[CRITIQUE] : L'été de Jahia
Réalisateur : Olivier Meys
Acteurs : Noura Bance, Sofiia Malovatska, Céline Sallette, Audrey Kouakou,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
À 15 ans, Jahia a fui le Sahel en guerre en compagnie de sa mère. Tendue et déterminée, elle gère leur quotidien avec le sérieux d'un adulte. De son côté, Mila a quitté la Biélorussie, avec sa famille. Curieuse, insatiable, elle vit chaque jour comme une échappée belle. Cet été-là, par delà les différences, leurs solitudes se croisent. Entre elles naît une amitié rare, intense, comme une évidence dans un monde incertain. Mais le jour où Mila reçoit une obligation de quitter le territoire, ce qui semblait inébranlable menace soudain de voler en éclats.
C'est peut-être à cause d'un clivage politique mondiale de plus en plus extrême (la montée progressive de l'extrême droite n'est plus qu'une simple menace, c'est une vérité qui nous touche tous à différentes échelles), qui va évidemment de pair avec une recrudescence des conflits mondiaux comme d'une humanité passablement usée par le contexte sanitaire de ses dernières années, que la production cinématographique actuelle à une tendance prépondérante à vouloir aborder des sujets socialement pertinents, pour mieux alerter une population face à des dilemmes humains, sociaux et/ou écologiques de plus en plus préoccupant.
Sensiblement au coeur des débats, et pas uniquement du côté de la droite (tout court, extrême compris), la question des réfugiés politiques et de ses nombreuses tragédies humaines n'est pas étrangère dans notre actualité quotidienne mais aussi et surtout, au sein de la production cinéma français et même, un poil plus largement, francophone.
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Nouvelle preuve en date avec le cinquième long-métrage du cinéaste belge Olivier Meys, L'été de Jahia, double chronique adolescente vissé au plus près de l'amitié entre deux gamines (touchantes Noura Bance et Sofiia Malovatska) ayant quitté leurs nations en guerre, et qui décident de tromper l'incertitude de leur avenir dans un centre belge pour demandeurs d’asile.
Soit Jahia, qui a fui le Sahel en guerre en compagnie de sa mère et Mila, qui a elle quitté la Biélorussie avec sa famille; deux jeunes femmes dont les familles, tout comme elles, sont plongées dans l'attente comme dans l'espoir de voir leur demande d'asile aboutir, et d'ainsi tenter de reconstruire des vies jusqu'ici brisées.
S'il ne révolutionne en rien la popote familière du récit initiatique, le film fait cela dit la différence dans sa propension à capturer avec délicatesse et sensibilité la complicité naissante entre deux filles dissemblables jusque dans leur croyance d'un avenir meilleur, qui vont s'offrir une légère bulle d'oxygène à deux sans pour autant s'extirper de la dureté de leur quotidien (fusion la brutalité bureaucratique et la méthodologie d'une politique migratoire déshumanisée).
Tout n'est pas parfait, mais Meys a le bon ton de ne jamais faire bifurquer son récit là où il n'en a pas besoin, concoctant de facto l'une des chroniques adolescentes les plus douces et plaisantes à suivre de récente mémoire.
Jonathan Chevrier