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[CRITIQUE] : Blackbird


Réalisateur : Roger Michell
Acteurs : Susan Sarandon, Kate Winslet, Mia Wasikowska, Sam Neill, Lindsay Duncan,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min 

Synopsis :
Lily et son mari Paul, décident de réunir enfants et petits-enfants pour un week-end dans leur maison de campagne. Trois générations d’une même famille se retrouvent, avec Jennifer, l’aînée, son mari Michael et leur fils de 15 ans, Jonathan, mais aussi Anna, la cadette, venue avec Chris, sa compagne. En fait, cette réunion de famille a un but bien particulier : atteinte d'une maladie dégénérative incurable, Lily refuse de subir une fin de vie avilissante et décide de prendre son destin en main. Mais tout le monde n’accepte pas cette décision. Non-dits et secrets remontent à la surface, mettant à l’épreuve et redessinant tous les liens qui unissent les membres de cette famille, alors que le temps des adieux approche…



Critique :


Le plus britannique des réalisateurs sud-africains nous revient en salles avec un drame poignant au casting cinq étoiles.



Roger Michell. Son nom sent le Londres romantique, les couples qui se forment le temps d’un week-end, autour d’un boulot prenant ou dans une librairie. Blackbird a beau être un film américain, le réalisateur y apporte une touche british, grâce à son décor, mais aussi à la façon dont il filme les différentes relations de ses personnages, haut en couleur. C’est par hasard qu’il rencontre Christian Torpe, le scénariste du film Silent Heart (Stille Hjerte en danois) qui a adapté son histoire pour en faire une production américaine. Il prend alors à bras le corps ce récit familial, déchirante pour créer ce qu’il sait faire de mieux : filmer l'émotion. Susan Sarandon s’apprête à dire au revoir à ses deux filles Mia Wasikowska et Kate Winslet, son mari Sam Neill, sa meilleure amie Lindsay Duncan, son petit-fils et son gendre Anson Boon et Rainn Wilson, ainsi que la petite amie d’une de ses filles Bex Taylor-Klaus.



La bande-annonce et même le synopsis peuvent nous donner un fausse image du film. Lily et Paul reçoivent leurs enfants pour le week-end et nous nous attendons à voir un film familial qui tourne mal. Il n’en est rien. Blackbird n’est pas une comédie dramatique classique, où les protagonistes se racontent leur quatre vérités pour ensuite se rabibocher et créer un happy-ending. Il ouvre un dialogue, controversé, sur la mort et le choix, celui d’abandonner la lutte consciemment, de partir l’esprit clair. C’est le choix de Lily et quand le film commence, toute la famille est déjà au courant. Atteinte d’une maladie dégénérescente, elle a perdu l’usage d’un bras et continuera à perdre la motricité de son corps petit à petit jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer sans l’aide de machine. Le film commence par un quotidien que l’on découvre, comme si nous prenions l'histoire en cours de route. La révélation a eu lieu hors du temps du récit, les discussions, les potentielles disputes, les cris, les larmes. La famille est passée par là et a finalement accepté la décision de Lily, déterminée à s'ôter la vie.




Les personnages arrivent au compte goûte, pour nous laisser le temps d’appréhender leur caractère. Jennifer et sa petite famille arrivent en premier. Fille aînée, campée par Kate Winslet, elle préfère se comporter comme si tout était normal, malgré le fait qu’elle voit sa mère pour la dernière fois. On comprend très vite qu’elle n’aime ni le hasard, ni la désorganisation, tout l’inverse de sa petite sœur, Anna (Mia Wasikowska). Lesbienne, indécise sur sa vie professionnelle, elle a invité son ex Chris à la “petite fête”, même si elle compte appeler la police pour empêcher sa mère d’accomplir son acte. On comprend bien vite que ce sera explosif entre elles deux. Les autres entourent Lily, pour la soutenir, lui rappeler les bons souvenirs et la conforter dans sa dure décision. Les sentiments s'exacerbent tandis que le film déroule son récit. Les règlements de compte, les non-dits s’exposent, le drame classique s’installe alors. C’est le problème de faire appel à un réalisateur comme Roger Michell, qui sait filmer comme jamais les explosions de sentiments entre les différents personnages, mais qui n’ira jamais plus loin dans le propos le plus intéressant, qui est la question de l’euthanasie choisie. Blackbird entoure ce sujet d’une douce émotion, l’esquive, y fait allusion, mais ne creusera pas profondément. Une distanciation finit par se créer, quand on commence à connaître cette famille, riche, coupée du monde par une grande propriété proche de la plage. Comment parler frontalement d’un sujet aussi lourd quand les personnages sont aussi déconnectés, vivant dans un catalogue en papier glacé ? La réalité n’a pas d’accroche sur eux, ce qui peut expliquer le manque de risque dans le scénario.



Mélodramatique, le film de Roger Michell a le bon goût d’explorer des sentiments bien réels ( bien que montrés assez superficiellement) face à la décision de la matriarche de la famille. Blackbird crée la surprise par son sujet et la façon dont il l’aborde, mais reprend bien vite son drame familial classique, ronronnant grâce aux codes bien huilés entre dialogues explicatifs et lumières douces, entourant le film d’une aura des plus british.


Laura Enjolvy



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