[CRITIQUE] : L'Homme qui rétrécit
Réalisateur : Jan Kounen
Acteurs : Jean Dujardin, Marie-Josée Croze, Daphné Richard, Serge Swysen,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min.
Synopsis :
L’homme qui rétrécit, nouvelle adaptation du roman culte de Richard Matheson, nous entraine dans le sillage de Paul, un homme ordinaire, qui partage sa vie entre son entreprise de construction navale, sa femme Elise, et leur fille Mia. Lors d’une sortie en mer, Paul se retrouve confronté à un étrange phénomène météorologique inexpliqué. Dès lors, Paul rétrécit inexorablement, sans que la science ne puisse lui expliquer pourquoi ni lui être d’aucun secours. Quand, par accident, il se retrouve prisonnier dans sa propre cave, et alors qu’il ne mesure plus que quelques centimètres, il va devoir se battre pour survivre dans cet environnement banal devenu périlleux. Lors de cette expérience, Paul va se retrouver confronté à lui-même, à son humanité, et tentera de répondre aux grandes interrogations de l’existence.
L’homme qui rétrécit est tout à la fois un récit initiatique et un grand film d’aventure.
Il y a des genres de films qui sont plus difficiles que d'autres à produire. Ce n’est pas nouveau que le fantastique soit peu représenté dans les productions nationales. Alors, quand un projet comme ça se présente, avec en plus un gros acteur en vedette, on ne peut que se réjouir. En cette fin d’année, le réalisateur revient sur grand écran avec une nouvelle version de L’Homme qui rétrécit. Ce roman de Richard Matheson sorti en 1956 avait déjà eu le droit à une adaptation américaine en 1957 par Jack Arnold. Le film de 2025 raconte l’histoire de Paul (Jean Dujardin) qui, du jour au lendemain, se rend compte qu’il rétrécit peu à peu. Il va donc se retrouver à devoir survivre tant bien que mal dans sa maison, luttant contre insectes et animaux en tout genre.
La première chose qui saute aux yeux devant ce film est sa beauté plastique, ou du moins dans sa deuxième partie. À partir du moment où Paul est réduit à une taille de figurine, Jan Kounen fait preuve d’une grande maîtrise. C’est techniquement magnifique. On croit totalement à ce monde, et l’effet de gigantisme sur des objets du quotidien fonctionne parfaitement. À cela s’ajoute une certaine tension avec l'arrivée d’une menace arachnoïde. Cette créature omniprésente fait basculer le long-métrage dans l’horreur. Et le tout est sublimé par les musiques d’Alexandre Desplat.
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Copyright Universal Pictures |
Cette seconde moitié de L’Homme qui rétrécit est donc un succès. Cependant, il faut réussir à passer une première partie qui titube et patauge constamment dans des dialogues ridicules, une performance des acteurs aux fraises, quelques effets spéciaux douteux, et surtout une voix off d’une très grande lourdeur. Le dernier paramètre est malheureusement présent tout le long du film, expliquant à chaque instant ce que pense le personnage, et soulignant sans aucune subtilité ce que veut nous dire le film.
Lors d’une présentation de film devant les étudiants d’une école de cinéma, Jan Kounen a expliqué sa démarche derrière cet ajout. Il explique que dans la première version, cette voix off n’était pas présente. C’est après des projections test que certains spectateurs et spectatrices ont avoué ne pas avoir totalement compris ses intentions. Ils ont alors ajouté ces commentaires à plusieurs reprises pour plus expliciter le sens du film. Mais le résultat est très loin d’être concluant, et démontre juste une crainte beaucoup trop présente dans les productions actuelles : la peur que les spectateurs ne comprennent pas un film.
Il serait difficile de décrypter depuis quand cette tendance s’est répandue dans les productions contemporaines (Netflix ? Hollywood ?). Mais cela soulève une question : est-il nécessaire de comprendre parfaitement un film pour l’aimer ? Le succès historique de plusieurs productions de David Lynch par exemple tendrait à dire que non (qui peut se targuer d’avoir totalement compris Mulholland Drive dès son premier visionnage, ou sans avoir lu d’analyse ?). Il semblerait que les producteurs actuels ne soient pas totalement d’accord. Cette interrogation est un débat de plus en plus présent, et il serait bien présomptueux d’affirmer pouvoir y trouver une réponse dans cette critique. Néanmoins, pour ce qui est du dernier long de Jan Kounen, force est de constater que ça ne fonctionne pas. On a plus l’impression d’avoir quelqu’un qui raconte le roman ou commente le film en continu, ce qui est profondément insupportable.
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Tant par ses illusions de gigantisme que par sa musique, L’Homme qui rétrécit est d’une grande maîtrise esthétique. Jan Kounen explore la crise d’identité d’un adulte en perte de repères. Un programme qui aurait pu séduire si seulement les dialogues et la présence d’une voix off ne plombaient pas la narration, rendant le tout d’une très grande lourdeur.
Livio Lonardi