[CRITIQUE] : Moi, ma mère et les autres
Réalisateur : Iair Said
Acteurs : Iair Said, Rita Cortese, Antonia Zegers, Juliana Gattas,...
Budget : -
Distributeur : JHR Films
Genre : Drame.
Nationalité : Argentin, Italien, Espagnol.
Durée : 1h15min
Synopsis :
David, trentenaire maladroit, en plein chagrin d'amour, doit retourner dans son Argentine natale pour assister aux funérailles de son oncle. L’occasion de renouer avec sa mère et sa famille juive, tout en se lançant dans une quête à travers Buenos Aires pour apaiser son anxiété par le biais de leçons de conduite, de soins de santé bon marché et la tentative de coucher avec tout homme qui lui accorde un peu d’attention.
On se faisait la réflexion pas plus tard qu'il y a une quinzaine de jours, avec la sortie de l'audacieux Simón de la montaña de Federico Luis : le cinéma argentin va (très) bien en ce moment (il est vrai bien aidé par le succès critique des claques estampillées El Pampero Cine, que furent La Flor de Mariano Llinás ou Trenque Lauquen de Laura Citarella), et il trouve de plus en plus son chemin dans nos salles obscures... tant mieux, non ?
Tu t'en fous un peu avoues mais nous, ça nous botte ce genre de ch'tite victoire cinéphile.
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Nouvelle preuve en date donc avec la petite bête de festival qu'est Moi, ma mère et les autres, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Iair Said (qui brigue également les casquettes de scénariste et de lead masculin), tragi-comédie dramatico-familiale piquante et purement Allenienne, tout du long vissée sur les aternoiements d'une figure mutique et égarée dans sa propre existence, trentenaire homosexuel tout en perplexité et en angoisses plurielles, notamment celles de se confronter à sa propre mortalité et de prendre l'avion.
Pas de bol, le bonhomme qui peine clairement a se remettre de sa dernière rupture en date, doit combiner les deux : traverser l'Atlantique pour renouer avec la frange juive de sa famille et les charismatiques femmes qui la font vivre, mais aussi assister aux funérailles de son oncle, avec la crainte que son père, dans le coma, passe lui aussi l'arme à gauche.
Un point de départ tragique sur le papier, mais qui sert de liant au cinéaste pour croquer une profonde connexion émotionnelle avec chacun de ses personnages, souvent capturés par le prisme de l'absurde, à l'image même d'un protagoniste principal profondément vulnérable - donc instinctivement empathique - mais aussi passablement névrotique et un poil égoïste, dont le désir sincère (mais inassouvi) de connexion à l'autre est totalement sappé par une auto-répression/sabotage presque intrinsèque qu'il s'impose, même inconsciemment.
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Abordant les notions de la solitude, de mal-être, des regrets et du deuil - familial comme amoureux - dans un cocktail à la fois tendre, pathétique et burlesque (où comment l'humour peut, souvent, être un refuge contre la douleur de l'existence), Moi, ma mère et les autres, bien que sa mécanique apparaisse gentiment familière, n'en reste pas moins modeste petit bout de cinéma chaleureux et humain sur les heurts de la vie que l'on doit tous, bon gré mal gré, surmonter.
Un premier effort pas dénué d'aspérités donc, voire peut-être un poil expéditif (soixante-quinze minutes au compteur), mais suffisamment décalé et maîtrisé pour mériter son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier