[CRITIQUE] : Bad Boys : Ride or Die
Réalisateurs : Adil El Arbi et Bilall Fallah
Acteurs : Will Smith, Martin Lawrence, Jacob Scipio, Rhea Seehorn, Eric Dane, Vanessa Hudgens, Alexander Ludwig,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Action, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
Cet été, la franchise Bad Boys est de retour avec son mélange iconique d'action explosive et d'humour irrévérencieux. Mais cette fois-ci, les meilleurs flics de Miami deviennent les hommes les plus recherchés d'Amérique.
Critique :
Dans la catégorie des suites que l'on attendait plus voire même, n'ayons pas peur des mots, que l'on ne voulait plus voir par peur de devoir être confronté à un opus difforme reniant autant nos attentes qu'une saga originale chérie avec amour, par un souci de sacrifice Hollywoodien jusqu'au bout des ongles (le film de trop, couplé à la franchisation à outrance qui caractérise si bien la mégalopole artistique du pays de l'oncle Sam); Bad Boys For Life se posait tout en haut de la pyramide, aux côtés du Flic de Beverly Hills 4 ou d'un hypothétique Tango & Cash 2.
Mais finalement, non sans un alignement des planètes un brin forcé (comprendre : la pression d'un Will Smith affreusement en perte de vitesse) et l'arrivée en trombe de deux jeunes cinéastes belges persuasifs mais surtout talentueux, Adil El Arbi et Bilall Fallah, le film avait trompé les lois du développement hell et enfin vu le jour, notamment aussi grâce à la plume d'un Joe Carnahan longtemps annoncé - et espéré - derrière la caméra (dont la touche se ressent férocement sur toutes les bordures de la pellicule... tout comme le style excessif de Bay).
Gentiment enlacé entre le buddy movie fort en punchlines incarné par le premier opus, et la pétarade imprévisible et jubilatoire bousculant l'architecture urbaine de Miami du second film (avec une mise en scène inventive et plutôt bien armée dans l'action), Bad Boys For Life se rapprochait plus ou moins dangereusement de la saga Fast and Furious autant dans ses thématiques (la notion de familllllliiaaaa en tête) que dans sa résolution un chouïa facile de ses aventures abracadabrantesques (défiant ici lourdement les lois de la cohérence et du bon goût, dans son souci de pardon absolu), tout en assumant ses excès de violence aussi bien que sa brutalité salvatrice et profondément old school.
Où la prouesse louable de faire cohabiter un produit adroitement marketé et un divertissement total plutôt fun, dont l'explosivité n'a d'égale que la facilité indécente qu'ont Will Smith et Martin Lawrence à retrouver leurs personnages, et à nous faire ressentir qu'ils sont beaucoup trop vieux pour ses conneries - surtout le second, qui ne se cache même pas pour le montrer.
Un petit miracle donc qui, succès oblige, n'a point été leur ultime affaire (comme l'annonçait le synopsis) et en a appelé une nouvelle : Bad Boys : Ride or Die, toujours avec les mêmes duos à la baguette (Sony/Bruckheimer, El Arbi/Fallah et Smith/Lawrence), mais une propension encore plus éhontée à rapprocher Mike Lowrey et Marcus Burnett d'un Dominic Toretto dont on ne sait plus quoi inventer, pour lui faire faire des cascades déviant la gravité et la décence.
Si Bad Boys For Life souffrait sous certains aspects, plutôt bien masqués, du syndrome de trop, Ride or Die a des métastases qui parcourent toute sa pellicule et parasitent le plaisir devenu déjà pas forcément simple, de voir Smith et Lawrence s'énerver mutuellement lors de fusillades improbablement explosives, et définitivement trop énergique pour leur bien.
