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[CRITIQUE] : En boucle


Réalisateur : Junta Yamaguchi
Acteurs : Riko Fujitani, Manami HonjôGôta Ishida,...
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Comédie, Fantastique, Science-fiction.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h26min.

Synopsis :
Une nouvelle journée commence à l’auberge Fujiya, nichée au coeur des montagnes japonaises. Une journée ordinaire… ou presque : car les uns après les autres, les employés et les clients se rendent compte que les mêmes 2 minutes sont en train de se répéter à l'infini... Certains veulent en sortir, d’autres préfèrent y rester, mais tous cherchent à comprendre ce qui leur arrive.





Quelle frustration que notre rapport au temps ! Ce dernier s’écoule continuellement, ne peut se récupérer ou nous permettre de réparer une erreur que l’on a commise. La façon dont l’art appréhende ses paradoxes s’avère alors une façon de confrontation impossible dans le réel, pouvoir d’une fiction nous permettant de compenser les difficultés du quotidien dans une forme parfois amusante. Dans ce sens, Junta Yamaguchi avait fait fort avec la bête de festival Beyond the infinite two minutes en jouant d’une vue de deux minutes dans le futur pour théoriser avec amusement sur notre propre perception du temps.
Le réalisateur japonais revient ici avec En boucle, qui se développe autour d’un autre paradoxe temporel en enfermant les clients et employés d’une auberge dans une boucle perpétuelle de deux minutes.

Ici, le plan-séquence théâtral animant le précédent film se réduit logiquement en des séquences repartant toujours d’un même point de départ, avec une caméra à l’épaule accentuant la perte de contrôle des personnages. La sensation de répétition qui peut animer malgré tout ce genre de long-métrage ne se retrouve pas ici, le film n’hésitant pas à exploiter au maximum son principe dans une forme d’enfer personnel absolument hilarant, comme ces protagonistes se plaignant de manger encore et encore le même plat.

Copyright 2023 EUROPE-KIKAKU / Tollywood

Pourtant, Junta Yamaguchi va se mettre peu à peu dans une forme de décalage en gardant le focus sur Mikoto et son rapport relationnel. De là, l’artifice narratif se fond dans une approche romantique où l’amour et le rapprochement se révèlent indispensables. Le fait même d’emmener tout un groupe dans cette boucle accentue ce besoin de communauté et de rapprochements entre individus, le tout avec un cœur débordant de la narration tout en enrichissant son propos. Ainsi, on ne ressent aucun essoufflement ou rechute dans l’heure et demie de durée.

En boucle perpétue alors l’inventivité de Junta Yamaguchi dans ses high concepts temporels tout en prenant des contours humains assez tendres, renvoyant à un rapport au temps qu’il faut se réapproprier pour aimer et exister. On se plait alors à imaginer quelle sera la prochaine pirouette science-fictionnelle du metteur en scène japonais tout en appréciant cette approche amusante, ludique visuellement mais surtout avec beaucoup de cœur, aussi bien pour ses personnages que pour son audience. De quoi lui garantir un bon succès en salles ? On l’espère tant il est difficile de ne pas être charmé par pareille proposition.


Liam Debruel