[CRITIQUE] : De Gaulle
Réalisateur : Gabriel Le Bomin
Acteurs : Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet, Tim Hudson,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Biopic, Historique, Guerre.
Nationalité : Français.
Durée : 1h49min.
Synopsis :
Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement promu général, veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance.
Critique :
Peu nuancé et d'un romantisme totalement ampoulé,#DeGaulle tutoie sporadiquement du bout de la pellicule le grand film historique qu'il aurait pu/dû être, et se complaît tout du long dans une vision manichéenne et scolaire, malgré une reconstitution minutieuse et un cast impliqué pic.twitter.com/auIkRsuUFm— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 4, 2020
Dans le marasme du triomphe de Roman Polanski, car s'en est un, aussi détestable que cette réalité soit-elle, voir divers acteurs du septième art hexagonal prendre position dans une véritable guerre des tranchées entre les partisans et les " anti " Polanski, aura eu le mérite ou non, d'entâcher un brin notre appréciation des dits intervenants.
Lambert Wilson en tête, lui dont les propos, classes pour certains, proprement abjects pour d'autres (dont celui qui écrit ces mots), seront tombés à point nommé pour qu'ils vous trottent gentiment dans la tête à la vision de De Gaulle (séparer l'homme de l'artiste dirons certains... mouais), biopic ciblé plus ou moins attendu signé Gabriel Le Bomin.
Prenant ses racines sur l'événement phare de la carrière politique du bonhomme - les jours/semaines précédant l'appel du 18 juin -, soit de sa promotion en tant que général et son arrivée au gouvernement, avant son départ pour Londres, où il prononcera son fameux appel sur les ondes de la BBC.
Sur le papier, l'idée était fortement louable et promettait de canaliser le film autant sur l'homme que sur une action primordiale (mais pas dénué d'intérêt et d'opportunisme pour autant), et d'offrir sur grand écran un hommage racé et respectueux de l'une des personnalités les plus importantes de notre histoire moderne.
À l'écran, l'entreprise s'avère on ne peut plus fragile et sonne un tantinet faux, tel un semi-aveu d'échec et d'impuissance de la part d'une entreprise qui ne parvient ni à captiver l'attention, ni même à retranscrire la figure De Gaulle dans toute sa complexité, au coeur d'une intrigue scindé en deux parties distinctes - l'épopée militaire et le récit familial -, et ou son épouse Yvonne prend gentiment les commandes en matriarche/épouse aimante, qui ne remet jamais en doute sa foi indéfectible en son mari.
Sporadiquement nuancé et d'un romantisme totalement ampoulé, le film ne contredit jamais l'aura héroïque de son sujet quitte à, peut-être, embellir gentiment les faits en sanctuarisant un brin son portrait idéalisiste et humanisant d'un homme faussement maladroit mais réellement obstiné, dont le rapport aimant avec sa fille handicapée, Anne (sans doute les passages les plus sincères du métrage), sera un facteur essentielle dans son passage à l'acte et sa prise de parole salutaire.
Riche en passe d'armes plus ou moins bien emballées (celle avec Pétain en tête), magnifié par une reconstitution dont l'esthétique est on ne peut plus minutieuse - voire maniaque -, De Gaulle tutoie parfois du bout de la pellicule le grand film historique qu'il aurait pu/dû être, avant de poliment se complaire dans un regard manichéen et scolaire.
Dommage, car le casting lui, se permet quelques compositions on ne peut plus notable, que ce soit un Tim Hudson rabelaisien en diable, une Isabelle Carré touchante ou un Lambert Wilson convaincant même si sa raideur fissure bien trop souvent son jeu.
Un rôle sans doute bien trop écrasant, et un sujet qui l'était clairement tout autant, pour un biopic respectueux à défaut d'être prenant et pleinement prenant...
Jonathan Chevrier