Mais, comme son plus récent ainé, le souci du film ne réside pas tant dans l'enrobage de fun qu'il tente de mettre en place, tant les deux cinéastes s'avèrent toujours aussi habile - voire même encore plus ici - pour délivrer le quota minimum d'action qui envoie, mais dans la manière déglinguée en son coeur, de vouloir narrativement lier chacun des films dans une sorte de grand canevas turbo-débile façon proto-Fast Five, ou aucun des deux héros ne semblent capable d'écouter les alertes - physiques comme verbales - que la vie leur lance pour arrêter les frais et les faire empêcher de penser qu'ils sont invincibles.
Cette fois, fruit de la magie de la fée des intrigues pourries, c'est dans un souci de blanchir la réputation de leur défunt capitaine, Conrad Howard, tragiquement décédé dans Bad Boys For Life (et qui leur apparaît ici dans un message pré-mortem qui rappelle le tout aussi risible message vidéo de Randy Meeks dans Scream 3), soupçonné de corruption et engoncé dans un complot étroitement lié à une intrigue vieille de vingt ans - coucou Bad Boys II -, que les deux " Bad Boys " vont braver la loi et être assez vite (comprendre : une bonne heure bien tassée de film, sur 1h55) présentés comme des complices, les obligeant à prendre la fuite dans un Miami où ils deviennent les hommes à abattre.
Mais comme dit plus haut, mécanisme Fast and Furious-esque oblige, la saga se rêve désormais comme un tout (in)cohérent et cherche à vaguement connecter chaque film entre eux (mais avec moins de matière et de disparités que leur modèle) à coups de manigances chronologiques improbables, et les deux lascars vont devoir croiser des vieux visages du passé, et pas uniquement le gendre gimmick de Marcus, Reggie, ni le rejeton allumé de Mike, Armando - et encore moins la team AMMO, également de retour.
Le tout sublimé par des reprises sans envie du tube mythique d'Inner Circle qui a donné son titre au film, et la fausse impression à son duo vedette qu'ils étaient des super-héros à chaque fois qu'ils en prononcent - mal - les paroles.
La lassitude pointe donc, et pas qu'un peu, et fasse à un Lawrence tout en excès (sa partition pour le troisième film, en comparaison, était un apéritif), et un Smith usé qui cherche, pire encore que la majorité des Expendables, à prouver qu'il n'est pas encore bon pour la casse; la gêne est ici constante même si El Arbi et Fallah maintiennent l'illusion autant qu'ils le peuvent.
Et le duo est, clairement, le point fort de cette nouvelle suite de trop, eux qui n'ont de cesse de se montrer comme des élèves enthousiastes à la Bayhem school of chaos, heureux qu'ils sont de déployer un vrai arsenal technique et créatif pour capturer au mieux, leurs empoignades et autres gunfights.
Certes, s'ils n'ont décemment pas la retenu (vous lisez bien) de tonton Bay ni sa vista, les deux réalisateurs n'hésitent jamais à pousser les potards au maximum pour moderniser une franchise un peu trop à l'ancienne, et à ce petit jeu, conscient de ne pas pouvoir profiter de liens narratifs plus solides, ils trouvent en l'excellent Jacob Scipio (un Expendables, pas un si grand hasard), un artisan crédible de la castagne à faire briller.
Mais dans un divertissement fatigué ou ses héros deviennent fatiguants (virage casse-gueule sur lequel même L'Arme Fatale avait un poil glissé), coincés dans une franchise qui s'est mise en tête que sa mythologie ne pouvait se construire que dans un regard constant et nostalgique vers le passé (et une quantité proprement irresponsable de tirs au milieu), Bad Boys : Ride or Die ne réserve pas assez de petits plaisirs, à la différence de Bad Boys For Life, pour contrebalancer ses défauts criants.
Au train où va la saga, espérons qu'ils ne resteront pas, cinématographiquement parlant en tout cas, Bad Boys pour la vie...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Will Smith, Martin Lawrence, Jacob Scipio, Rhea Seehorn, Eric Dane, Vanessa Hudgens, Alexander Ludwig,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Action, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
Cet été, la franchise Bad Boys est de retour avec son mélange iconique d'action explosive et d'humour irrévérencieux. Mais cette fois-ci, les meilleurs flics de Miami deviennent les hommes les plus recherchés d'Amérique.
