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[CRITIQUE] : Farang


Réalisateur : Xavier Gens
Avec : Nassim LyesLoryn NounayOlivier Gourmet,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Sam est un détenu exemplaire. A quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidument sa réinsertion. Lors d'une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu'un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l'oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.



Critique :


Dans la catégorie des honnêtes faiseurs made in France qui n'ont décemment pas la popularité qu'il mérite, le sympathique Xavier Gens se pose bien-là tant l'insaisissable et généreux cinéaste à toujours su créer des œuvres se démarquant sensiblement du tout commun, quand bien même celles-ci ne furent pas forcément facile à vendre au grand public.

Passé deux premiers efforts sensiblement charcutés (le survival sous-influences Frontière(s) et l'adaptation du jeu vidéo culte Hitman, avec un Timothy Olyphant charismatique as hell, même sans cheveux), le bonhomme marquait férocement la rétine avec Divide, pur huis-clos post-apocalyptique et nihiliste fleurant bon le sang et la hargne, injustement cantonné aux bacs à DVD, avant de gentiment enfoncé le clou via Cold Skin (vrai moment de cinéma fantastique férocement lovecraftien, à la violence crue et à la lenteur ennivrante, avec feu Ray Stevenson) et Budapest (comédie potacho-bordélique à l'américaine, au trio Payet/Cohen/Mr Poulpe on fire).

Un ami de la famille quoi, bien conscient que le cinéma burné à la française se devait de reprendre ses lettres de noblesse (bien qu'il semble, il est vrai, opérer une petite renaissance ces dernières années... petite on a dit), orphelin d'un Bébel qui n'a finalement jamais vraiment été remplacé en quarante piges.
Sans doute galvanisé par sa direction de quelques épisodes sur la furieuse série Gangs of London, chapeauté par Gareth Evans, le cinéaste revient donc à la bisserie qui tâche tendance revenge movie qui frappe dur et fort, avec Farang, un vrai morceau de cinéma jouissif et furieux qui va continuellement à l'essentiel.

Copyright Thanaporn Arkmanon

L'histoire reste tout du long vissé sur Sam (un impressionnant Nassim Lyes, tout en retenue et physiquement crédible dans l'action, qui sera aussi du prochain effort du réalisateur, un film de requin du côté de Netflix), un ex-taulard plein d'espoir tout autant qu'il est trop bien conscient qu'il ne pourra jamais réellement se réinsérer au cœur d'un système qui n'a eu de cesse de le répéter, et à qui la vie ne fait décidément pas de cadeau, un homme désormais rangé qui a tout fait pour se réinsérer, pour reprendre le contrôle (le thème charnière du film) de son destin, avant qu'un énième mauvais choix - et les mauvaises fréquentations qui vont avec -, ne vienne tout remettre en cause et bousculer le peu d'existence qu'il avait su (re)construire.

S'il ne péte évidemment pas dans la soie de l'originalité (en même temps, ce n'est pas réellement ce que l'on demande à un bon revenge movie qui se respecte), s'est évidemment dans la limpidité de son exécution que la péloche tire son efficacité extrême, Gens misant intelligemment sur un enchaînement de séquences de bastons aussi brutales qu'intenses, une montée graduelle et jouissive dans la violence sans pour autant être dénué d'impact physique ou émotionnel, captés avec une lisibilité et une inventivité sans bornes, prouvant sans artifices putassiers les nobles intentions du cinéaste d'offrir un divertissement généreux (un B movie ne l'est jamais trop) à son auditoire.

Tirant pleinement parti de son pitch propice à une profusion d'ultraviolence rarement égalée dans les actionners hexagonaux, Farang incarne une séance aussi énervée que viscérale, un pur bonbon épicé dont on ressort agréablement K.O.
La petite tatanerie parfaite pour une fête du cinéma qui ne demandait qu'à être bousculée.


Jonathan Chevrier