[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #109. Semaine du 4 au 10 octobre 2020
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 4 Octobre au 10 Octobre
Au Revoir Là-Haut de Albert Dupontel sur France 2.
Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..
Adapter un prix Goncourt n’est jamais une chose aisée, le prestige de ce petit bandeau rouge ne peut tolérer qu’une version cinématographique exceptionnelle et c’est bel et bien le cas de Au Revoir Là-Haut. Albert Dupontel s’empare de l’œuvre de Pierre Lemaitre pour créer quelque chose de foncièrement fidéle et étrangement dupontelien. Au Revoir Là-Haut anime une fresque picaresque dans laquelle le cinéaste fait virevolter les émotions, aussi bouleversant que désopilant, le récit secoue son spectateur et l’entraine dans cet univers acide-ment politique et magiquement burlesque. Il fallait certainement pour donner du cœur à l’œuvre toute la mise en scène de Dupontel, qui offre ici un objet aussi exigeant que populaire. La caméra se balade avec élégance et inventivité dans des décors flamboyants pour créer des écrins poétiques. Une merveille de cinéma artisanal et universel.
Mais aussi... 6Ter propose La Guerre des Mondes de Steven Spielberg. 28 ans après, Spielberg désenchante sa rencontre avec le troisième type, essorer par l’histoire moderne — les attentats du 11 Septembre — le cinéaste vient offrir une vision cauchemardesque où l’horreur ne cesse de happer. En ressort un blockbuster sombre, qui ne laisse pas de répit et prouve toute la maitrise d’un réalisateur au sommet de son art.
Lundi 5 Octobre.
Alien Covenant de Ridley Scott sur C8.
Les membres d’équipage du vaisseau Covenant, à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore intouché. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper.
Je suis incorrigible, dès qu’un Ridley Scott est diffusé je ne peux m’empêcher de le conseiller. Encore plus quand on s’apprête à évoquer les années 2010 du cinéaste souvent sujet à débat au sein des cinéphiles. Si Prometheus ne m’avait pas entièrement convaincu, Alien Covenant lui m’a totalement fait adhérer au projet de Scott. Car, avec ce nouveau film, le cinéaste confirme la mutation de sa saga en la raccordant aux thématiques d’un de ses autres films : Blade Runner — l’un des premiers plans du film parle de lui-même. Néanmoins, les deux films ne se déroulent pas dans le même univers, Covenant est juste un aveu de la part de son géniteur. Cette saga n’est plus tellement accés sur la naissance de l’alien, mais sur son créateur, l’androïde David. En ressort alors une œuvre imbibée d’un saisissant nihilisme, à la fois biblique et futuriste, aussi funeste que déstabilisant.
Mardi 6 Octobre.
L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet sur France 4.
T.S. Spivet vit dans un ranch du Montana avec sa mère obsédée par la morphologie des coléoptères, son père cow-boy né cent ans trop tard, et sa sœur de quatorze ans qui rêve de Miss América. Enfant prodige de 12 ans, T.S. reçoit, un jour, un appel inattendu du musée Smithsonian lui annonçant qu’il a reçu le très prestigieux prix Baird pour la découverte de la machine à mouvement perpétuel. Il est invité à venir faire un discours à Washington. À l’insu de tous, il décide alors de traverser les États-Unis dans un train de marchandises pour se rendre dans la capitale...
Le dernier film en date de Jean-Pierre Jeunet est un petit joyau sensible, malicieux et bouleversant. Le cinéaste apparait comme plus mature dans ce road trip où il ne cherche pas toujours la multiplicité des plans originaux, mais bel et bien a articulé une œuvre splendide épousant des contours andersonien. Ce road trip fait défiler les paysages et les émotions, car, au long de cette route; T.S. Spivet va inviter quelques instants fantaisistes et effleurer la tristesse, se laisser aller à l’exaltation pour finir par émouvoir dans un discours qui vient faire couler quelques larmes. Autrement dit, ce film à la chaleur du cœur et offre dans le début de l’automne un moment doux et sincère.
Dans le même genre... TF1SeriesFilms propose Quelques Minutes Après Minuit de J.A. Bayona. Au travers le prisme de l’imagination, le cinéaste construit un récit sur le deuil. En cela, il rejoint son modèle, Spielberg, prendre le genre pour évoquer une douleur « adulte ». Comme ce dernier, il manie avec minutie les sentiments humains afin de donner au spectateur une décharge émotionnelle qui le laisse ravager.
Thibaut Ciavarella