Critique :
Si le 3eme faisait illusion, #BadBoysRideOrDie confirme sans panache la Fast & Furious-isation de la saga via une suite "connectée" ou même les étudiants à la Bayhem school que sont El Arbi et Fallah, ne parviennent pas à masquer que leurs héros sont trop vieux pour ses conneries pic.twitter.com/Xtdur5kVsx
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 5, 2024
Dans la catégorie des suites que l'on attendait plus voire même, n'ayons pas peur des mots, que l'on ne voulait plus voir par peur de devoir être confronté à un opus difforme reniant autant nos attentes qu'une saga originale chérie avec amour, par un souci de sacrifice Hollywoodien jusqu'au bout des ongles (le film de trop, couplé à la franchisation à outrance qui caractérise si bien la mégalopole artistique du pays de l'oncle Sam); Bad Boys For Life se posait tout en haut de la pyramide, aux côtés du Flic de Beverly Hills 4 ou d'un hypothétique Tango & Cash 2.
Mais finalement, non sans un alignement des planètes un brin forcé (comprendre : la pression d'un Will Smith affreusement en perte de vitesse) et l'arrivée en trombe de deux jeunes cinéastes belges persuasifs mais surtout talentueux, Adil El Arbi et Bilall Fallah, le film avait trompé les lois du développement hell et enfin vu le jour, notamment aussi grâce à la plume d'un Joe Carnahan longtemps annoncé - et espéré - derrière la caméra (dont la touche se ressent férocement sur toutes les bordures de la pellicule... tout comme le style excessif de Bay).
Copyright 2024 CTMG, Inc. |
Gentiment enlacé entre le buddy movie fort en punchlines incarné par le premier opus, et la pétarade imprévisible et jubilatoire bousculant l'architecture urbaine de Miami du second film (avec une mise en scène inventive et plutôt bien armée dans l'action), Bad Boys For Life se rapprochait plus ou moins dangereusement de la saga Fast and Furious autant dans ses thématiques (la notion de familllllliiaaaa en tête) que dans sa résolution un chouïa facile de ses aventures abracadabrantesques (défiant ici lourdement les lois de la cohérence et du bon goût, dans son souci de pardon absolu), tout en assumant ses excès de violence aussi bien que sa brutalité salvatrice et profondément old school.
Où la prouesse louable de faire cohabiter un produit adroitement marketé et un divertissement total plutôt fun, dont l'explosivité n'a d'égale que la facilité indécente qu'ont Will Smith et Martin Lawrence à retrouver leurs personnages, et à nous faire ressentir qu'ils sont beaucoup trop vieux pour ses conneries - surtout le second, qui ne se cache même pas pour le montrer.
Un petit miracle donc qui, succès oblige, n'a point été leur ultime affaire (comme l'annonçait le synopsis) et en a appelé une nouvelle : Bad Boys : Ride or Die, toujours avec les mêmes duos à la baguette (Sony/Bruckheimer, El Arbi/Fallah et Smith/Lawrence), mais une propension encore plus éhontée à rapprocher Mike Lowrey et Marcus Burnett d'un Dominic Toretto dont on ne sait plus quoi inventer, pour lui faire faire des cascades déviant la gravité et la décence.
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Si Bad Boys For Life souffrait sous certains aspects, plutôt bien masqués, du syndrome de trop, Ride or Die a des métastases qui parcourent toute sa pellicule et parasitent le plaisir devenu déjà pas forcément simple, de voir Smith et Lawrence s'énerver mutuellement lors de fusillades improbablement explosives, et définitivement trop énergique pour leur bien.
