[CRITIQUE] : Y'a-t-il un flic pour sauver le monde ?
Réalisateur : Akiva Schaffer
Acteurs : Liam Neeson, Pamela Anderson, Paul Walter Hauser, Danny Huston, Moses Jones,....
Distributeur : Paramount Pictures France
Genre : Comédie, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Un seul homme possède des compétences… disons uniques… pour diriger la prestigieuse Brigade Spéciale et… sauver le monde, tout simplement ! Cet homme, c’est le lieutenant Frank Drebin Jr. — oui, vous avez bien lu — c’est lui qui suit les traces de son illustre père dans Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?
Au sein d'une comédie américaine dont l'état de sécheresse depuis une bonne quinzaine d'années, à dépasser le stade du gentiment alarmant, personne n'aurait pu penser que le salut viendrait à la fois du pourtant talentueux Akiva Schaffer (son Popstar: Never Stop Never Stopping était déjà une petit oasis pleine de panache dans ce désert sans fin), mais aussi et surtout d'une sorte de reboot/legacyquel d'une saga qui n'avait jamais véritablement su passer le cap des années 80 (Y'a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? était déjà bien inférieur aux deux premiers), et dont on ne donnait pas cher de la peau à l'heure de la comédie contemporaine - encore plus sans feu le grand Leslie Nielsen en vedette, dont le remplacement forcé avait tout du blasphème le plus absolu.
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Copyright 2025 Paramount Pictures / Frank Masi |
Et pourtant, en cet été plutôt chiche en rires, miracle il y a bel et bien eu lieu avec The Naked Gun (pourquoi s'emmerder ?) aka Y'a-t-il un flic pour sauver le monde ?, qui renoue avec l'essence même de la trilogie originale (oubliez le quatrième opus avec - cocorico - notre Ophélie Winter nationale) et de son pendant télévisé, Police Squad, au cœur d'une bande bourrée jusqu'à la gueule de gags loin d'être frais mais d'une générosité sans borne, qui ne se perd ni dans la révérence opportuniste ni dans un humour potacho-régressif dénué d'intelligence, et trouve joliment son propre tempo à la fois hilarant et créatif.
Résolument malin, Schaffer ne cherche jamais à totalement réinventer la popote si familière des films originaux (la formule ZAZ, qui trouvera son apogée dans le diptyque Hot Shots!), il s'inscrit pleinement dans son héritage (une intrigue sauce parodie du " mystère/crime de la semaine " avec son méchant avide de pouvoir, prétexte juste ce qu'il faut et couplé à une romance savamment extravagante) dans une sorte de cocktail à la nostalgie plus où moins exacerbée (quitte à reproduire quelques blagues faciles du passé), et aux élans contemporains savoureusement irrévérencieux (son vilain Muskien, ses personnages au machisme et au conservatisme encore plus prononcés, renforçant d'autant plus leur statut de caricatures amusées et amusantes), qui a le bon ton de ne jamais trop étirer sa prose satirique - moins de quatre-vingt-dix minutes au compteur.
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Le tout en profitant joliment de l'humour pince-sans-rire d'un Liam Neeson étonnamment fait pour le rôle du rejeton de Frank Drebin (il avait déjà dévoiler tout son potentiel comique chez Seth MacFarlane), policier aussi maladroit et déterminé que son paternel (qu'il n'imite jamais réellement, autre détail non-négligeable), aux enquêtes toutes aussi absurdes, et qui trouve en l'extraordinaire Pamela Anderson, juste en femme fatale mature, le répondant romantique parfait.
Même si certains pourront lui reprocher d'emprunter un peu trop franchement la voie de la sécurité (la seule approche intelligente et raisonnable à avoir, quand bien même il s'offre quelques écarts surréalistes), impossible de renier la réussite de ce Naked Gun 2.0, passé de potentiel étron opportuniste accouché dans la douleur par la Paramount (le projet tentait de se monter depuis une bonne dizaine d'années), à petite bouffée d'air frais dérangée et inspirée qu'on n'attendait plus au sein d'une comédie US toujours dans un piteux état.
Tout est possible à Hollywood donc, même le meilleur...
Jonathan Chevrier