[CRITIQUE] : Vingt Dieux
Réalisatrice : Louise Courvoisier
Avec : Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret, Mathis Bernard,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Mike, obsédé par le travail, doit à contrecœur se rendre dans l'Ohio pour s'occuper de ses quatre neveux turbulents après le décès de leurs parents dans un accident de voiture.
Critique :
Est-ce l’effet de critiques acerbes envers une production très centrée narrativement sur Paris ou l’émergence de nouveaux talents qui proviennent de différentes régions ? En tout cas, il est à constater que de plus en plus de longs-métrages français s’ancrent dans un côté rural ou du moins marqué dans leur géographie avec une sincérité dans le regard qui incite au moins à la curiosité. On pense aux films d’Emma Benestan avec Fragile et Animale, aux excellents retours autour de Miséricorde et bien évidemment à ce Vingt Dieux passage de Louise Courvoisier du format court au long avec un récit de maturité plutôt surprenant.
La première chose qui frappe est l’approche de la réalisatrice dans son regard sur le Jura. On sent cette proximité qu’elle a avec sa région et sa façon de la capter dans un ancrage réel mais jamais jugeant. Il en sort une vérité émotionnelle qui exacerbe notre rapport sentimental à ce film franchement drôle mais jamais aux dépens des personnages. Ceux-ci se développent dans un rapport à l’argent qui confère de la réalité économique sans jamais diminuer le travail de ses protagonistes, en particulier un Totone attachant dans son évolution.
Comme un bon fromage a besoin de maturer, notre héros se retrouve par le drame du quotidien à devenir un homme, ce qui passe par son ambition de faire le meilleur comté mais également son rapport avec Marie-Lise. Clément Faveau et Maïwène Barthélémy se révèlent d’une grande justesse mais également touchants dans ce que leur corps apporte en sincérité ambiante, le tout explosant dans un champ contre champ si simple d’apparence mais tout bonnement solaire dans ce qu’il révèle des personnages et de leur possible avenir. Cette même sensibilité se retrouve dans le choix de cadres qui apportent en affect sans tomber dans un extrême absolu.
Vingt Dieux se fait alors très joli premier film, rempli d’affection pour ses personnages et son environnement au point d’en transpirer de l’écran. Tantôt drôle, tantôt touchant, c’est un long-métrage sincère qui rappelle une réalité rurale sans tomber dans du cliché, bien aidé en cela par le talent derrière la caméra de Louise Courvoisier. Cela fait donc plaisir de découvrir pareil portrait sur grand écran avec autant de subtilité pour viser directement en plein cœur avec une justesse cinématographique toujours rafraîchissante dans le paysage français.
Liam Debruel
Au-delà des évasions légères de Cédric Klapisch ou des quelques simili-comédies potaches directement inspirées/pompées du côté du cinéma ricain, on ne peut pas réellement dire que le septième art hexagonal c'était montré sensiblement habile dans ses incursions au cœur d'un teen/coming-of-age movie (avec des adolescents comme des jeunes adultes), dominé de la tête et des épaules par nos camarades de l'autre côté de la Manche et de l'Atlantique.
Reste que quelques irréductibles gaulois ont tentés avec brio, de corriger le tir avec des péloches hautement recommandables : on pense instinctivement, sur la dernière décennie, à Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona, à À l'Abordage de Guillaume Brac, au magnifique Falcon Lake de Charlotte Le Bon où encore à Les Météorites de Romain Laguna et à Super-Bourrés de Bastien Milheau.
C'est un brin dans cette voie, moins dans une exploration américanisée du genre que dans une affirmation drôle et fière de son identité française (comme toute bonne comédie régionale qui se respecte), que s'immisce le premier - et très charmant - long-métrage de la wannabe cinéaste Louise Courvoisier, Vingt Dieux, qui transpire de tous ses pores la sympathie idiosyncratique de la région du Jura, vissé qu'il est sur les atermoiements d'un jeune homme charismatique et fragile à la fois, Totone, un temps insouciant face à son avenir jusqu'à ce que la mort subite de son père, l'oblige à repenser sa vie mais surtout à prendre soin de sa sœur Claire, sept ans au compteur.
Porté par une énergie certes naïve mais essentielle, il reprend la fromagerie traditionnelle familiale et se persuade assez vite qu'il peut fabriquer le meilleur comté de la région et remporter ainsi le prix de 30 000 € décerné lors d'un concours régional...