Mais, comme son plus récent ainé, le souci du film ne réside pas tant dans l'enrobage de fun qu'il tente de mettre en place, tant les deux cinéastes s'avèrent toujours aussi habile - voire même encore plus ici - pour délivrer le quota minimum d'action qui envoie, mais dans la manière déglinguée en son coeur, de vouloir narrativement lier chacun des films dans une sorte de grand canevas turbo-débile façon proto-Fast Five, ou aucun des deux héros ne semblent capable d'écouter les alertes - physiques comme verbales - que la vie leur lance pour arrêter les frais et les faire empêcher de penser qu'ils sont invincibles.
Cette fois, fruit de la magie de la fée des intrigues pourries, c'est dans un souci de blanchir la réputation de leur défunt capitaine, Conrad Howard, tragiquement décédé dans Bad Boys For Life (et qui leur apparaît ici dans un message pré-mortem qui rappelle le tout aussi risible message vidéo de Randy Meeks dans Scream 3), soupçonné de corruption et engoncé dans un complot étroitement lié à une intrigue vieille de vingt ans - coucou Bad Boys II -, que les deux " Bad Boys " vont braver la loi et être assez vite (comprendre : une bonne heure bien tassée de film, sur 1h55) présentés comme des complices, les obligeant à prendre la fuite dans un Miami où ils deviennent les hommes à abattre.
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Mais comme dit plus haut, mécanisme Fast and Furious-esque oblige, la saga se rêve désormais comme un tout (in)cohérent et cherche à vaguement connecter chaque film entre eux (mais avec moins de matière et de disparités que leur modèle) à coups de manigances chronologiques improbables, et les deux lascars vont devoir croiser des vieux visages du passé, et pas uniquement le gendre gimmick de Marcus, Reggie, ni le rejeton allumé de Mike, Armando - et encore moins la team AMMO, également de retour.
Le tout sublimé par des reprises sans envie du tube mythique d'Inner Circle qui a donné son titre au film, et la fausse impression à son duo vedette qu'ils étaient des super-héros à chaque fois qu'ils en prononcent - mal - les paroles.
La lassitude pointe donc, et pas qu'un peu, et fasse à un Lawrence tout en excès (sa partition pour le troisième film, en comparaison, était un apéritif), et un Smith usé qui cherche, pire encore que la majorité des Expendables, à prouver qu'il n'est pas encore bon pour la casse; la gêne est ici constante même si El Arbi et Fallah maintiennent l'illusion autant qu'ils le peuvent.
Et le duo est, clairement, le point fort de cette nouvelle suite de trop, eux qui n'ont de cesse de se montrer comme des élèves enthousiastes à la Bayhem school of chaos, heureux qu'ils sont de déployer un vrai arsenal technique et créatif pour capturer au mieux, leurs empoignades et autres gunfights.
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Certes, s'ils n'ont décemment pas la retenu (vous lisez bien) de tonton Bay ni sa vista, les deux réalisateurs n'hésitent jamais à pousser les potards au maximum pour moderniser une franchise un peu trop à l'ancienne, et à ce petit jeu, conscient de ne pas pouvoir profiter de liens narratifs plus solides, ils trouvent en l'excellent Jacob Scipio (un Expendables, pas un si grand hasard), un artisan crédible de la castagne à faire briller.
Mais dans un divertissement fatigué ou ses héros deviennent fatiguants (virage casse-gueule sur lequel même L'Arme Fatale avait un poil glissé), coincés dans une franchise qui s'est mise en tête que sa mythologie ne pouvait se construire que dans un regard constant et nostalgique vers le passé (et une quantité proprement irresponsable de tirs au milieu), Bad Boys : Ride or Die ne réserve pas assez de petits plaisirs, à la différence de Bad Boys For Life, pour contrebalancer ses défauts criants.
Au train où va la saga, espérons qu'ils ne resteront pas, cinématographiquement parlant en tout cas, Bad Boys pour la vie...
Jonathan Chevrier