[CRITIQUE] : Qui brille au combat
Réalisatrice : Joséphine Japy
Acteurs : Mélanie Laurent, Angelina Woreth, Pierre-Yves Cardinal, Sarah Pachoud,...
Budget : -
Distributeur : Apollo Films
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Qui Brille au Combat est le sens étymologique du prénom Bertille, la plus jeune des deux sœurs de la famille Roussier, atteinte d’un handicap lourd au diagnostic incertain. La famille vit dans un équilibre fragile autour de cet enfant qui accapare les efforts et pensées de chacun, et qui pourrait perdre la vie à tout moment. Chacun se construit, vit comme il peut avec les exigences de ce rythme et les incertitudes qui l’accompagnent. Les parents, Madeleine et Gilles, la sœur aînée, Marion. Quel quotidien et quels avenirs pour une mère, un père, un couple, une adolescente que la responsabilité de sa cadette a rendu trop vite adulte ? Lorsqu’un nouveau diagnostic est posé, les cartes sont rebattues et un nouvel horizon se dessine...
Quand bien même elles n'ont, évidemment, pas la même carrière de comédiennes, la première, privilège de l'âge, ayant pu fouler beaucoup plus tôt les plateaux de quelques-unes/quelques-uns des plus grands cinéastes hexagonaux alors encore en activité (Agnès Varda, Maurice Pialat, André Téchiné, Jacques Rivette, Raymond Depardon, Claude Chabrol, Claude Lelouch où encore, plus récemment, Audrey Diwan), on peut cela dit, instinctivement, trouver de vrais points de concordance entre les premiers passages derrière la caméra de Sandrine Bonnaire et Joséphine Japy.
Toutes les deux adoubées par les festivités cannoises (La Quinzaine des cinéastes d'un côté, une Séance spéciale de l'autre), Bonnaire s'attachait à conter dès 2008 avec Elle s'appelle Sabine, à travers le prisme du documentaire, un portrait aimant comme une mise en abîme dans le quotidien difficile de sa sœur cadette Sabine, atteinte de handicap mental et tardivement diagnostiqué comme une forme d'autisme.
Le tout sous couvert d'une charge à peine masquée - et totalement légitime - envers le manque de structures d’accueil pour les personnes handicapées (toujours cruellement d'actualité, et encore plus avec une gouvernance actuelle totalement déconnectée de la réalité et des maux de la population française dans sa globalité).
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Un effort aussi bouleversant et politique qu'incroyablement sobre et digne, une ligne directrice que suit scrupuleusement Japy avec Qui brille au combat (co-écrit avec Olivier Torres), qui joue la carte de la fiction semi-autobiographique cette fois, mais nourrit par la même intimité : celle d'un drame inspiré par l'histoire vraie de sa sœur cadette, Bertille, souffrant d'une forme de handicap grave et rare, le syndrome de Phelan-McDermid.
Au plus près de la complexité comme du lent délitement de la vie familiale - certes aisée - de ses proches (et qui a, de facto, été longtemps sienne), ici dominée par une Mélanie Laurent qui honore avec élégance la résilience infinie de sa mère, la wannabe cinéaste croque un exposé authentique et dénué de tout misérabilisme putassier dans sa représentation des conflits et des malaises (sous fond de culpabilités, entre autres) comme de l'épuisement et de la charge mentale liés à la vie avec une personne aussi dépendante que peut l'être l'attachante Bertille.
Pas dénué de quelques aspérités (notamment la frange plus initiatico-émancipatrice du récit, centrée sur le propre point de vue de l'alter ego de Japy en tant que soeur aînée aimante engoncé dans une relation amoureuse toxique, qui relègue la dynamique familiale au sevond plan), tout autant que riche en jolies surprises (une mise en scène étonnamment assurée et aérienne en tête), Qui brille au combat est un solide premier effort emprunt d'authenticité et de dignité, à la fois doux-amer, juste et d'une distance salutaire.
Pas un petit baptême du feu donc.
Jonathan Chevrier







