




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