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[LES CARNETS DE L’ÉTRANGE] : Jours 9 et 10


#Épisode 5. Jours 9 et 10.

Comme chaque année, l'Etrange Festival se déroule début septembre à Paris, au Forum des images. C'est l'occasion pour nos humbles rédacteur.ices de découvrir un tas de films de genre, films bizarres ou curiosités cinématographiques. 



Eléonore démarre cette journée du 10 septembre en découvrant Impetigore, un film d'horreur indonésien / sud-coréen, réalisé par Joko Anwar. Lassée d'une vie urbaine indigente où seule sa meilleure amie Dini la réconforte, Maya décide de rejoindre avec elle son village natal. Elle espère revoir la maison familial désormais abandonnée dont elle a hérité. En arrivant sur les lieux, elles découvrent des habitants hostiles...
L'avis d'Eléonore :




Le film indonésien Impetigore souffre d’un vrai problème de rythme ainsi que d’une écriture de personnages hasardeuse. C’est dommage car la scène d’introduction est vraiment réussie, le ton enlevé et rapide laissait présager un film plus proche de la comédie horrifique que du drame qui suivra. Une fois les dix premières minutes écoulées, il m’a été difficile d’accrocher aux personnages et à leurs enjeux, et j’ai bien vite lâché l’affaire. Éléonore.

© D.R.


De son côté, Manon va voir Hamburger Film Sandwich, un film de John Landis sorti en 1977, choisi par Marjane Satrapi dans le cadre de sa carte blanche. Pastichant les programmes télé en sondant leur bêtise abyssale, l'équipe de John Landis et des ZAZ vous propose un gigantesque zapping. Au programme : gorille obsédé sexuel lâché sur le plateau, débats hautement improbables, parodies de films d'action, cours d'éducation sexuelle, fausses publicités.
Elle a apprécié l'expérience : 


Hamburger Film Sandwich porte très bien son nom. C'est une succession de sketchs parodiques présentés comme un zapping, un sandwich cinématographique qu'on savoure puisqu'il est très drôle et peut convaincre, par sa folie, même ceux qui ne sont pas nécessairement adeptes des films à sketchs. Manon.


© D.R.


Manon va ensuite voir Brumes de chaleur, un film du japonais Seijun Suzuki, présenté dans le cadre de sa rétrospective Taisho. On laisse l'Etrange Festival l'expliquer : "La trilogie Taisho occupe une place atypique dans la filmographie de Suzuki. Ceux qui connaissent ses polars secs de 90 minutes risquent fort d'être surpris face à ces échappés colorées et baroques". Le film date de 1981 et constitue une sorte de mélange entre une construction énigmatique qui n'est pas sans rappeler David Lynch (s'en serait-il inspiré ?) et du théâtre kabuki, avec un soupçon d'érotisme. Ce n'est probablement pas l'oeuvre la plus "évidente" du festival.

© D.R.


Manon continue à découvrir la carte blanche Marjane Satrapi avec La Nina de fuego, un thriller dramatique espagnol réalisé par Carlos Vermut et qui date de 2015. Un trio de personnages se retrouve plongé dans un tourbillon de tromperies. Barbara est une belle jeune femme psychologiquement instable que son mari tente de maîtriser. Damian, un détenu au passé trouble, n'ose pas sortir de prison de peur de la revoir. Luis, père aimant d'une petite fille malade il souhaite exaucer le dernier rêve, s'engage dans un chantage, mais il ne prend pas encore conscience des dangers qu'il encourt.
Son avis : 

La Nina de fuego est réussi en deux points : c'est à la fois un horrible drame qui prend au coeur, comme un thriller bien ficelé qui prend aux tripes. Mais on peut largement lui reprocher une complaisance dans la façon dont il se délecte de la souffrance de ses personnages : en plus d'être un fatalisme un peu lourd, il joue la carte de la cruauté facile. Dommage parce qu'il est, sinon, plutôt bien réussi, même si les personnages sont inégaux. Manon.


© Collection Christophel


Le lendemain, le 11 septembre, il est temps de faire place d'abord à The Trouble With Being Born, second long-métrage de Sandra Wollner, une bande SF sur le thème de l'androïde dont le titre désespéré reprend le nom de l’ouvrage de Cioran, De l’inconvénient d’être né.
L'avis d'Eléonore :

The trouble with being born est un film de science-fiction comme je les aime : noir, cynique, provocant et désespéré. Second long de l’autrichienne Sandra Wollner, il est parfaitement maîtrisé. Elle jongle avec les tabous et la déshumanisation lié à l’environnement. L’être humain est affreusement seul et petit : dans une forêt trop silencieuse, le long d’une autoroute tonitruante, sur un chantier assourdissant mais surtout face à ses souvenirs et pulsions. La technologie, l’intelligence artificielle est le seule refuge à cette solitude humaine. Les personnages, eux, sont filmés sans artifices, et ce choix de mise en scène, de narration crue sied au propos du film et va m’inciter grandement à suivre la carrière de cette jeune réalisatrice. Éléonore.

© D.R.


Mais le gros morceau de la journée était sans aucun doute Kalijionnaire, troisième long-métrage de Miranda July, qui convainc plutôt la rédaction.

L'avis d'Éléonore :

Kajillionaire était le film feel-good dont j’avais besoin après la noirceur de The trouble with being born. Comédie réalisée par la touche-à-tout Miranda Joly, ce film est une critique loufoque de l’Amérique actuelle, doublée d’une comédie romantique touchante. On aime pour ses acteurs qui ont sûrement du s’éclater à créer leur personnage et à tourner les scènes plus burlesques, et on adore pour la générosité de l’ensemble qui ne pourra que vous faire passer un bon moment. Éléonore.

L'avis de Manon :

Sans être transcendant, Kalijionnaire est un film à la Sundance fort sympatique, l'histoire plus douce qu'amère d'une jeune femme qui apprend à recevoir l'amour et à aimer. Le jeu d'Evan Rachel Wood peut agacer mais il faut reconnaître qu'elle le tient très bien, quant à Gina Rodriguez, synonyme de bienveillance absolue, elle est absolument charmante (et c'est là une part de son jeu - précisons le), faisant de ses moindres gestes quelques choses de fascinant, s'inscrivant comme symbole d'une force nouvelle. Manon.

L'avis de Jonathan :



Incroyablement terre-à-terre, oscillant entre l'idée cynique que les liens familiaux sont souvent bardés de conneries, mais aussi celle que tout le monde mérite un peu tant soit peu d'amour dans ce monde de brut - même les introvertis les plus déconnectés du monde -, Kajillionaire offre une variation fascinante du concept de l'enfant sauvage, rendue d'autant plus distinctive par l'environnement urbain hostile et constamment en mouvement, qui l'entoure. Jonathan.

Vous pouvez retrouver, pour continuer l'expérience, la critique complète de Jonathan sur le lien ici.


© Matt Kennedy/Focus Feature


Manon Franken