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[CRITIQUE] : Anaconda


Réalisateur : Tom Gormican
Acteurs : Paul Rudd, Jack Black, Thandiwe Newton, Steve Zahn, Selton Mello, Daniela Melchior,...
Budget : -
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Genre : Aventure, Comédie, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min

Synopsis :
CE FILM N’EST PAS UN REBOOT – mais une comédie originale inspirée de la franchise culte Anaconda.
Doug et Griff sont amis d’enfance et partagent depuis toujours un rêve un peu fou : réaliser leur propre remake de leur film préféré, le cultissime Anaconda. En pleine crise de la quarantaine, ils décident enfin de se lancer, et se retrouvent à tourner en plein cœur de l’Amazonie. Mais le rêve vire rapidement au cauchemar lorsqu’un véritable anaconda géant fait son apparition et transforme leur plateau déjà chaotique en un véritable piège mortel. Le film qu’ils meurent d’envie de faire ? Va être vraiment mortel…





C'était l'histoire d'un naufrage - on exagère à peine - annoncé avec tellement d'assurance, que même le visionnage le plus enthousiaste du monde, ne pouvait empêcher l'inéluctable.
Après tout, la question (enfin " les questions ", ne chipote pas cher lecteur, la froideur de cet hiver déjà méchamment installé, nous pousse à quelques barbarismes futiles) a l'air un brin stupide sur le papier, mais elle est pourtant essentielle : qu'attendre d'un film Anaconda en 2025, passé une franchise basée sur le succès improbable d'un premier opus à peine mémorable, pure bisserie sauce survival savoureusement régressif et constamment à la lisière du Z, porté par le cabotinage fou d'un Jon Voigt au sommet de son art (et plus terrifiant encore que la bestiole titre).

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Qu'attendre d'un divertissement qui semblait laissait son pendant horrifique de côté, pour privilégier la carte d'une comédie d'action loin d'être drôle - dans sa campagne promotionnelle, tout du moins -, avec un tandem de mercenaires Jack Black/Paul Rudd en vedette, dont les carrières sont de plus en plus marqués par des choix (très) discutables.
Pas grand chose si ce n'est rien du tout, aussi original soit son parti pris méta devenant une vraie marque de fabrique pour le réalisateur Tom Gormican et le co-scénariste Kevin Etten (derrière le pourtant chouette Un talent en or massif), à savoir incarner une sorte de production dérivée du film original, vissé sur une poignée d'irréductibles fans tentant d'en produire un remake fauché au coeur de l'Amazonie - le tout avec des caméos de la distribution du film de Luis Llosa.

Et cela tombe bien, au fond, puisque le film n'a strictement rien à offrir à son auditoire, pas même un serpent aux mises à mort turbo-débiles et jubilatoires (parce qu'il est avant tout un artifice comique, et non-horrifique), obligeant sa belle distribution à reprendre leurs rôles habituels avec un manque d'investissement criant (là où Black aurait pu renouer avec la douce folie de son personnage de Be Kind Rewind, dans la peau d'un vidéaste de mariage frustré tentant de diriger le film de sa vie avec des moyens dérisoires), au sein d'un récit autoréférentiel paresseux et bien trop étiré en longueur pour son bien, dont la propension à vouloir dégainer avec arrogance une critique bien pensée - mais sans puissance ni panache - envers une industrie Hollywoodienne usant ad vitam æternam de la culture de la nostalgie (à travers deux figures immatures voulant absolument revivre la magie de leur enfance), est d'un cynisme confondant.

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Ne procurant pas même un tiers du plaisir simple et pervers que peut distiller la partition gênante d'un Jon Voigt halluciné - et hallucinant, dans tous les sens du terme -, ni un semblant d'empathie Pattow-esque pour cet énième crise de la quarantaine/cinquantaine d'une comédie US qui en est saturée, Anaconda cuvée 2025, dont l'humour (comme une action certes pas chiche en courses-poursuites rythmées) ne masque jamais la fragilité d'une écriture qui aurait mérité d'embrasser des recoins les plus sombres (où une absurdité plus décomplexée, c'est selon), est à l'image de sa bestiole tout en CGI : douloureusement raté.
Et c'était, malheureusement, totalement prévisible...


Jonathan Chevrier