D'une façon résolument subtile, la cinéaste établit un parallèle assez évident entre le processus de maturation du fromage, et la propre croissance de ce gamin qui se fait homme par la force des choses, dont la maturité et le sens des responsabilités (et même les prémisses d'un premier amour) naîtront d'eux-mêmes à travers les événements qui nourrissent une narration plus où moins cousue de fil blanc mais à la sincérité difficilement discutable, notamment dans sa manière de penser ses jeunes protagonistes comme un groupe soudé, qui se soutient continuellement face à l'adversité, qui se poussent mutuellement vers l'avant.
Mais même si, au fond, rien n'est véritablement fait pour que cela pète plus que de raison dans la soie de l'originalité (son regard humoristico-dramatique sur les réalités sociales locales, sont clairement dans l'ombre de ce qu'offre Ken Loach de l'autre côté de la Manche), qu'importe, la séduction est totale et Louise Courvoisier, évidemment consciente que son écriture roule un peu trop sur du velours, vient dynamiter l'aspect traditionnel de son premier effort à l'esthétique naturaliste par un esprit presque westernien dans ses cadres (Loach again), elle qui a le bon ton d'ailleurs de laisser ses comédiens - tous non-professionnels, ce qui renforce d'autant plus son exploit - le rythme de l'histoire, à coups de plans-séquences bien sentis venant épouser le souci de naturel (jamais forcé) ambiant.
Cocasse, tendre et mélancolique dans son portrait de la jeunesse rurale du Jura, Vingt Dieux se fait un coming-of-age movie emballé et emballant, imprégné de l'énergie comme de la vulnérabilité de ses jeunes protagonistes, mais aussi et surtout de l'amour de toute une région.
Les débuts prometteurs d'une jeune cinéaste appelée à comté (même pas pardon)...
Jonathan Chevrier
Avec : Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret, Mathis Bernard,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Mike, obsédé par le travail, doit à contrecœur se rendre dans l'Ohio pour s'occuper de ses quatre neveux turbulents après le décès de leurs parents dans un accident de voiture.
Critique :
#VingtDieux se fait très joli premier long-métrage, rempli d’affection pour ses personnages et son environnement. Tantôt drôle, tantôt touchant, c’est un film sincère qui rappelle une réalité rurale sans tomber dans les clichés. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/FVDtLr6FN3
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 1, 2024
Est-ce l’effet de critiques acerbes envers une production très centrée narrativement sur Paris ou l’émergence de nouveaux talents qui proviennent de différentes régions ? En tout cas, il est à constater que de plus en plus de longs-métrages français s’ancrent dans un côté rural ou du moins marqué dans leur géographie avec une sincérité dans le regard qui incite au moins à la curiosité. On pense aux films d’Emma Benestan avec Fragile et Animale, aux excellents retours autour de Miséricorde et bien évidemment à ce Vingt Dieux passage de Louise Courvoisier du format court au long avec un récit de maturité plutôt surprenant.
Copyright Les Films du Losange |
La première chose qui frappe est l’approche de la réalisatrice dans son regard sur le Jura. On sent cette proximité qu’elle a avec sa région et sa façon de la capter dans un ancrage réel mais jamais jugeant. Il en sort une vérité émotionnelle qui exacerbe notre rapport sentimental à ce film franchement drôle mais jamais aux dépens des personnages. Ceux-ci se développent dans un rapport à l’argent qui confère de la réalité économique sans jamais diminuer le travail de ses protagonistes, en particulier un Totone attachant dans son évolution.
Comme un bon fromage a besoin de maturer, notre héros se retrouve par le drame du quotidien à devenir un homme, ce qui passe par son ambition de faire le meilleur comté mais également son rapport avec Marie-Lise. Clément Faveau et Maïwène Barthélémy se révèlent d’une grande justesse mais également touchants dans ce que leur corps apporte en sincérité ambiante, le tout explosant dans un champ contre champ si simple d’apparence mais tout bonnement solaire dans ce qu’il révèle des personnages et de leur possible avenir. Cette même sensibilité se retrouve dans le choix de cadres qui apportent en affect sans tomber dans un extrême absolu.
