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[CRITIQUE] : Dracula


Réalisateur : Radu Jude
Acteurs : Adonis Tanța, Gabriel Spahiu, Oana Maria Zaharia, Lukas Miko,...
Distributeur : Météore Films
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Roumain, Autrichien, Luxembourgeois.
Durée : 2h50min.

Synopsis :
Un acteur incarnant Dracula dans un restaurant de Transylvanie s’enfuit de la représentation, poursuivi par les clients et les propriétaires désireux de tuer le « vampire ». Parallèlement, un jeune cinéaste met sa créativité à l’épreuve des possibilités illimitées d’une fausse IA, créant un mélange surprenant d’histoires diverses, d’hier et d’aujourd’hui, sur le mythe originel de Dracula.





En voilà une vérité décevante mais vraie, sur le cinéma d'un Radu Jude que l'on portait, jusqu'ici, aux nues (et de manière totalement justifiée) : Kontinental' 25, tourné en une semaine et à l'iphone, en pleine pause sur les prises de vues de Dracula, est un bien meilleur film que celui sur cette figure transylvanienne phare de la littérature comme de la pop-culture.

En une poignée de semaine, le cinéaste roumain avait été capable de croquer dans l'urgence, une odyssée tout autant féroce et absurde que minimaliste (du pur cinéma-vérité rythmé comme un documentaire) qui prenait en grippe la gentrification moderne - et sa quête incessante du profit - en la considérant comme un acte d'hostilité ouverte qui creusait toujours un peu plus le fossé entre les classes sociales.

Copyright Météore Films

Une merveilleuse et austère fable philosophique tout aussi modeste dans sa forme que profonde dans son fond, qui s'avère sensiblement supérieure à son récit fantastico-bordélique intéressant mais méchamment éreintant sur le come-back de Vlad l'Empaleur étalée sur pas moins de trois heures de bobines bien grasses.

Satire sexuelle partiellement drôle façon conte populaire grossier qui tente désespérément de renouer (mais pas queue... même pas pardon) avec l'esprit décomplexé de son Bad Luck Banging or Loony Porn, en insérant des des parties génitales dans plus de scènes qu'un vieux boulard rital des 70s, Jude s'échine à vouloir réinventer avec un regard ontologique, le mythe de Dracula à une ère de l’intelligence artificielle qu'il utilise consciemment : pourquoi pas, après tout, user d'une technologie - totalement intégrée et au coeur du projet - qui se calque de manière proprement cannibale sur l'humanité pour prospérer, en traitant une énième fois d’une figure morte qui se nourrit de l'humanité, pour continuer d'exister.

Mais trop de pénis tue le pénis, et l'intellectualisme qui caractérise fièrement le cinéma du bonhomme (sa volonté de triturer les liens entre art et technologie ne sont plus à prouver, et l'idée que la seconde puisse totalement bousculer l'existence comme la pérennité de la première, ne pouvait que le fasciner), ne parvient jamais a supplanter son penchant mignon pour une vulgarité de sale gosse provocateur beaucoup trop conscient de ses effets.

Copyright Météore Films

Si son odyssée sur le déclin culturel du monde reste néanmoins encore et toujours pertinente (même si son pessimisme conservateur est bien moins subtil que par le passé), le fait est qu'elle s'avère bien moins hilarante qu'épuisante et exaspérante, laisse un vrai arrière goût amer, la faute à un troll cinématographique qui cette fois, s'est un peu trop pris à son propre jeu.


Jonathan Chevrier