[CRITIQUE] : Sous la Seine
Réalisateur : Xavier Gens
Avec : Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Anaïs Parello, Anne Marivin, Iñaki Lartigue,...
Distributeur : Netflix France
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Été 2024, Paris accueille pour la première fois les championnats du monde de triathlon sur la Seine. Sophia, brillante scientifique, est alertée par Mika, une jeune activiste dévouée à l’écologie, de la présence d'un grand requin dans les profondeurs du fleuve. Elles n’ont d’autre choix que de faire équipe avec Adil, commandant de la police fluviale pour éviter un bain de sang au cœur de la ville.
Critique :
Pas si loin d'un mockbuster d'Asylum qui aurait cela dit laissé une bonne partie de son fun au fond des égouts (et qui aurait piqué sa vision du militantisme écolo chez Nakache & Toledano),#SousLaSeine reste un effort suffisamment turbo-débile pour ne pas être désagréable à mirer pic.twitter.com/a4qy9EVR8O
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 5, 2024
Quoiqu'on en dise, faire un vrai mauvais film est un art froutement difficile qui demande non pas une paresse, mais bien une véritable propension à, parfois au-delà de toute volonté, empiler les mauvais choix dans une sorte de partie bigger than life de Tetris où personne ne gagne réellement, mais avec le plus parfait des alignements.
Mais même le plus assumé des nanars, et encore plus pour les amateurs de bisseries à forte tendance Z (où de gros délires Z bien gras, tout court) que nous sommes, arrive cependant à distiller cette petite odeur de souffre qui en fait son charme, et qui nous fait assez souvent supporter la vision d'une péloche qui, pour le commun des spectateurs, est un supplice sans nom.
Copyright Sofie Gheysens/Netflix |
C'est dire donc la prouesse non négligeable opérée par le pourtant honnête faiseur Xavier Gens avec Sous la Seine, film de requins catapulté au cœur de la capitale, qui se rêve sérieux mais à tout du long la gueule d'un DTV tout droit sortie du catalogue des tâcherons - parfois inspirés - opportunistes de chez The Asylum.
Tentant un temps de nous vendre fébrilement l'aspect totalement abracadabrantesque de son pitch de départ, qui joue un peu trop sur la suspension de la crédulité de son auditoire (un requin blanc ne peut pas vivre dans les eaux aussi douces que crasses de la Seine, fin de l'histoire), au moins autant qu'il renarde sur l'actualité (pensez aux J.O., avec ce requin tueur est repéré dans les eaux de la Seine, alors que se prépare une compétition internationale de nage en eau libre dans le fleuve), le film se laisse in fine totalement envahir par toutes les vagues paresseuses d'une narration bavarde et furieusement boursouflée de raccourcis et d'incohérences les plus folles, parsemée de personnages aussi peu approfondis qu'ils sont totalement plombés par des réactions contradictoires et des dialogues inconséquents - entre la récitation béate et risible, et l'exposition la plus primaire.
Mention à une Bérénice Bejo pas du tout crédible en proto-Brody/Ripley endeuillée, dont la présence au casting d'un pur film de sharksploitation, relève du plus improbable des kamoulox.
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Dommage, tant techniquement, le film tient un tant soit peu la route entre une mise en scène pas déshonorante dans l'action (c'est turbo-débile certes, mais spectaculaire quand Gens s'en donne les moyens et laisse s'exprimer ses compétences), mais aussi et surtout des VFX vraiment solide sous l'eau (un peu moins quand on quitte un brin la Seine), rendant son squale anormalement costaud bien plus chouette que les errances numériques du finlandais fou Renny Harlin (Peur Bleue, sensiblement plus généreux dans le jeu de massacre décérébrée), monstre marin qui s'en va casser une sérieuse graine en pleine capitale entre deux coups de mou d'une intrigue en dents de scie, bien aidé dans sa tâche par les décisions tout en déni d'une mairesse déglinguée, sorte d'Anne Hidalgo sauce Valérie Pecresse meets Larry Vaughn du pauvre - parce que oui, les références aux Dents de la mer sont légion.
Pas si loin sous certains points, d'un mockbuster d'Asylum qui aurait cela dit laissé une bonne partie de son fun au fin fond des égouts (excepté dans un final merveilleusement lunaire et rushé), et qui aurait piqué sa vision ahurissante du militantisme écolo du côté de chez Nakache et Toledano (et de la bienveillance policière face aux SDF, chez CNews); Sous la Seine est de ces efforts suffisamment turbo-débile pour ne pas être désagréable à mirer, quand bien même il avait tout en lui pour être plus qu'un Sharknado made in France - et un peu USA.
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Mais pas de panique, sa scène post-générique laisse planer l'idée d'une suite qui pourrait lâcher la rampe et se noyer dans sa propre eau pleine de pisse.
Allez les algorithmes, faites parler votre magie et donnez-nous ce qu'on ne demande pas, mais ce dont on a terriblement besoin : un shark movie sous coke en plein cœur de Paris, avec Statham et Bejo qui chevauchent des mégalodons sortis tout droit des catacombes.
Netflix, on garde nos abonnements juste pour ça...
Jonathan Chevrier