Copyright Les Films du Losange |
Vingt Dieux se fait alors très joli premier film, rempli d’affection pour ses personnages et son environnement au point d’en transpirer de l’écran. Tantôt drôle, tantôt touchant, c’est un long-métrage sincère qui rappelle une réalité rurale sans tomber dans du cliché, bien aidé en cela par le talent derrière la caméra de Louise Courvoisier. Cela fait donc plaisir de découvrir pareil portrait sur grand écran avec autant de subtilité pour viser directement en plein cœur avec une justesse cinématographique toujours rafraîchissante dans le paysage français.
Liam Debruel
Copyright Pyramide Distribution |
Au-delà des évasions légères de Cédric Klapisch ou des quelques simili-comédies potaches directement inspirées/pompées du côté du cinéma ricain, on ne peut pas réellement dire que le septième art hexagonal c'était montré sensiblement habile dans ses incursions au cœur d'un teen/coming-of-age movie (avec des adolescents comme des jeunes adultes), dominé de la tête et des épaules par nos camarades de l'autre côté de la Manche et de l'Atlantique.
Copyright Les Films du Losange |
Reste que quelques irréductibles gaulois ont tentés avec brio, de corriger le tir avec des péloches hautement recommandables : on pense instinctivement, sur la dernière décennie, à Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona, à À l'Abordage de Guillaume Brac, au magnifique Falcon Lake de Charlotte Le Bon où encore à Les Météorites de Romain Laguna et à Super-Bourrés de Bastien Milheau.
C'est un brin dans cette voie, moins dans une exploration américanisée du genre que dans une affirmation drôle et fière de son identité française (comme toute bonne comédie régionale qui se respecte), que s'immisce le premier - et très charmant - long-métrage de la wannabe cinéaste Louise Courvoisier, Vingt Dieux, qui transpire de tous ses pores la sympathie idiosyncratique de la région du Jura, vissé qu'il est sur les atermoiements d'un jeune homme charismatique et fragile à la fois, Totone, un temps insouciant face à son avenir jusqu'à ce que la mort subite de son père, l'oblige à repenser sa vie mais surtout à prendre soin de sa sœur Claire, sept ans au compteur.
Porté par une énergie certes naïve mais essentielle, il reprend la fromagerie traditionnelle familiale et se persuade assez vite qu'il peut fabriquer le meilleur comté de la région et remporter ainsi le prix de 30 000 € décerné lors d'un concours régional...
Copyright Les Films du Losange |
D'une façon résolument subtile, la cinéaste établit un parallèle assez évident entre le processus de maturation du fromage, et la propre croissance de ce gamin qui se fait homme par la force des choses, dont la maturité et le sens des responsabilités (et même les prémisses d'un premier amour) naîtront d'eux-mêmes à travers les événements qui nourrissent une narration plus où moins cousue de fil blanc mais à la sincérité difficilement discutable, notamment dans sa manière de penser ses jeunes protagonistes comme un groupe soudé, qui se soutient continuellement face à l'adversité, qui se poussent mutuellement vers l'avant.
Mais même si, au fond, rien n'est véritablement fait pour que cela pète plus que de raison dans la soie de l'originalité (son regard humoristico-dramatique sur les réalités sociales locales, sont clairement dans l'ombre de ce qu'offre Ken Loach de l'autre côté de la Manche), qu'importe, la séduction est totale et Louise Courvoisier, évidemment consciente que son écriture roule un peu trop sur du velours, vient dynamiter l'aspect traditionnel de son premier effort à l'esthétique naturaliste par un esprit presque westernien dans ses cadres (Loach again), elle qui a le bon ton d'ailleurs de laisser ses comédiens - tous non-professionnels, ce qui renforce d'autant plus son exploit - le rythme de l'histoire, à coups de plans-séquences bien sentis venant épouser le souci de naturel (jamais forcé) ambiant.
Copyright Les Films du Losange |
Cocasse, tendre et mélancolique dans son portrait de la jeunesse rurale du Jura, Vingt Dieux se fait un coming-of-age movie emballé et emballant, imprégné de l'énergie comme de la vulnérabilité de ses jeunes protagonistes, mais aussi et surtout de l'amour de toute une région.
Les débuts prometteurs d'une jeune cinéaste appelée à comté (même pas pardon)...
Jonathan Chevrier